mercredi, mai 14, 2014

Chesterton face à l'islam (P. Maxence)

Petit livre synthétique.

En 1911,  Chesterton écrit un roman prophétique, L'auberge volante. Il décrit la prise de pouvoir de l'islam en Grande-Bretagne avec l'aide de la noblesse technocratique. Les Anglais se révoltent quand on veut fermer leurs pubs.

Même si le roman est touffu, sa prescience frappe. Pourquoi ?

Parce que Chesterton va à l'essentiel : la théologie.

Pour Chesterton, comme pour Saint Jean Damascène, comme pour Saint Thomas d'Aquin, l'islam est une hérésie chrétienne. C'est une hérésie unitariste, ce qu'Alain Besançon appelle une idolâtrie du monothéisme. L'islam, c'est l'église militante sans le contrepoids d'un dieu d'amour. Chesterton n'a pas dit «l'islam, c'est le communisme plus dieu», mais ça y ressemble.

Il paraît (je n'ai jamais vérifié à la source) qu'Adolf Hitler a dit qu'il regrettait que les Allemands fussent chrétiens plutôt que musulmans. Chesterton aurait compris.

Le chrétien est libéré par le fait que Dieu est amour, et Dieu est amour parce qu'il est à la fois un et trois, il peut dialoguer avec lui-même. Le Dieu des musulmans, lui, est seul, écrasant, surplombant.

L'hérésie consiste toujours à prendre une partie de la doctrine pour le tout. Les hérésies ont tendance à copiner.

Le protestantisme est une autre forme d'hérésie. Certains, qui ont peut-être lu Chesterton, interprètent en termes religieux les penchants des Etats-Unis pour l'Arabie saoudite : l'islam et le puritanisme protestant ont beaucoup d'affinités.

Chesterton est un anti-prohibitionniste farouche.

Et là encore, il raisonne en termes théologiques.

Le chrétien, racheté par le Dieu-Sauveur, qui est amour, qui lui fait confiance, est fondamentalement joyeux. Comme dit le psaume, le vin réjouit le coeur de l'homme. Le chrétien a le vin joyeux. Il lui est donc permis.

Le musulman, lui, est écrasé par son dieu vengeur, qui se méfie de lui, qui parsème sa vie d'interdits. Il a le vin triste. Il est donc compréhensible qu'il lui soit interdit.

Chesterton trouve une convergence entre les hygiénistes (c'est le mot qu'il emploie) et les musulmans : même défiance envers l'homme et sa liberté. Quand je vous dis que c'est un visionnaire. Aujourd'hui, les hygiénistes et les islamophiles sont souvent les mêmes.

Il y aura toujours des chrétiens prêts à se soumettre à l'islam avec, en façade, les meilleures raisons du monde : oecuménisme, tolérance, points communs anecdotiques (oubliant les divergences fondamentales et irréconciliables -voir ce lâche mondain de Luc Ferry dans la video du billet précédent). Mais Chesterton a une pierre de touche : un vrai chrétien doit assumer les croisades, il ne doit pas les renier ou culpabiliser.

L'islam est fondamentalement ennemi de la chrétienté et de sa culture. Le remède ? La Foi, et un peu d'intelligence.

Chesterton est toujours surprenant, mais, quand on y réfléchit, ça tient la route, plutôt deux fois qu'une. Je comprends que Simon Leys, que j'admire, ait une grande admiration pour Chesterton.


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