lundi, avril 08, 2019

Charles Gave sur le Brexit


Comme moi, comme Edouard Husson, Charles Gave a péché par optimisme.

Je suis d’accord avec lui : ce coup d’Etat parlementaire ne restera pas pas impuni, comme en France le re-vote du référendum de 2005 a fini par nous donner les Gilets jaunes (mais, en attendant, le Système a gagné 13 ans  et les GJ sont encore loin du pouvoir).

Le drame, c'est que l'histoire ne repasse pas les plats. La restauration de la monarchie en France a été ratée de quelques voix, le traité de Maastricht est passé avec peu de marge ...



Depuis le vote pour le Brexit en Juin 2016, le Royaume-Uni vit dans une redoutable contradiction : une majorité du peuple s’est prononcée pour sortir de l’Europe, tandis qu’une écrasante majorité du système politique voulait y rester et avait voté en conséquence.  Ainsi, plus des deux tiers des députés aux communes et plus de trois quarts des « Lords » veulent rester dans les structures européennes, dont d’ailleurs madame May elle-même, qui a dirigé les négociations entre Londres et Bruxelles.
Nous avons donc un cas classique de contradiction entre démocratie directe et démocratie représentative, ce qui n’est jamais facile à trancher.
Faire mener des négociations par quelqu’un qui n’est pas en accord avec le but final qui doit être atteint est pour le moins curieux. C’est un peu comme demander à Bercy de préparer des coupes budgétaires et des diminutions d’impôts : on est à peu près certain que tout sera mis en œuvre pour que rien ne bouge, Bercy attendant tranquillement le prochain changement de gouvernement en bloquant tout.
C’est bien sûr ce qui s’est passé. Et les résultats sont à la hauteur de mes attentes, c’est-à-dire désastreux.
Et le sommet de ce qu’il faut bien appeler un coup d’état visant à renverser le vote populaire a été atteint la semaine dernière quand le Parlement a voté par UNE voix de majorité que la Grande-Bretagne ne pouvait pas sortir de l’Union si un accord n’était pas intervenu entre Londres et Bruxelles, ce qui revient à annuler le vote de Juin 2016 puisqu’il suffit que Bruxelles refuse tout accord et la Grande-Bretagne ne pourra jamais sortir…Mais le plus beau est que pour obtenir cette voix de majorité, « on » a fait sortir une députée de prison, où elle était pour escroquerie. On songe au duc d’Orléans votant la mort de Louis XVI…
Nous avons eu donc un coup d’état, pas si rampant que cela mais très visible, de la part des hommes de Davos britanniques soutenus par leurs copains à Bruxelles et j’ai presque envie de dire UN DE PLUS.
Résumons ce que je vois dans le monde depuis plusieurs années.
  1. Les Grecs avaient voté pour sortir de l’Europe et de l’Euro. La BCE coupe tous les crédits à la banque centrale Grecque. Fin de la rébellion. Les banques allemandes et françaises sont sauvées.
  2. Un coup d’état juridique a fait perdre le pouvoir en Italie à monsieur Berlusconi qui voulait sortir de l’Euro, et l’Italie du coup a été gouvernée par une série de Quisling tous plus illégitimes les uns que les autres puisque nommés par Bruxelles, jusqu’aux élections de l’an dernier qui ramenèrent au pouvoir un gouvernement à nouveau élu par le Peuple.
  3. Une tentative de coup d’état contre le Président légalement élu aux USA a eu lieu, après son élection surprise, mais grâce à Dieu, elle a échoué et l’on peut espérer que ses perpétrateurs vont aller en prison (Voir mon article de la semaine dernière à ce sujet).
  4. Un coup d’état, politico-juridico-médiatique lors de l’élection présidentielle a eu lieu en France, au détriment de monsieur Fillon, pour porter au pouvoir monsieur Macron, et celui-là a réussi. On en voit les résultats heureux tous les jours et en particulier tous les samedis. Du coup, le gouvernement français est légal, mais non légitime, ce qui en France, a toujours été mauvais signe.
