Sur Ilys, on parle de «gardiens de vache diplômés».
Depuis que quelques années que je tiens un blog, je suis effaré du nombre de commentateurs qui ont visiblement fait des études mais sont incapables de raisonner droit. On a des têtes remplies, d'ailleurs bien souvent d'un bordel innommable et inutile, mais très mal faites. Bref, des ânes savants, et vaniteux en plus.
La cause n'est pas à en chercher bien loin : le tabou démagogique de la sélection. On laisse poursuivre des études et se remplir la tête des gens qui seront incapables d'en faire bon usage.
Ce problème de l'inflation scolaire a été maintes fois analysé, mais personne n'ose s'y attaquer.
En attendant, nous sommes envahis d'une espèce qui pousse comme le chiendent : les demi-savants demi-habiles (1).
Le crâne assez bourré pour avoir perdu tout bon sens populaire, ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre leurs limites et se montrer modestes et prudents. Ils nous soulent de leurs discours, nous assènent leurs certitudes et nous assomment de leur pédanterie.
Ce sont des gibiers idéaux de propagande et d'endoctrinement, prêts à mettre la force de leur vanité au service d'une idée qu'on leur aura prémâchée, qu'on aura abaissée pour la mettre à leur portée. Il leur aura cependant fallu faire un effort pour l'absorber, car plus on a fait d'effort pour comprendre une idée plus on est ferré, plus on aura de mal à y renoncer.
On retrouve les idées de Jacques Ellul : pour qu'un peuple soit pleinement réceptif et vulnérable à la propagande, il faut qu'il ait atteint un niveau d'éducation conséquent.
Par exemple, il ne faut pas chercher plus loin que la masse des demi-savants pour expliquer le succès du réchauffisme.
Et dans ce monde où tous se croient intelligents, c'est encore plus dangereux de l'être vraiment, car on dégonfle les baudruches, fort nombreuses. Et elles se vengent.
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(1) : «L’attitude des sujets est présentée dans le chapitre « Raison des effets » des Pensées. Pascal [selon Blaise Pascal -quel dommage qu'on ait si peu progressé en sagesse depuis 1660] distingue cinq catégories, selon une gradation ascendante. Au bas de l’échelle se trouve le peuple. En général, il n’entend guère finesse en politique : il croit fermement que les lois de son pays sont essentiellement justes (en général il n’en connaît pas d’autres), et que les « personnes de grande naissance » sont d’un caractère véritablement supérieur à la masse. Il est naïf au sens exact du mot, c’est-à-dire qu’il ne fait pas de différence entre les apparences et la réalité effective
Au second degré, les demi-habiles sont des « esprits déniaisés », qui ont compris qu’entre être et paraître il n’y a pas de liaison nécessaire. Persuadés que « la naissance n’est pas un avantage de la personne mais du hasard » (ce en quoi ils ont raison), ils refusent d’honorer les grands, et sont aussi portés à contester les lois établies, au nom de lois plus justes, les lois primitives et fondamentales de l’Etat, ou plutôt celles qu’ils imaginent telles : ce sont eux qui fomentent des révoltes pour renverser l’ordre politique et social. Mais ils ne sont qu’à moitié habiles, parce qu’ils ne voient qu’un côté du problème : ils ignorent ou ne veulent pas savoir que ces lois qu’ils veulent établir sont tout aussi arbitraires que celles qu’ils veulent supprimer ; et lorsqu’ils en établissent de nouvelles, le gain est la plupart du temps loin d’être évident, parce que la réalité ne se plie pas à leur fantaisie. Bref « ils jugent mal de tout », alors qu’au fond le peuple qu’ils méprisent (ceux qui prétendent guider le peuple ont pour lui le plus profond mépris dès qu’il ne suit pas leurs idées) en juge mieux, parce que son illusion sur la nature des lois préserve la paix.
Le troisième degré est celui des habiles, qui ont en commun avec les demi-habiles de savoir que les lois sont vides de justice effective, et les princes de grandeur naturelle. Mais ils savent reconnaître la force qui soutient les institutions : les demi-habiles ont beau dire qu’on n’a pas à saluer « un homme vêtu de brocatelle, et suivi de sept ou huit laquais. Eh, quoi ! Il me fera donner les étrivières, si je ne le salue. Cet habit, c’est une force » (L.89, S.123), à laquelle convient un respect extérieur. Cette concession d’établissement a l’avantage de prévenir les séditions. L’habile parle donc comme le peuple, mais par intérêt bien compris.
Quatrième degré : les dévots, des demi-habiles chrétiens, qui ont « plus de zèle que de science » (L.90, S.124). Ils méprisent les grands et sont souvent fauteurs de troubles religieux.
