vendredi, août 23, 2019

Crédit social chinois (bientôt en France grâce à nos techno-politiciens)

J'ai failli mettre en titre « bientôt en France grâce à Macron », mais c'était malhonnête de ma part : en réalité, tous nos politiciens en rêvent.

Il suffit d'avoir entendu une fois Valérie Pécresse parler des Gilets Jaunes pour savoir à quoi s'en tenir sur nos politiciens, leur amour de la liberté, leur goût du débat, leur capacité à accepter les divergences.

Vous noterez la générosité du pouvoir chinois : il commence par considérer que tout le monde est honnête (crédit social de départ 1 000 points), puis décrémente en fonction des infractions.

La beauté très orwellienne de la chose est que vous pouvez être soumis à un système de crédit social sans même le savoir et, bien sûr, sans connaître votre score. Evidemment, pas de recours ni d'appel.

Copier-coller sur ce sujet :

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Le système de crédit social est un projet du gouvernement chinois gérant un système national de réputation des citoyens. Chacun d'entre eux se voit attribuer une note, échelonnée entre 350 et 950 (ou 1050, ce n'est pas clair) points, dite « crédit social », fondée sur les données dont dispose le gouvernement à propos de leur statut économique et social. Le système repose sur un outil de surveillance de masse et utilise les technologies d'analyse du big data.

Les autorités utilisent la reconnaissance faciale à grande échelle. La vidéosurveillance est particulièrement présente et efficace en Chine, non seulement en ville, mais aussi dans les zones rurales où elle supplée efficacement les forces de police. Un projet intitulé « clarté de neige » doit être achevé en 2020 et vise à couvrir de caméras les moindres villages chinois pour parvenir à « une couverture géographique totale, une couverture temporelle totale, et un contrôle opérationnel total ». Le crédit social est également utilisé pour noter les entreprises opérant sur le marché chinois.

La prétention du pouvoir à définir ce qui est du ressort de la vérité et ce qui ne l’est pas (lois dites sur les « fake news » en France et dans bien d’autres pays occidentaux ou sous influence occidentale) manifeste également peut-être un début de sinisation des esprits gouvernementaux en Occident.

Un des principaux théoriciens du projet, Lin Junyue, déclarait en 2016 que la Chine était devenue « le leader mondial » dans la définition des normes d’évaluation nationale et sectorielle du crédit et qu’elle devait chercher à « exporter son modèle de crédit social dans le cadre du projet des nouvelles routes de la soie », ce qui contribuerait à « l’exportation de la culture institutionnelle chinoise à l’étranger » [pour Edouard Husson, la contestation de la légitimité de Trump trois ans après son élection tient beaucoup à la fréquentation de la Chine par les Démocrates].

Selon la sinologue Séverine Arsène, « ce projet est surtout une nouvelle étape vers un mode technocratique et paternaliste de gouvernement, basé sur un dispositif de surveillance et des incitations et contraintes destinées à orienter en temps réel le comportement des individus. Ce système rappelle le dang’an (en), le dossier individuel tenu par l’unité de travail pendant la période maoïste, mais il en diffère fondamentalement par sa vocation à être montré, tant à l’individu ou à l’entreprise, qu’à ses amis et contacts professionnels ».

Selon Rachel Botsman, le processus de ludification est au cœur du système : « le gouvernement tente de faire passer l'obéissance pour un jeu. C'est une méthode de contrôle social déguisée en système de récompense. C'est l'obéissance, mais ludique ».

Jérôme Colombain estime que « c’est aussi un incroyable système numérique totalitaire. C’est le « big data » au service de la surveillance sociale et politique ».

L'ONG Human Rights Watch critique le lien entre le système de crédit social et une politique de justice prédictive testée auprès de la région ouïgoure. Les données recueillies peuvent notamment conduire les personnes dans les camps de rééducation du Xinjiang.

Critères :

– Mauvaise conduite.
– Fumer dans les trains.
– Acheter trop de jeux vidéo.
– Acheter trop de malbouffe.
– Acheter trop d’alcool.
– Appeler un ami qui a un faible pointage de crédit.
– Avoir un ami en ligne qui a un faible pointage de crédit.
– Mise en ligne de « fausses nouvelles ».
– Critiquer le gouvernement.
– Visiter des sites Web non autorisés [voilà mes lecteurs prévenus].
– Promener votre chien sans laisse.
– Laisser votre chien aboyer trop souvent (et si on mange le chien ?).
AAA (plus de 1050 points) : citoyen exemplaire
AA (entre 1030 et 1049 points) : citoyen excellent
A (entre 960 et 1029 points) : citoyen honnête
B (entre 850 et 959) : relativement honnête
C (entre 600 et 849) : niveau d’avertissement
D (549 et moins) : malhonnêteté.

Le crédit social a des conséquences individuelles concrètes (obtention d'un logement, d'un travail, etc.).

En novembre 2018, 6,7 millions de Chinois n’avaient déjà plus le droit d’acheter des billets d’avion et de train. Ce nombre semble maintenant être en hausse.
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