  5. Des tentatives de déstabilisation de monsieur Orban en Hongrie et du parti au pouvoir en Pologne ont lieu sans cesse, mais cette fois-là en se servant de l’appareil judiciaire européen (Cour de justice, Cour des Droits de l’Homme). Le but est de déstabiliser des gouvernements totalement légitimes en faisant donner des juges que personne n’a élu ni ne contrôle. Nous avons là un très bel exemple d’une tentative de « gouvernement par les juges » qui fût et qui reste une dérive mortelle de la démocratie.
Le but semble être à chaque fois d’empêcher la volonté du peuple de chaque Nation de s’exprimer librement, tant la Nation est perçue comme ringarde.
Et si l’on n’y arrive pas, des juges non élus et aux ordres sont mis à contribution pour atteindre le résultat recherché, c’est à dire empêcher les autorités légitimes mais réfractaires au projet mondialiste de gouverner.
Le lecteur se rend donc bien compte qu’il y a comme une constante visant à remplacer nos systèmes démocratiques fondés sur la Nation par un système technocratique contrôlée par une oligarchie hors sol fonctionnant au profit de quelques-uns. Le résultat de cette prise de pouvoir par des gens non élus est atterrant pour tout le monde, sauf pour les élites : une étude de Mc Kinsey montre que dans nos pays développés, 580 millions de personnes ont vu leurs niveaux de vie baisser ou stagner de 2008 à 2017, la quasi-totalité de la valeur ajoutée créée par les économies allant aux 1 % les plus fortunés. Dans les dix ans précédents, seulement 10 millions avaient souffert d’un tel déclin.
Jamais un tel phénomène ne s’était produit depuis 1945.
La classe moyenne a en fait payé pour la crise de 2008, alors qu’elle n’en était pas responsable tandis que les responsables du désastre se sont enrichis. Et donc, je peux affirmer sans crainte d’être contredit que le capitalisme de connivence règne en maitre depuis 2008. Nos pays sont tombés de fait sous la coupe d’une ploutocratie financière qui a capturé le pouvoir et la grande question est donc : comment allons-nous retrouver nos Libertés ?
La réponse est simple : il faut retourner à la démocratie.
Les gens éduqués et bardés de diplômes sont devenus hostiles à la démocratie parce qu’ils trouvent insensé que leurs voix valent celles de gens qui ne sont pas allés à l’école. Je ne sais pas combien de fois j’ai entendu : « mais Charles, tu ne te rends pas compte que ta voix a le même poids que celle d’un éboueur ou de ta femme de ménage ? ».
Bien sûr, ceux qui disent cela veulent bien être élus (puisqu’ils sont instruits, ils inspirent confiance), à condition qu’ils puissent filtrer les votes de ma femme de ménage pour défendre leurs intérêts à eux et pas les intérêts de ceux de ce qui les ont élus et encore moins ceux de la Nation.
Ce qui me ramène à la Grande-Bretagne ou les éduqués sont en révolte contre les moins-éduqués et de façon visible.
Que va-t-il se passer ? Personne n’en a la moindre idée, mais je vais essayer de mettre à jour les trois scenarios qui me semblent les plus probables sans prétendre mesurer leurs probabilités respectives, n’étant pas devin.
Le premier est un allongement de la période de négociation au-delà des aménagements déjà acceptés. Cela veut dire que la Grande-Bretagne va devoir organiser des élections européennes fin Mai. Et a ces élections, qui seront en fait un referendum bis, nous allons avoir trois partis qui vont devoir compter leurs voix.
  • Les Conservateurs pour lesquels personne ne va voter sauf s’ils mettent en tête de liste des personnalités qui veulent vraimentsortir de l’Europe ce qui apparaitra comme une horrible hypocrisie, sauf si madame May est virée ou démissionne d’ici-là. Dans ce cas, ces conservateurs seront tous (comme Hannan), opposés à la structure de pouvoir européenne et pourraient obtenir un bon score.
  • Les travaillistes, pour lesquels peu de gens vont voter puisqu’une majorité de leurs circonscriptions avaient voté pour sortir lors du referendum et qu’ils ne sont pas couverts de gloire pendant les débats aux Communes tant ils ont louvoyé et botté en touche. Qui plus est, leur attitude douteuse sur l’immigration, leur islamophilie et leur antisémitisme couplé a un marxisme primaire déplaisent passablement à une grande partie de leur électorat populaire.
