mercredi, mai 17, 2017

A propos du gouvernement Macron

Gouvernement Macron : « La droite conservatrice a un boulevard devant elle, mais pas de leader »

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On s'y attendait. L'unanimité avec laquelle les ténors de la droite ont entonné le soir du premier tour l'hymne du ralliement au futur président, sans aucune des réserves qui auraient pu l'accompagner et éviter qu'il soit interprété comme une ruée sur la gamelle, préparait une drôle de pagaille.

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En tous les cas, le nouveau président, après avoir mis KO debout le Parti socialiste, est en train de faire éclater la droite. Nul n'ignore que la nomination d'Edouard Philippe, que l'on présente en un saisissant oxymore comme un « héritier spirituel d'Alain Juppé » [effectivement, je ne connais rien en politique de moins spirituel qu'Alain Juppé !], vient habilement redonner au camp du centre-droit désavoué par les électeurs des primaires, de nouvelles perspectives.

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En réalité, ce centre-droit est cohérent : rien, absolument rien, ne le distingue du centre-gauche que Macron a miraculeusement sorti du bourbier dans lequel le désastreux quinquennat de François Hollande l'avait enlisé. Un même libéralisme économique doctrinaire et rigide, soumis aux injonctions de Bruxelles, un même refus de remettre en question le dévoiement d'une construction européenne qui est allée dans le mur, une même volonté de progressisme sociétal, un même manque d'imagination et de volonté pour réduire la fracture sociale.

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Cette situation serait pain bénit pour le Front national, si le débat du 3 mai n'avait fait éclater la grande supercherie en faisant la démonstration de l'incompétence et de la vulgarité de Marine Le Pen.


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A côté de ce centre-droit logiquement rallié (si ce n'est aujourd'hui, ce sera demain) à la majorité présidentielle, une droite au discours résolument patriote, décidée à refonder l'Europe sur le respect des nations, faisant de la réduction de la fracture sociale une priorité, conservatrice sur les valeurs qui fondent notre société (amour de la France, défense de la famille, refondation de l'école) a un boulevard théorique devant elle: entre, d'un côté, le sentiment des électeurs de droite d'avoir été volés de «leur élection» avec l'explosion en plein vol de la fusée Fillon, d'avoir été trahis par ses élites, et, de l'autre, la décrédibilisation du Front National, la marge de manœuvre est réelle. C'est ce qu'a bien compris par exemple Laurent Wauquiez.

Mais c'est là où le bât blesse. A part ce dernier, dont la sincérité politique manque de crédibilité, aucune grande voix à droite ne vient porter un projet de rupture. 

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Il faut bien le reconnaître: depuis la disparition de Philippe Séguin, plus personne n'incarne cette droite gaulliste, patriote et sociale. Pour se recomposer, la droite doit avoir de vrais leaders. Elle en manque cruellement. Le scénario catastrophe pour elle serait d'être aspirée dans le sillage de la nouvelle donne imposée par Macron. Soit elle échouera avec lui, et elle sera d'autant plus affaiblie qu'elle hérite de la responsabilité de l'économie dans le gouvernement Philippe ; et alors, la route sera réellement ouverte aux extrêmes de droite et de gauche. Soit le président réussira et il se pourrait qu'il en recueille toute la gloire. Dans les deux cas, ce pourrait être une recomposition manquée et une décomposition plus ou moins complète.

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Réussir pour la France signifierait rien moins que de restaurer le sens du politique, le souci du bien commun, l'amour du pays, la protection des plus fragiles ; reprendre sur de nouvelles bases la construction européenne, au service des nations ; avoir le courage de réformer l'Etat en reconstruisant et en préservant les plus pauvres. L'ancien banquier le voudra-t-il ? En aura-t-il le désir et la volonté ? On peut légitimement émettre des doutes à ce sujet, mais on ne peut pas décider a priori que c'est impossible. Il est certain qu'il a la main, alors que la droite, promise au pouvoir il y a six mois, semble profondément désemparée, comme privée de toute énergie vitale, de toute capacité d'invention, et surtout de convictions fortes. C'est le plus inquiétant pour elle. Mais ce qui compte est bien, plus que jamais, la situation de la France.
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Gouvernement: l’europhilie enfin légalisée ! Macron et Philippe enterrent le souverainisme.

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L’Europe d’abord

In fine, ce gouvernement de centristes des deux rives rassemble une bonne part de spécialistes, de la ministre de la Culture éditrice à l’escrimeuse Laura Flessel aux Sports en passant par Nicolas Hulot à la Comm… pardon à l’Ecologie. Ce gouvernement serait aussi placé sous le signe du « renouvellement » comme a osé le souligner BFM TV, expliquant que… Gérard Collomb n’avait jusqu’à présent jamais été ministre.

Par la grâce d’un second tour contre Marine Le Pen avec les moulinets antifascistes de rigueur, le souverainisme majoritaire dans les esprits et dans les cœurs est enterré. C’est aussi cela, le supplément d’âme de Macron : contrairement à ses prédécesseurs Hollande et Sarkozy, ce jeune homme pressé n’attend pas un an pour faire passer la pilule européiste et complaire à Angela Merkel. Le projet d’une Europe politiquement et économiquement intégrée autour d’une monnaie unique n’ayant rien de neuf, Emmanuel Macron et ses équipes pensent pouvoir poursuivre la même politique en mieux et en plus malin. Comment dit-on « bon courage » en esperanto ?
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