vendredi, novembre 30, 2018

Trois textes et une video : Bigot, Michéa, Zemmour et la Marion

Bigot a tout compris à la politique de Macron :

« Macron redoute davantage les amendes de Bruxelles que la colère de son peuple »

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Emmanuel Macron redoute davantage la sanction du marché ou les amendes de Bruxelles que la colère de son peuple. Le Président file donc un mauvais coton. Et le plus grave reste à venir. La situation n'est pas encore clairement perçue par les gilets jaunes (mais cela ne saurait plus tarder). Macron ne peut plus être le roi car il ne veut plus détenir le pouvoir suprême et déclare qu'il y a désormais au-dessus de lui (c'est-à-dire du peuple) Bruxelles.

Le vrai souverain, aux yeux du monarque, n'est plus le peuple mais l'euro. Ce n'est donc pas Macron qu'il faut décapiter mais Bruxelles. Macron, rappelons-le, n'est pas l'incarnation du principe de légitimité, il n'en est que le représentant, il est locataire et non propriétaire de sa fonction. Or, les présidents de la République, depuis Maastricht, font de la sous-location en Air BnB pour l'Europe. Pour ramener le pouvoir en France. Est-ce une révolution? Oui mais au sens étymologique du terme, un retour à l'origine.

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Nous ne sommes pas dans une crise de légitimité mais de représentativité. Cette nouvelle représentation émergera-t-elle de la base ? Des Danton ou de Robespierre jusqu'ici inconnus vont-ils émerger ? Il faut le souhaiter. Surtout, ils devront porter des idées et des programmes neufs.

Car une autre signification profonde de cette crise, celle qu'Emmanuel Macron personnifie, c'est qu'une certaine classe dirigeante française est arrivée à bout de course. Après la République des Jules, celle des profs et des avocats, le général de Gaulle avait profondément régénéré la sociologie de la classe dirigeante comme le font tous les grands chefs en assurant la promotion d'une élite nouvelle.

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Chateaubriand, dans ses Mémoires, résume brillamment la situation que nous avons sous les yeux sur BFM: «Une classe dirigeante connaît trois âges successifs: l'âge des supériorités, l'âge des privilèges, l'âge des vanités. Sortie du premier, elle dégénère dans le deuxième et s'éteint dans le troisième.».
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Un texte classique de Zemmour :

Éric Zemmour : « Deux peuples, deux mondes, deux France »

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Jadis, la gauche faisait le lien politique entre les élites et les classes populaires. Depuis de nombreuses décennies, la gauche, des universités aux médias jusqu'aux partis politiques, a choisi de célébrer «les minorités» et d'oublier les ouvriers et employés, coupables de mauvaises pensées «racistes», ou «homophobes». Ces nouveaux prêtres de la bienpensance, dont Benoît Hamon est une des figures de proue, ont soumis sans état d'âme leur progressisme sociétal à l'islamo-gauchisme. Au nom de l'internationalisme, elles ont abandonné le peuple français. A ses yeux, les «gilets jaunes» sont des « déplorables », le mot dont Hillary Clinton avait affublé les électeurs de Trump ; pour les « gilets jaunes », leurs adversaires sont de plus en plus assimilés au « parti de l'étranger ».

Les deux cortèges de samedi dernier incarnaient deux peuples, deux France, deux mondes. Les « gilets jaunes », c'est le « cher et vieux pays » du général de Gaulle, « les Gaulois réfractaires », dirait Macron ; interdits de centre-ville par la hausse du foncier, ils ont fui la banlieue, où «ils ne se sentaient plus en France», pour se réfugier dans des zones éloignées des métropoles oùla voiture est leur instrument de survie. Le cortège féministe incarne la France des métropoles, la France mondialisée, l'alliance des centres-villes et des banlieues. Ces deux France ne vivent plus ensemble ; ne se parlent plus, ne se comprennent plus. Se méprisent et se haïssent.
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Dans un autre fil de discussion, nous nous courrouçons de la saloperie d'un gauchisme foncièrement malhonnête, Romain Goupil, vraiment un connard à vomir, le genre de malhonnêtes qui pourrissent la vie en société. Michéa, lui, est foncièrement honnête. La différence saute aux yeux. Le texte qui me l'a le plus touché :

Jean-Claude Michéa : rencontre avec le penseur de la France des « gilets jaunes »

