J'ai traduit cet article.
La démocratie est-elle viable ?
Par Thomas Sowell
Les médias ont récemment été tellement préoccupés par cette histoire de sénateur photographié en slip, qu'il y a eu peu d'attention accordée au fait que l'Iran continue d'avancer vers la création d'une bombe nucléaire, et personne ne fait rien pour l'arrêter.
On pourrait croire que l'idée d'armes nucléaires aux mains du parrain du terrorisme international serait susceptible de dégriser même les membres les plus vertigineusement cons de la classe jacassante. Mais cette perspective glaçante ne semble pas assez forte pour disputer l'attention face au comportement puéril d'un sénateur immature imbu de sa personne.
Une société qui ne peut ou ne veut se concentrer sur les affaires de vie ou de mort est une société dont la survie en tant que nation libre est douteuse. Aussi difficile à concevoir que cela soit, le monde tel que nous l'avons connu et auquel nous sommes habitués peut finir durant la vie de notre génération.
Ceux qui ont fondé les Etats-Unis d'Amérique étaient pleinement conscients d'innover de manière radicale par rapport aux gouvernements sous lesquels les humains avaient vécu depuis des siècles et le succès n'était pas garanti. Les monarchies en Europe ont duré des siècles et les dynasties chinoises des millénaires. Mais une république démocratique, c'était autre chose.
Pendant que la convention qui écrivait la Constitution des Etats-Unis siégeait, une dame demanda à Benjamin Franklin ce que sa délégation créait, il répondit : «Une république, madame, si vous pouvez la sauvegarder».
Au milieu du siècle suivant, Abraham Lincoln posait encore la question de savoir si le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple n'allait pas disparaître de cette terre. Des années plus tôt, Lincoln avait prévenu des dangers pour une société libre de ses propres politiciens en quête de pouvoir et que seuls la vigilance, la sagesse et le dévouement au bien public des particuliers pouvaient préserver leur liberté.
Mais aujourd'hui, bien peu de gens voient de tels dangers, internes ou externes.
Un récent sondage montrait que près de la moitié des Américains croyait que l'Etat devrait redistribuer les richesses. Que tant de gens veuillent remettre à la légère un pouvoir si arbitraire et si dangereux dans les mains des politiciens, risquant leur liberté dans l'espoir d'obtenir ce que quelqu'un d'autre a, est un signe douloureux que beaucoup de citoyens manquent de ce qu'il faut pour préserver une république démocratique.
La facilité avec laquelle les riches transfèrent leurs biens électroniquement à l'étranger ou les abritent dans des niches fiscales signifie qu'une hausse des taux d'imposition des riches n'apportera pas le genre de recettes fiscales qui permettraient une redistribution et la prime que certains espèrent.
En d'autres mots, les gens qui veulent plus de pouvoir arbitraire pour l'Etat peuvent abandonner leur droit sacré à la liberté sans même récolter les fruits de cet abandon. Pire même, ils peuvent abandonner le droit sacré à la liberté de leurs enfants et petits-enfants.
A l'aune de l'histoire, les sociétés libres et démocratiques existent depuis un temps relativement court et leur longévité n'a jamais été certaine. Tant de choses dépendent de la sagesse des électeurs que le droit de vote a toujours été limité, d'une manière ou d'une autre, à ceux qui avaient un intérêt dans la viabilité et le progrès du pays et le savoir pour voter intelligemment.
A notre époque, le vote est vu comme juste un «droit» parmi tant d'autres ouverts à chacun. L'accent a été mis sur l'électeur, plutôt que sur les grandes conséquences des élections pour la nation aujourd'hui et pour les générations à venir.
Pour ceux qui voient le vote plus ou moins comme un moyen d'expression, presque un divertissement, il n'y a pas besoin de s'informer sur les tenants et les aboutissants, encore moins de s'assoir et de réfléchir, au-delà de la rhétorique, sur les réalités que cache la rhétorique.
Les électeurs négligents peuvent aisément être convaincus par le charisme et la rhétorique, oublieux des désastres monumentaux engendrés par les dirigeants du 20ème siècle ayant du charisme et de la rhétorique, comme Hitler.
De tels électeurs représentent un danger de frivolité mortelle pour la démocratie et la liberté.
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