Enfin, au dernier degré, viennent les « Chrétiens parfaits », des habiles auxquels la foi donne une lumière supérieure : ils savent ce que valent réellement les princes et les lois ; ils leur accordent les mêmes respects que les habiles, avec cette différence qu’ils ne le font pas par intérêt, voire par égoïsme, mais parce que c’est l’ordre de Dieu qui a établi ces puissances humaines.
On reproche parfois à Pascal l’audace de sa pensée politique, qui peut le rapprocher parfois de Hobbes, mais aussi un certain conservatisme, à cause de la critique radicale qu’il oppose à la tentation révolutionnaire. Le fondement de sa doctrine est d’origine théologique : c’est parce que l’Etat a pour fin l’organisation pacifique des concupiscences que l’homme n’a pas intérêt, selon Pascal, à vouloir réaliser sur terre une société parfaite : ce serait prendre la cité terrestre pour la cité de Dieu, confusion qui conduit nécessairement tout droit à la catastrophe. Pascal aurait d’ailleurs la même hostilité envers les fanatiques qui tendraient à établir un pouvoir religieux pour faire ici-bas le salut des sujets dans l’au-delà : ce ne serait qu’une autre manière de chercher à obtenir par une voie ce qui ne peut s’obtenir que par une autre, c’est-à-dire une tyrannie. La politique de Pascal se résume au refus de la tyrannie dans un monde pourtant dominé par la concupiscence. »
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Franck, pourriez-vous avoir la gentillesse de m'indiquer les références de l'ouvrage de J. Ellul que vous évoquez? Merci par avance et félicitations pour votre texte!
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerIl me semble qu'il y a une certaine contradiction dans vos propos.
Vous fustigez en effet "ces gardiens de vaches diplômés", expression savoureuse j'en conviens, en arguant que la masse de connaissances qu'ils ont acquise sans ordre ni mode d'emploi les a privé de tout "bon sens populaire". Et que c'est là qu'est la cause de leur carence intellectuelle.
Or, vous citez comme exemple de conséquence désastreuse la domination de la thèse réchauffiste. C'est ici qu'il y a contradiction ! Le bon sens populaire, c'est le bon sens du citoyen lambda, qui mène sa vie comme il le peut en s'intéressant aux questions de société comme le climat avec le peu de temps et de connaissances dont il dispose. Et que croyez-vous que cette personne va mener comme réflexion ? Elle se dira, bon sens oblige, qu'elle n'est pas compétente pour examiner des documents techniques. Elle va donc d’abord constater que le GIEC est un organisme composé de savants climatologues. Puis que ces savants viennent de nombreux pays et que c'est a priori un gage d'indépendance. Et enfin, elle pensera que si ces 2000 personnes qualifiées disent que le climat se réchauffe à cause de l'Homme, c'est que c'est vrai. Qui est-elle pour dire le contraire ? Tout cela n’est que pur bon sens... quand on ne sait pas on se tait et on se renseigne. Et on tombe sur le GIEC. Vous allez me dire qu’il ne faut pas s’arrêter au GIEC qu’il faut chercher d’autres sources d’information. Certes. Mais là c’est autre chose que du bon sens. J’y reviendrai.
Bref, le "bon sens populaire" n'est qu'une ébauche de raisonnement, un point de départ, un premier jet, basé sur une ou deux observations évidentes et sur très peu de sources documentaires. Il est pauvre en argumentation, c'est une idée qui n'a pas été creusé, voir un préjugé. Quelques exemples récents :
-> Le bon sens nous dit que les traders sont les premiers responsables de la crise puisque c'est eux qui gèrent les milliards de leurs banques.
-> Le bon sens veut que coucher avec une mineure de 13 ans mérite une punition exemplaire, qu'il n'y a aucune question à se poser sur le déroulement de l’affaire même si on a arrêté M. Polanski 30 ans après les faits alors que les occasions n'ont pas manqué avant.
Vous confondez ce "bon sens populaire" avec l'esprit critique. Et celui là s'acquiert et s'exerce, par exemple en travaillant pour obtenir ces fameux diplômes que vous n'avez pas l'air de respecter beaucoup. En tout cas, et là je parle pour moi, si je n'avais pas fait les études qui j'ai faites je n'aurai pas pu suivre Vincent Courtillot pendant 1h30 (le bon sens ne vous dira pas ce que "adiabatique", "barre d'erreur" et "cohérence" signifient) ou bien passer des heures sur pensee-unique.fr ou dans les documents du GIEC.
