Je me permets, une fois n'est pas coutume, de reproduire intégralement un billet de Maxime Tandonnet :
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Le plus tragique, dans le camp des républicains modérés, ce n’est pas le retour de la vieille garde, les Alain Juppé, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin. On pourrait y voir une solution transitoire, un passage de relais. Non, le plus préoccupant, c’est bien l’absence de relève visible en perspective.
J’en ai fréquenté beaucoup, de près ou de loin, et ils me donnent le sentiment, sans méchanceté, d’être formatés sur le même modèle, celui de bons gestionnaires sans doute, mais fausses intelligences, le crâne vide d’idées, de vision, de perspective, têtes bien pleines plutôt que bien faites : le Maire, Valérie Pécresse, Bertrand, NKM, Chatel, etc. Ils voudraient diriger la France comme on gère une collectivité locale. Face à la faillite d’un pouvoir socialiste qui s’éloigne tous les jours de la France, écartelé entre l’idéologie la plus obtuse sur les questions de société et le conformisme absolu en matière économique, cette nouvelle génération devrait avoir un boulevard devant elle.
Or, elle est tout en fadeur, transparente, inexistante. Elle voit la politique par le petit bout de la lorgnette, se résumant à la course à l’Elysée.
Cette médiocrité à la fois intellectuelle et humaine, absence de caractère, obsession de la "propreté idéologique" vu comme l’arme secrète de la marche vers le Palais a des conséquences dramatiques, notamment celle de priver d’espoir politique la jeunesse ou de pousser une partie d’entre elle vers des pitreries démagogiques. Il existe dans la vie publique française, quelques responsables au sens fort du terme, lucides, à la fois mesurés et fermes dans leurs convictions et prêts à s’engager pour le pays. Mais le monde médiatique les ignore obstinément: même minoritaires, ceux là sont beaucoup trop dangereux à ses yeux. Il faudra que la crise de société qui couve depuis si longtemps explose enfin pour que peut-être, poussés par les circonstances, ils sortent de leur silence et anonymat.
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Bien que ne fréquentant pas les politiciens comme Maxime Tandonnet, j'en partage l'analyse. Ce n'est pas pour rien que je labellise La lie mes billets sur la politique.
A part les brigands, avec lesquels ils ont quelquefois des accointances, les politiciens sont la lie de notre société : superficiels, malhonnêtes, incultes, menteurs, égoïstes, lâches, conformistes, cupides, méprisants, indignes.
Il y a bien des raisons pour lesquelles nous en sommes arrivés là et il est possible que ceux qui soutiennent que nous avons les politiciens que nous méritons aient raison.
C'est le point de vue de Montesquieu transposé aux politiciens :
«Ce n'est pas la fortune qui domine le monde : on peut le demander aux Romains, qui eurent une suite continuelle de prospérités quand ils se gouvernèrent sur un certain plan, et une suite non interrompue de revers lorsqu'ils se conduisirent sur un autre. Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent dans chaque monarchie, l'élèvent, la maintiennent, ou la précipitent ; tous les accidents sont soumis à ces causes ; et, si le hasard d'une bataille, c'est-à-dire une cause particulière, a ruiné un État, il y avait une cause générale qui faisait que cet État devait périr par une seule bataille : en un mot, l'allure principale entraîne avec elle tous les accidents particuliers.»
Il y a sans doute «des causes générales, soit morales, soit physiques» qui expliquent que nous ayons les politiciens que nous avons.
En tous les cas, la situation est claire : aujourd'hui, aucun honnête homme ne fait carrière en politique. Tous fuient cette perpective. Et si, par égarement, un honnête homme s'y laisse prendre, il est bien vite rejeté par le système, qui s'entend à ne conserver que la canaille, et retourne à ses occupations antérieures.
Je suis encore plus pessimiste que Maxime Tandonnet.
Je ne crois pas à un renouvellement de la classe politique sous la pression des événements : s'il y a «des causes générales, soit morales, soit physiques» qui expliquent que nous ayons les politiciens que nous avons, elles sont très profondes et les événements ne suffiront pas à les bousculer. Une question simple : si Charles De Gaulle ressuscitait, croyez vous qu'il serait élu ?
Il faudra que le peuple dans lequel les causes de la décadence s'enracinent disparaisse, ou subisse une mutation presque aussi forte qu'une disparition, pour qu'elles soient emportées.
Cette quasi-disparition, je la vois dans une phase d'anarchie qui entraine un éclatement de l'Etat et un retour à une forme de féodalité. Je crois que nous suivons la trajectoire de l'empire romain.
On me parle des forces vives de la France comme espoir. C'est vrai au niveau individuel : il y a des Français très bien. Mais ils ont justement perdu la capacité à passer du niveau individuel au niveau collectif, à s'organiser entre eux, pour des raisons sociologiques (la vie urbaine rend anonyme et isolé et 78 % des Français vivent en ville) et pour des raisons bassement financières (après le ratiboisage par le fisc, les Français n'ont plus d'assez d'argent libre pour en consacrer une part significative à des projets collectifs).
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