Le dépérissement de ce qu'on appelait jadis les humanités n'est évidemment pas le fait du hasard. L'école a désormais pour mission de fabriquer des crétins. Bien sûr, cette mission de décivilisation est habillée de mots moins crus et moins honnêtes, mais il suffit d'analyser le discours officiel pour comprendre. Point besoin d'être un exégète chevronné.
Tout ce qui est dépaysement, ouverture d'esprit, recul, réflexion, est sévèrement condamné par notre système éducatif soviétique. Je ne parle pas là des pseudo-débats, qui sont des discutailleries oiseuses, destinées à formater les élèves aux conclusions écrites d'avance par le politiquement correct. J'évoque un vrai travail sur soi de décentrement, aux résultats imprévisibles, dépendants de la personnalité des élèves.
Il convient donc de barrer l'accès, passivement ou activement, aux matières qui pourraient sortir les élèves de leur crétinerie. Les langues dites mortes ayant uniquement ce rôle (criminel, du point de vue du Système) de mise en perspective, il est normal qu'elles aient été les premières victimes de l'entreprise de crétinisation officielle. D'autant, atrocité supplémentaire, qu'elles disent nos racines. Enraciner un élève, quelle horreur ! L'histoire a commencé en 1981, en 1933, au pire en 1789, mais certainement pas plus loin. Homère, Remus et Romulus, Virgile, Saint Augustin ? Et puis quoi encore ?
J'ai fait du latin de la sixième au bac, au point que ce fut ma seconde langue à cette épreuve qui avait encore un sens.
Je n'étais pas un grand passionné, d'autres choses me préoccupaient, mais aujourd'hui, avec vingt-cinq ans de recul, le latin me manque. Dans mes fantasmes de temps libre (si je gagnais au Loto, si j'étais à la retraite, ...), reprendre l'étude du latin est en tête.
La particularité du latin, ce qui en fait le plaisir profond, est d'être une langue étrangère non pas dans l'espace mais dans le temps. C'est à la fois nous, notre héritage, et une autre civilisation.
Ensuite, cette langue est un jeu : elle est familière mais sa structure est différente. Elle rassure et déroute à la fois.
Elle parle souvent de notions disparues : la loi, l'honneur, la gloire, les plaisirs des champs ... En plus, c'est une langue universelle. Pour les catholiques. Ce qui ajoute aux raisons d'en décourager l'enseignement.
Je suis navré qu'on prive, à dessein -je le répète, la jeunesse de cette évasion.
Heureusement, tout n'est pas perdu : les jeunes ignorent le latin mais savent manier un smart phone. C'est l'essentiel, non ?
Voici un site qui essaie de réparer les dégâts : la question du latin.
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