Le cinéma français vit dans une grande misère artistique.
Il reçoit plus de la moitié de ses revenus de l'Etat, d'une manière directe ou indirecte, et ce depuis des décennies.
Ca finit évidemment par se voir à l'écran. Bien souvent, quand on voit un film français, on a l'impression d'assister à un sketch «les subventionnés parlent aux fonctionnaires».
Si l'on jugeait la composition du public uniquement par les cibles du cinéma français, on en viendrait à penser que seuls les enseignants, les sociologues, les psychologues et les assistantes sociales vont au cinéma.
Les films sont pleins soit de bobos qui se tirlipotent le schmilblick soit de miséreux victimes de la société.
Pour le cinéma français, entre les deux, rien.
C'est normal, entre les deux, c'est justement là qu'il y a l'essentiel des Français qui sont obligés de payer des impots pour ces conneries qu'ils ne regardent pas. Mais comme ce ne sont pas eux qui décident où va l'argent qu'on leur vole mais les bobos et leurs dépendances, on drague les bobos et leurs préjugés.
Je regardais récemment Un singe en Hiver. J'imagine la moue de dégoût d'un bobo face à un tel film : c'est d'un franchouillard, pas un «divers», pas une ode au métissage, pas une seule malheureuse victime de l'ultra-libéralisme mondialisé, même pas une histoire de culs, de coucheries et de cornards psychanalysés comme en raffolent nos bobos, et, à la place, un peu d'affreux colonialisme à la papa.
Mais vous savez quoi ? Ca vaut tous les films de Desplechin, d'Audiard fils et de leurs copains.
Et pour mettre Belmondo à la hauteur de Gabin :
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Le succès du cinéma américain en France et en Europe, s'explique, non seulement par sa meilleure qualité, mais encore par sa fidélité plus grande à la réalité.
RépondreSupprimerL'« exotisme » du cinéma américain permet par exemple à un film comme Gran Torino d'être un succès, alors que, réalisé par un Français, il aurait été la cible d'une campagne nationale de diabolisation. En fin de compte, le cinéma américain ne fait que remplir un manque du public français, que l'« exception culturelle » française empêche au cinéma français de combler. Seule solution : la suppression de tout financement public du cinéma. La renaissance du cinéma français n'est donc pas pour demain, quand on voit le tollé que cela ne manquerait pas de provoquer...
Erratum : « quand on voit le tollé que cela ne manquerait pas de provoquer... » --> « si on pense au tollé que cela ne manquerait pas de provoquer... ».
RépondreSupprimerVous vous souvenez peut-être, il y a quelques années, d'une campagne "publicitaire" au cinéma (payée par votre pognon), en faveur des pauvres zintermittents de l'intelligence -- euh, du spectacle.
RépondreSupprimerAvant le vrai film, on était soumis pendant plusieurs semaines, même dans les salles dépourvues de publicité, à une saynète mussolinienne décrivant l'horreur qui nous menacerait si jamais l'on cessait de payer ces incapables à ne rien faire.
Le brillant scénario de ce "court-métrage" montrait un plateau de cinéma, où chacun des membres de l'équipe se barrait à tour de rôle, chassé par l'implacable avidité ultra-libérale. Et la récitante disait un truc du genre : imaginez un monde sans cadreur... sans éclairagiste... sans maquilleuse...
A la fin, tous ces parasites étant partis, il ne restait face à la caméra que la récitante, supposée incarner l'actrice : une pauvre fille moche... mal fringuée... l'air casse-couilles au possible... qui était censée nous convaincre de l'imminent désastre que cela représenterait, si jamais elle et ses potes disparaissaient du paysage, ce qui entraînerait, bien entendu, la disparition du cinéma.
Il y eut, dans la salle, une ruine du Quartier latin peuplée de trois tondus, un connard suffisamment lâche pour profiter de l'obscurité -- et applaudir.
Puis, enfin, le vrai film commença. Un chef-d'eouvre de Pasolini. En noir et blanc. Garanti à 100 % sans intermittents du spectacle.
Oui, Robert, c'est aux grèves des intermittents que j'ai pensé en parlant du tollé à attendre...
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