mardi, août 27, 2013

Syrie : les ingrédients de la désinformation se mettent en place, mais c'est laborieux


Je vous rappelle les critères de Volkoff pour reconnaître la désinformation :

1) Tout le monde dit la même chose. L'Huma et le Figaro sont d'accord. Dans le monde réel, avec toutes ses complexités, c'est impossible. Nous sommes donc en face de la désinformation.

2) Nous sommes informés jusqu'à saturation d'un certain coté du problème et pas du tout des autres.

3) Tous les bons sont d'un coté et les méchants de l'autre.

4) L'acquiescement de l'opinion débouche sur une psychose collective.

Les trois premiers critères dépendent de la classe jacasssante, qui est crédule comme pas un. De plus, la classe jacassante, politiques et journalistes mêlés, a intérêt à la guerre : ça distrait le public de la situation intérieure et ça fait vendre.

Donc, les trois premiers critères sont remplis, mais moins parfaitement que lors de l'intervention en Libye. Des doutes sont émis à demi-voix.

En revanche, si j'en crois les sondages et les commentaires que j'ai pu lire sur des sites de presse, le quatrième critère n'est absolument pas rempli, ni en France, ni en Grande-Bretagne (je n'ai pas regardé les Etats-Unis).

Mais nos gouvernements ayant appris à se passer de l'aquiescement des peuples, ils vont y aller. Le tambour médiatique bat l'appel aux armes. Le son est reconnaissable entre mille, il nous est familier depuis l'Irak et la Libye.

Mais on n'a toujours pas répondu à la question élémentaire : où est l'intérêt de la France dans cette histoire ? Et de la Grande-Bretagne ? Et, même, des Etats-Unis ?

Mon impression est que les dirigeants de ces pays servent des causes personnelles, politico-médiatiques, peut-être aussi financières (1), bien éloignées de l'intérêt de leurs pays. Hollande, Cameron et Obama ne dédaigneraient pas une petite remontée dans les sondages en jouant aux chefs de guerre.

J'enrage que nous soyons dirigés par de tels gens, aux raisons si minables, à l'analyse si creuse. Mais quoi ? Notre décadence, et spécialement celle du personnel politique, n'est pas une nouveauté.

N'oublions pas que, s'agissant du prétexte officiel à l'intervention, l'usage de gaz de combat sur des civils, rien n'est prouvé et qu'un horrible montage par les rebelles ne peut absolument pas être exclu, la région est coutumière de ce genre de mise en scène (2).

La nullité de nos politiciens peut aller jusqu'à la crédulité, plus facile quand on est inculte comme un énarque (3), et il n'est pas exclu qu'ils croient, au moins en partie, les fadaises droits-de-l'hommistes qu'ils invoquent.

Et même si le gouvernement Assad avait gazé des civils, cela ne serait pas une raison suffisante pour intervenir. Où est l'intérêt de la France ?

De Gaulle a écrit dans ses mémoires qu'il arrive qu'une décision conforme à l'honneur soit aussi un bon placement politique à long terme. Mais, dans quel camp est l'honneur dans une guerre civile ? Il faut avoir une lecture bien simpliste d'une guerre entre frères, entre cousins, entre voisins pour croire qu'un parti a le monopole de la justice et de l'honneur.

C'est pourquoi j'insiste, MM. Hollande et Fabius : où est l'intérêt de la France ?


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(1) : il n'est pas crédible que le défilé ininterrompu d'hommes politiques français grassement rémunérés au Qatar, américains en Arabie Saoudite, reste sans influence. Autrement dit, nos politiciens sont corrompus par des pays étrangers.

(2) : Thomas Friedman, ex-correspondant du New-York Times au Liban, en raconte quelques unes.

(3) : un énarque est quelqu'un qui a fait le plein de connaissances à 22 ans et qui n'apprendra plus rien de sa vie.

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