En conclusion, je pense avoir compris votre message, celui bien connu mais souvent ignoré que la tête bien faite vaut plus que la tête bien pleine. Mais votre analyse est un peu courte, et un peu agressive. A vous lire, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a de la jalousie derrière elle. C'est en tout cas le sentiment que cela me donne, à tort ou à raison.
DD,
RépondreSupprimerPropagandes, tout simplement.
Cher Centriste,
Je constate que vous ne comprenez rien au bon sens !
Le bon sens à propos du réchauffisme, je l'ai entendu formulé ainsi :
> le climat a toujours varié.
> il faudrait montrer qu'un réchauffement est néfaste. Moi je croyais que quand il faisait plus chaud, c'était mieux. Pour les hommes, pour les plantes.
Le bon sens populaire peut se tromper mais moins que les demi-savants, car il a en générale l'avantage d'être confronté aux faits et non à d'autres théories.
Merci ;)) Un de ceux que je n'ai pas encore lu! Il va falloir que je m'y mette... encore un de plus...
RépondreSupprimerTiens, Franck à propos d'intelligence peut-être avez-vous lu ceci?
RépondreSupprimerdévaluation de l'euro
Franck,
RépondreSupprimerje suis un peu surpris de vos propos qui ne collent pas avec votre habituel constat sur l'EN : non, les diplômés n'ont pas des têtes bien remplies et mal faites. Les réformes pédagogistes que vous fustigez si bien habituellement produisent des têtes mal faites mais aussi bien vides. Pour le coup vous cautionnez tout le renoncement de l'EN à instruire.
Vous parlez de gens qui ont fait des études et qui sont incapables de raisonner droit. C'est amusant, parce que, tout de suite, j'ai pensé aux profs : vous savez, beaucoup sont exactement comme ça. D'ailleurs ils croient tout ce qu'on raconte à la télé (la crise c'est la crise du capitalisme, l'activité humaine provoque le réchauffement climatique, les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, etc.). Toutes ces fadaises sont avalées sans sourciller. Et, en plus, leur idéologie leur ôte à la fois tout bon sens et tout esprit critique.
«des têtes bien remplies»
RépondreSupprimerJ'ai écrit :
«des têtes remplies, d'ailleurs bien souvent d'un bordel innommable et inutile»
Vous prenez ça pour un compliment ?
Cher Pedro, évitez les généralités sur les "prof" ;)) Il en existe aussi - même s'ils sont une minorité, j'en conviens - qui ne pense pas "politiquement correct" et sont absolument critiques vis à vis du vide intersidéral qui sévit à l'intérieur de l'EN...
RépondreSupprimer«Il en existe aussi - même s'ils sont une minorité, j'en conviens - qui ne pense pas "politiquement correct" et sont absolument critiques vis à vis du vide intersidéral qui sévit à l'intérieur de l'EN...»
RépondreSupprimerVous les reconnaîtrez facilement : ils portent un masque blanc, sont armés d'une tronçonneuse et hurlent «L'heure de la vengeance a sonné : IUFM, remédiation, élève au centre du système, accrochez vous ! J'arrive !»
Merci Franck mais je ne pensais pas à ceux que fustige en boucle JPB ;))
RépondreSupprimerDieu merci, il en existe encore quelques-uns qui n'ont pas oublié le "cogito ergo sum" d'un certain auteur français du 17è siècle...
Hum... dans ce cas vous avez eu la chance d'être confronté à un bon sens populaire très évolué, celui que je vois couramment est tel que je vous l'ai décrit : "je ne sais pas, mais des experts qui ne sont pas des politiques disent que, donc c'est vrai" ! Et c'est bien du bon sens que de faire confiance au boulanger pour faire du pain, au médecin pour diagnostiquer une maladie, au climatologue pour prévoir le climat et si les conséquences seront bonnes ou mauvaises. Je ne peux pas en vouloir à quelqu'un de penser ainsi, dés lors qu'il est ouvert aux d'autres points de vue, même si ça m'exaspère autant que vous d'entendre toujours les même âneries réchauffistes !
RépondreSupprimer@ dd2007,
RépondreSupprimerje pense qu'on peut malgré tout généraliser sur les profs, d'une part parce que la pensée unique rôde vraiment en salle des profs ("tous" pensent que le libéralisme c'est mal, "tous" pensent que les problèmes de l'EN résident dans un manque de moyens, "tous" pensent qu'il y a un réchauffement pour une cause anthropique (y compris, et avec véhémence, les profs de SVT - et leurs inspecteurs - ; j'ai même vu des profs proposer d'emmener leurs élèves de 6ème au cinéma voir le "syndrôme du titanic" de Hulot), etc.).
