La bataille de la RC4 est une tragédie comme il y en a peu dans l'histoire de France, pourtant riche en défaites. Les journaux de l'époque l'ont comparée à la mort de Montcalm devant Québec en 1759.
Environ 20 % des pertes françaises de la guerre d'Indochine qui a duré 9 ans ont eu lieu dans les deux semaines de la bataille de la RC4.
La stratégie : les communistes ont pris le pouvoir en Chine et aident abondamment le Viet Minh. La RC4, de Lang Son à Cao Bang, longe la frontière avec la Chine et est très difficile à défendre, du fait d'une géographie tourmentée qui permet de monter des embusacades tous les dix kilomètres. En revanche, les points d'appui de cette route, situés sur des pitons, sont imprenables si ils sont bien armés et ravitaillés.
Faut-il évacuer la RC4 et choisir un meilleur terrain ou maintenir une présence pour empêcher les Viets de s'organiser ? La première solution est celle des «classiques» et la seconde celle des «modernes», orientés vers la guérilla. La première est choisie, il est difficile de juger après coup.
Ce drame commence par une haute trahison : le rapport préconisant l'évacuation de la RC4 est transmis au Viet-Minh, qui a six mois pour se préparer. C'est l'affaire Revers.
En tous les cas, l'organisation de cette évacuation accumule les lâchetés, les incompétences, les folies :
1) Un commandement inepte : un colonel Constans qui reste à Lang Son et commande par radio, un colonel Le Page dépassé par les événements. Le commandement a toujours eu un ou deux jours de retard dans sa compréhension de la situation.
2) Des troupes, notamment nord-africaines, pas à la hauteur de cette tâche quasiment impossible.
3) Des colonnes trop lourdes et pas assez rapides.
4) Une diversion qui ne divertit pas les bataillons Viet-Minhs mais les moyens aériens français.
En revanche, du coté Viet-Minh, une stratégie claire et un commandement décidé :
1) Prendre Dong Khe, mal défendu, pour que les Français soient privés de point d'appui au milieu du parcours.
2) Laisser les Français pénétrer sur la RC4 sans réagir, reprenant le conseil de Napoléon : «Quand vous voyez l'ennemi faire une erreur, n'intervenez pas, laissez le aller jusqu'au bout de son erreur».
3) Saboter la route de manière à priver les Français de leurs moyens matériels, artillerie et camions.
4) Chasser les Français de la route par harcèlement.
5) Une fois chassés de la route, après trois jours dans la jungle sans ravitaillement, les sept bataillons français sont anéantis.
Une fois que tout est dit de la bêtise de l'armée française, il reste à saluer l'héroïsme des combattants: le premier Bataillon Etranger Parachutiste se sacrifie en une série de charges démentes pour ouvrir la voie.
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