  • Les troupes du nouveau parti que Farage va créer (il est la figure emblématique du Brexit avec le conservateur Jacob Rees-Mogg) … et ce nouveau parti va rassembler TOUS CEUX qui ont voté le Brexit et à ces gens vont s’ajouter beaucoup de ceux que la tentative de coup d’état contre les institutions britanniques a rendu ivres de rage, quand bien même ils auraient voté contre le BREXIT. Il y en a beaucoup et ce n’est pas pour rien que le symbole de l’anglais est un bulldog. Une fois que ce chien a fermé ses mâchoires, il ne les rouvre jamais et l’Allemagne ou la France en savent quelque chose. Et le but de tous ces nouveaux élus, qui seront les élus de Farage et de personne d’autre, sera de bloquer le fonctionnement des institutions européennes à tous les niveaux et le plus possible. .
De très loin, c’est la situation la plus dangereuse pour la survie du projet Europeen que porte nos élites françaises en particulier.
La deuxième verrait madame May réussir à faire passer, à la quatrième fois, son projet insensé devant un Parlement qui de ce fait trahirait son peuple, ce que ce dernier ne pardonnerait jamais. Il n’est pas du tout certain que la Reine accepte un tel développement tant il serait attentatoire à la démocratie, ce qui pourrait créer une crise constitutionnelle d’envergure inédite au Royaume Uni.
A mon avis, et connaissant les anglais comme je les connais, la Grande-Bretagne deviendrait ingouvernable très vite, et il faudrait organiser des élections législatives immédiatement.  Cette éventualité consacrerait la fin du parti Conservateur tel que nous le connaissons, puisqu’il aurait trahi la Nation.
Dans ces élections s’affronteraient non pas deux partis mais trois conservateurs, travaillistes et « englanders » et monsieur Farage se retrouverait dans la situation de Salvini en Italie. Je suis à peu près certain que tous les députés qui auraient voté cet asservissement de la Nation seraient battus. Par contre, il est probable que cela pourrait ramener sur le devant de la scène la question de l’indépendance de l’Ecosse.
Cette solution est la plus dangereuse pour la Grande-Bretagne  et c’est de loin celle qui aurait les répercussions les plus graves sur son économie et sur celles de ses voisins européens.
Ces deux premiers scenarios veulent tous les deux dire que l’Union Européenne garde en son sein un pays qui ne veut plus en faire partie, ce qui est contraire au principe sacré de la diplomatie du « Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes », et cela n’est pas politiquement tenable. Dans ces deux premiers cas, la crise ne pourra que s’aggraver.
La troisième solution est de loin la moins dangereuse et dépend sans doute du Président Français, ou peut-être de monsieur Salvini.
Elle requiert cependant de la part de monsieur Macron un peu de caractère.
La diplomatie européenne depuis les débuts de l’Euro a été menée par madame Merkel au profit exclusif de l’Allemagne avec tous les succès pour la construction européenne, que chacun peut voir aujourd’hui.
Le moment est venu pour notre Président de se souvenir de de Gaulle refusant l’entrée de la Grande-Bretagne dans ce qui était à l’époque le Marché Commun et donc de déclarer que puisque la Grande-Bretagne voulait sortir, eh bien, qu’elle sorte et qu’elle sorte immédiatement et sans qu’un accord ait été négocié.
Voilà qui lui permettrait sans doute à son parti de remporter les élections européennes en Mai prochain et si cela était le cas, à l’automne, il pourrait dissoudre le Parlement pour retrouver une légitimé qu’il a perdu. La France redeviendrait gouvernable, et l’on peut espérer que notre Président aurait appris de ses multiples erreurs et commencerait à s’intéresser à notre pays qui est tout sauf un « start up ».
S’il fait cela, alors il pourra commencer à gouverner contre les élites qui l’ont porté au pouvoir et donc au profit de notre pays et il sera réélu en 2022.
On peut rêver…

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