samedi, décembre 23, 2017

Optimum médiéval

Le Moyen-Age est une époque que j'aime beaucoup.

Le Moyen-Age : au-delà des idées reçues

L'Eglise doit-elle avoir peur de son Histoire ?

Je sais bien qu'un historien aussi sérieux que Jacques Heers défend l'idée que le Moyen-Age n'a jamais existé.

Et c'est vrai : le Moyen-Age est une création des Lumières qui avaient besoin de trouver un âge obscur avant eux pour se mettre en valeur.

En effet, il n'est pas très sérieux de faire tenir en une seule époque la période de mille ans qui va de la chute de Rome à la découverte de l'Amérique.

C'est une facilité un peu ridicule. L'hôtel particulier de Jacques Coeur à Bourges a toutes les caractéristiques de la Renaissance et il est classé dans le Moyen-Age.

Prenons donc ces datations avec la prudence qui s'impose.

Et il est encore plus ridicule de voir le Moyen-Age comme un âge obscur. Des philosophes considèrent même que la modernité ne crée rien, elle se contente d'épuiser l'énergie intellectuelle  et spirituelle accumulée au Moyen-Age.

L'époque de Grégoire le Grand, de Saint Thomas d'Aquin, de Saint Bernard, de Sainte Hildegarde (tiens, une femme), de Sainte Claire, de Chrétien de Troyes (tiens, un juif converti), de Saint Louis, d'Abélard, d'Héloïse a une variété et une richesse que nous serions bien en peine de trouver aujourd'hui.

A-t-on beaucoup innové depuis Guillaume d'Ockham (qui a inspiré avec humour Guillaume de Baskerville à Umberto Eco, joué par Sean Connery dans le Nom de la Rose) ? On devrait se souvenir plus souvent du rasoir d'Ockham : dans une situation incertaine, il faut éliminer les hypothèses superflues.

Quand une obscure abbesse du fond de l'Allemagne conquiert une petite renommée, Hildegarde de Bingen, c'est le pape en personne qui lui écrit pour l'encourager.

Et puis, où trouve-t-on dans la modernité une figure aussi extraordinaire que Saint François d'Assise ? Le jeune bourgeois fêtard qui se convertit, fonde un ordre, va faire la leçon au pape, se rend en Egypte prêcher le sultan (un dialogue de sourds qui porte encore des leçons pour aujourd'hui), parle aux oiseaux ...

Alors, la légende noire ? Les croisades, l'inquisition ?

Les croisades n'ont jamais existé, c'est une invention postérieure de regrouper sous le même terme des pèlerinages de masse, des mouvements de pénitence et des expéditions militaires. Mais, quand tout est dit, il y a tout lieu d'être fier des croisades : élan, aventure, altruisme, curiosité, foi.

Quant à l'inquisition, elle est un progrès, elle invente les droits de la défense.

Le Moyen-Age est-il un âge parfait ? Bien sûr que non. Par exemple, l'inquisition a erré.

Mais l'émeute contre les morts qui caractérise notre temps est un rien ridicule. L'époque de Guillaume Musso et de Marc Lévy est mal venue pour se moquer de l'époque du Roman de Renard.

Et je ne suis pas sûr que le cycle de Star Wars se compare favorablement au cycle de la Table Ronde.



Plus grave : le Moyen-Age était analytique jusqu'à l'excès. Rabelais a eu raison de se moquer de la scholastique rigidifiée. Mais, aujourd'hui, le balancier est parti loin dans l'autre sens : sur quel sujet faisons nous preuve de raison et d'analyse et non de sentimentalisme et d'émotivité ? Aucun.

Immigration, relations hommes-femmes, vaccins ... Il est difficile de trouver des actualités traitées rationnellement.

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