lundi, septembre 04, 2006

Notre jeunesse

Je vous retranscris verbatim le dialogue que j'ai eu cet été avec une stagiaire de vingt ans :

moi : Qu'est-ce que tu vas faire à la rentrée ?

elle : Une fac de socio, sûrement, ou sinon de psycho.

moi : Tu sais, sans vouloir te décourager, c'est un ticket pour l'ANPE.

elle : C'est pas grave, je voudrais faire prof.

moi : pourquoi ?

elle : ... ou être fonctionnaire. Le travail, c'est pas trop mon truc.

Promis, craché, juré, ce dialogue est absolument authentique.

J'en resté comme deux ronds de flan.

Au même âge, je disais : "Je serai maître du monde avant 31 ans, c'est l'âge où est mort Alexandre le grand." Maintenant, je dis plutôt : "Bah, avant 40 ans, Jules César était un inconnu ou presque."

Cette jeune femme était elle représentative ? Si l'on croit les sondages et l'affluence dans les facs-impasses, hélas oui.

J'en tire plusieurs remarques.

1) Alfred Sauvy avait raison. L'âge dans la tête ne dépend pas que de l'âge du corps. Des jeunes dans une vieille société (c'est-à-dire rétive au risque, conservatrice, à statuts) peuvent avoir une mentalité de vieux.

2) Pour que les entreprises provoquent ainsi le désir de fuite, il faut bien qu'elles en portent une responsabilité.

3) Cette attitude est immorale : on doit à la société sa part de travail. Envisager le fonctionnariat comme une sinécure financée gracieusement par le contribuable est malhonnête. Quelles valeurs a-t-on transmis à ces jeunes pour qu'ils pensent ainsi ? Et qui ? Les parents ? Les profs ? La télé ?

4) Enfin, cette idée comme quoi "fonction publique = planque" ne démonte-t-elle pas tous les discours fallacieux sur les "fonctionnaires-dévoués-au-service-du-public-qui-méritent-bien-leurs-privilèges" ? A moins bien entendu que cette future fonctionnaire par vocation soit fort mal renseignée.

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