Ensuite parce que les quelques profs qui ne pensent pas la même chose sont ostracisés (et Franck, quand vous dites des demi-habiles "ceux qui prétendent guider le peuple ont pour lui le plus profond mépris dès qu’il ne suit pas leurs idées", on ne saurait mieux parler des délégués syndicaux qui vouent une haine étonnante à ceux qui ne pensent pas comme eux) et ne sont pas représentés dans les CA des établissements ni dans les syndicats et donc ils ne sont jamais des interlocuteurs.
Cela dit je rejoins le Centriste Résigné quant au bon sens vis à vis du climat : s'en remettre au GIEC c'est du bon sens. Déminer le GIEC c'est commencer à explorer la boîte noire. Même si entendre Al Gore asséner son "consensus" met la puce à l'oreille (= éveille le sens critique). C'est paradoxalement la vision de la "Vérité qui dérange" (dont je suis sorti sidéré des bêtises racontées) qui m'a convaincu du mal-fondé des thèses réchauffistes.
Emission sur France Culture : une beurette qui a réussi revient dans sa classe en banlieue pour leur expliquer que, eux aussi, s'ils veulent...
RépondreSupprimerElle a décroché un doctorat en chimie en Angleterre. Du lourd, donc.
Un peu naïvement, elle explique qu'à l'école, elle comprenait vite, mais il fallait lui expliquer longtemps. Je posais cinq fois de suite la même question au prof, dit-elle, jusqu'à ce que je comprenne. Je ralentissais les autres. C'est dit avec la jubilation d'une gamine teigneuse, une espèce de joie mauvaise.
Confirmation, donc, du fait que l'immigration fait baisser le niveau scolaire. Mais c'est raciste de le dire.
L'Angleterre, c'est super. On s'occupe de vous. Quand on vous remet votre diplôme, il y a une grande cérémonie. Une dizaine de personnes différentes qui vous serrent la main pour vous féliciter, les unes après les autres. Moi, j'avais une robe de telle et telle couleur. En fait, j'aurais préféré une grande robe noire, comme on voit dans les films, mais bon.
On dirait une gamine de douze ans à son anniversaire. Docteur en chimie. Elle vient montrer l'exemple aux "défavorisés" de banlieue.
Elle fait faire une expérience de chimie à la classe, histoire de montrer comme c'est beau, la chimie. Chromatographie machin. Vous savez ce que c'est, la chromatographie ? Alors voilà. On a un médicament blabla (ici le nom du médicament)... fabriqué par la firme bloublou (elle prononce le nom à l'anglaise, en appuyant bien dessus... on comprend tout de suite que c'est le sponsor de la matinée... qu'elle doit bien citer le nom...), et on cherche à savoir ce qu'il y a comme éléments dedans.
Je vous donne du machin, du truc et du bidule (les composants chimiques). Ca va faire des taches, et comme ça on va trouver ce qu'il y a dans le bloublou (re-sponsor).
Voilà, c'était à peu près ça, l'explication du principe de la chromatographie, à une classe de lycéens, par un docteur en chimie. Pour leur donner envie de faire des études scientifiques.
Elle parle vite, en avalant ses mots, avec l'accent banlieue. On a l'impression d'entendre une adolescente de la zone. Elle prononce des mots techniques à toute vitesse, sans les expliquer, des mots que les élèves n'ont jamais entendu de leur vie.
La journaliste lui demande le sujet de sa thèse. Elle le cite en anglais. Incapable de traduire dans sa tête, en direct, à l'intention d'un auditoire français, l'intitulé d'un travail sur lequel elle a passé des années.
Il suffisait de l'entendre pour toucher du doigt la réalité de l'effondrement intellectuel de l'Europe. De l'africanisation de la France.
Le préfet Girot de Langlade avait raison, bien sûr. C'est pourquoi il était si urgent de le faire taire.
Quelle idée d'écouter France Culture !
RépondreSupprimerNotre prof de maths de Math Sup nous répétait de nous cultiver parce qu'entre ingénieurs nous ne parlerions pas que de technique. Le pauvre rêveur !
Il faut dire que la GB est à l'avant-garde de toutes les conneries bien-pensantes.
Le rapprochement que vous faites avec les demi-savants demi-habiles des Pensées est très bienvenu. Non seulement, ils sont "déniaisés", mais le capharnaüm d'idées qui leur a été déversé sur la tête est en permanence entretenu par le brouhaha médiatique. Et c'est vrai que leur enthousiasme à se démarquer du "peuple" en fait un vrai gibier de propagande.
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