L'Express :
Ces deux-là ont beau se sourire, ils ne se supportent pas. Litote. En privé, elle le traite de "couille molle", d'"enfoiré" qui représente le "niveau zéro de la politique". Un manoeuvrier digne des plus belles heures de la IVe République, le roi de la tactique. Et, insulte suprême pour cette acharnée des dossiers: "Il ne travaille pas." Lui n'est pas en reste. Une bosseuse? Elle est d'abord à ses yeux une menteuse. Du coup, il n'a jamais cherché à s'allier avec cette "perverse". "Il lui reproche de ne se construire que dans l'opposition aux gens, en flinguant sans retenue", rapporte un intime.
Ils n'ont aucun ami en commun
Pourquoi tant de haine? Les deux socialistes, qui devront se rabibocher après la primaire pour éviter avant 2012 des divisions qui seraient fatales à leur parti, avaient pourtant tout pour s'entendre, du moins politiquement. Même génération, même formation à l'ENA, même fibre européenne et sociale-démocrate. En 1985, ils fréquentent les clubs Témoin, qui regroupent les amis de Jacques Delors.
Elle est la fille naturelle, lui, le bon élève qui se prend, un peu, pour l'héritier. Entre eux se nouent un soupçon et une distance (ils n'ont aucun ami en commun), que les années vont convertir en défiance. Pour les législatives de 2007, Martine Aubry lorgne une circonscription lilloise intra-muros - plus favorable que celle où elle avait perdu en 2002. La direction du PS, avec Hollande à sa tête, s'y oppose. Privée de Parlement, Aubry ronge son frein.
Des règlements de comptes nauséabonds
En 2011, c'est l'heure de l'affrontement. Elle mitraille le programme de son adversaire: elle dénonce le coût du contrat de génération entre seniors et jeunes, la position trop timorée sur le cumul des mandats du président du conseil général de Corrèze, le "on verra" érigé en principe en matière de sortie définitive du nucléaire. Lui riposte en rappelant qu'il est d'accord avec le projet du PS, rédigé par une certaine Martine Aubry. Sur les plateaux, cette dernière trouve une formule choc pour railler son camarade: "On ne battra pas une droite dure avec une gauche molle" - une phrase soufflée par sa plume, Guillaume Bachelay.
Bien qu'il soit furieux, Hollande passe consigne à ses amis: "On ne répond pas aux attaques personnelles." Aubry use d'un autre argument: le PS était un champ de ruines à son arrivée, en 2008, répète-t-elle. "Il faisait pitié", dit-elle. C'est la fameuse histoire des "chiottes" qu'il a fallu réparer - et qu'elle raconte à la terre entière. Les règlements de comptes sont nauséabonds. "Quel toupet! se souvient un sénateur proche de Hollande. Martine avait fait des pieds et des mains pour obtenir avant 2008 un secrétariat national au PS, puis on ne l'a plus revue, elle n'a pas travaillé et n'assistait pas aux réunions."
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