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Le philosophe, adepte de la décroissance et de la permaculture, est venu nous chercher dans un vieux diesel. Une provocation ? Non, un instrument de survie lorsqu'on habite à la campagne, loin de tout. «Je suis décroissant, mais le combat pour la décroissance doit être articulé au combat pour les classes populaires. On ne peut jamais commencer par supprimer quelque chose qu'on n'a pas remplacé. C'est comme enlever ses béquilles à un cul-de-jatte, explique le philosophe. J'ai un voisin qui vit avec 600 euros par mois et qui doit calculer le jour du mois où il peut encore aller faire ses courses à Mont-de-Marsan sans tomber en panne, en fonction de la quantité de diesel qu'il a encore les moyens de s'acheter.» Avec le géographe Christophe Guilluy , c'est l'un des rares penseurs emblématiques de la France périphérique. Celle des « gilets jaunes », dont le philosophe a récemment pris la défense dans une lettre publiée sur le site alternatif Les Amis de Bartleby. « La plupart des “gilets jaunes” n'éprouvent aucun plaisir à devoir prendre leur voiture pour aller travailler chaque jour à 50 kilomètres de chez eux, à aller faire leurs courses au seul centre commercial existant dans leur région, ou encore à se rendre chez le seul médecin qui n'a pas encore pris sa retraite et dont le cabinet se trouve à 10 kilomètres de leur lieu d'habitation », écrit-il. S'il a accepté exceptionnellement de nous rencontrer, c'est pour mieux nous faire toucher du doigt cette réalité trop souvent ignorée par nombre de médias parisiens.

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La philosophe du conservatisme Laetitia Strauch-Bonart, qui a été son élève en terminale au lycée Joffre de Montpellier, en 2001, ne dit pas autre chose : « Son cours a été un déclic pour moi. Il avait quelque chose de magique comme pédagogue. » Mais celui qui vise le plus juste à propos de Michéa est peut-être le géographe Christophe Guilluy: « Au-delà de la richesse de sa pensée, il est l'incarnation de ce qu'il dit. Sa proximité avec le peuple n'est pas une posture. » S'il y a un fil rouge dans la vie et l'oeuvre de Michéa, c'est en effet son attachement aux classes populaires qu'il n'a jamais trahi.

[…]

Il y a deux ans et demi, il a décidé d'aller au bout de ses idées. Il a vendu son appartement montpelliérain pour acheter deux petits hectares de terre. Avec sa femme Linda Wong, fille de maraîchers vietnamiens, Michéa tente de vivre en autosuffisance, allant jusqu'à couper le bois luimême pour se chauffer. «Nous ne sommes pas des calvinistes puritains, mais c'était une démarche politique de ma part. On ne peut pas prétendre défendre les classes populaires si l'on ne partage pas leurs conditions de vie.» Et Michéa, malicieux, d'ajouter: «Mes voisins éleveurs connaissent mieux l'Europe que les journalistes parisiens. Ils maîtrisent parfaitement la législation européenne car ils en sont les premières victimes. L'idée qu'ils seraient perméables aux idées populistes car on ne leur a pas suffisamment expliqué l'Europe est absurde.»

L'ancien citadin s'est d'autant mieux intégré au village qu'il a compris l'univers des chasseurs. «Je n'ai jamais été chasseur en tant qu'urbain, mais j'ai découvert un monde incroyablement sensible et intelligent. C'est un plaisir d'échanger avec eux.» Cette nouvelle vie a également bouleversé son rapport à la nature et à l'animal. «Le végan dit: “Je ne mange que des légumes”, mais faire pousser le moindre légume, c'est devoir tenir à distance, voire exterminer, quantité incroyable d'animaux. On s'aperçoit que si on laisse les taupes, les étourneaux, les limaces, les pucerons, etc., le végan dans son restaurant parisien ne pourra pas manger sa tourte aux légumes, ironise-t-il. Les végans et les antispécistes rêvent de refonder la nature avec des araignées câlines, des requins et des crocodiles modifiés génétiquement qui viendront chercher des caresses. Ils ne voient pas qu'ils sont en train de créer le monde le plus urbanisé, technicisé, dénaturé, artificialisé qui existe.»


À la campagne, Michéa a dû renoncer à lire son journal avec son café le matin. Là-bas, les kiosques n'existent pas. Le téléphone fixe est le seul qui marche normalement dans la région alors que la réception des mobiles est très aléatoire voire impossible chez beaucoup de ses voisins. Le plan numérique de Macron n'est pas arrivé jusqu'à eux. «Ce que j'ai sous les yeux depuis deux ans et demi, c'est la vérification quotidienne des analyses et des intuitions de Christophe Guilluy», note le philosophe. Regrette-t-il pour autant son ancienne vie? Pas une seconde. «Ici, la vie est dix fois plus rude, conclut Michéa, mais cent fois plus belle.»
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Et une video de la Marion et de l'Eric :


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