vendredi, juillet 25, 2025

L'abolition de l'homme (CS Lewis)

Cette édition est affublée d'une préface inutile et incertaine, probablement pour faire du volume. Ne la lisez pas, le texte de Lewis se suffit à lui-même.

Texte extraordinaire, issu d'une série de conférences en 1943, qui dit en 56 pages ce que Gunthers Anders exprime en centaines de pages.

La modernité fait disparaitre l'humanité, dont l'honneur est d'assumer le tragique de la condition humaine, remplacée par un troupeau de sous-hommes, incultes, insensibles, abrutis par la technologie, ne se différenciant pas fondamentalement des animaux d'élevage. Lewis n'aurait pas été surpris par les zombies de 2025, masqués, piqués, tatoués, obèses, QR-codés, courbés sur leurs écrans comme devant le Grand Turc.

La voie du Tao

Il prend comme point de départ deux manuels scolaires (de 1943) qui refusent de former les élèves à des jugements esthétiques et parle de men without chest, difficilement traduisible, puisque cela signifie littéralement « hommes sans poitrine » mais avec la nuance qu'on retrouve dans l'expression française « avoir du coffre ».

J'ai déjà dit que la plupart de nos contemporains étaient des sous-hommes ou, si cette expression connotée vous choque, des hommes diminués, amputés de l'esprit. Je parle en connaissance de cause : comme tout le monde, j'en ai dans mon entourage (le tatouage est un indicateur très sûr pour les repérer du premier coup d'œil).

Lewis accuse le relativisme, niant toute valeur morale absolue découlant de la loi naturelle, tentative moderne de bâtir sur du sable.

Aparté : la loi naturelle est toujours le prétexte d'un quiproquo fâcheux. Il ne s'agit pas de la loi de la jungle mais de la la loi découlant de la nature de l'homme, être corporel et spirituel, social et rationnel.

Lewis prend un exemple personnel. Il est mal à l’aise en compagnie de jeunes enfants (donc il n'est ni Jack Lang ni Daniel Cohn-Bendit ni Pierre-Alain Cottineau). Il n’en tire pas (subjectivisme) que les enfants sont inintéressants mais (rationalité loi naturelle) que les enfants sont l’avenir et qu’il a, lui, un problème de sensibilité vis-à-vis des jeunes enfants.

Lewis baptise la voie traditionnelle de construire les valeurs morales sur la loi naturelle, qu'on retrouve dans beaucoup de religions et de cultures, la voie du Tao. En annexe, Lewis a mis une série de préceptes moraux interchangeables issus de différentes cultures (chinoise, indienne, assyrienne, chrétienne, juive, etc.) montrant l'unité des morales fondées sur la loi naturelle.

Les hommes sans poitrine flottent dans le relativisme, sans rien pour connecter la tête, l'intellect, avec les tripes, le sentiment.

La midwiterie

Lewis est décidément remarquable. En 1943, il incrimine dans l’erreur relativiste les midwits (en français les demi-habiles, les Intellectuels-Idiots, les gens qui font des études supérieures sans en avoir les capacités). Le livre de Burnham sur la classe manageriale date de 1941. Lewis l'a-t-il lu ? Toujours est-il qu'il identifie bien le péril de de la midwiterie alors que les rejetons de ce phénomène délétère, la « massification de l'enseignement », ne prendront le pouvoir que 25 ans plus tard (mai 68).

Le « gang des R25 » de 1981 est un sommet de midwiterie. Je pense ne pas leur faire une injustice en disant que Mitterrand, Mauroy, Rocard (dont on a su récemment qu'il était financé par l'Algérie), Bérégovoy, Cresson, ce n'était pas exactement Richelieu et Mazarin.

Les Novateurs (comme ils les appellent) sont incapables de fonder une morale sur ... rien. Ils sont donc obligés de recycler des parties du Tao tout en se fixant pour but de le ruiner. Et, à la fin, il ne reste rien. Il tient un raisonnement très similaire à celui d'Emmanuel Todd expliquant le passage du catholicisme au catholicisme zombie, puis du catholicisme zombie au nihilisme, pulsion de mort. Sauf qu'il le fait avec 80 ans d'avance. Là où Todd observe, Lewis prédit avec une stupéfiante acuité.

Il exécute Nietzsche en une phrase (« Nietzsche est un nutritionniste qui penserait intelligent de nous apprendre à manger des cailloux »), comme il sied à un homme intelligent. J'éprouve de la pitié pour ses petits cons midwits qui ont lu Nietzsche et se prétendent « nietzchéens », sans saisir que c'est une de ces lubies d'adolescent qui ridiculisent un adulte.

Le refus de la vie

Les premiers essais de pilules contraceptives datent des années 20 mais elles ne seront vraiment au point que dans les années 50. Lewis n'en fait pas de mention directe. Quant à l'échographie et au diagnostic prénatal, ils sont encore dans les limbes.

Pourtant, Lewis explique que les progrès de la contraception transformeront la vie de don de Dieu en opération planifiée (ce que, dans notre langage néo-nazi de 2025, on appelle « un projet d'enfant ») et que tout cela finira mécaniquement par un eugénisme admis par tous et, à la fin, par le refus de la vie.

D'accord, c'est plus facile de faire des prédictions justes quand on a les bons principes et qu'on a oublié d'être con, mais, tout de même, je suis impressionné.

Des non-humains

A force de verser dans le relativisme, de combattre la nature, les Novateurs n'ont plus aucune règle et sont soumis à leurs seuls désirs. Ils deviennent inhumains, des zombies.

S'ils sont dirigeants, ils n'ont comme outils que le conditionnement et la manipulation, puisqu'ils nient que la Vérité qui pourrait convaincre de leur obéir existe.

C'est peut-être le passage le plus extraordinaire de ce texte hors du commun : en 1943, Lewis fait une description exacte de la caste macroniste :


Pas mal vu, non ?

Au passage, la question du sexe de Brigitte Macron n'est pas anecdotique, comme le croient les naïfs (« La France a des problèmes plus graves ») : elle est le signe de la caste, de sa transgression institutionnalisée, de son défi à la nature, de son inhumanité, de sa perversité.

L'abolition de l'homme

Plus l'homme maitrise la nature, plus il s'éloigne de sa propre nature, plus il devient artificiel (Ellul disait des choses du même genre). Jusqu'au moment où il pourra se modifier lui-même pour n'avoir plus rien d'humain, n'être qu'un robot, Lewis évoque les manipulations génétiques (oui, en 1943, Lewis annonce le transhumanisme).

Il en profite pour glisser la très aristotélicienne remarque que ce monde est celui des causes efficientes partout et des causes finales nulle part.

Lewis fait donc cette prédiction extraordinaire, pleinement réalisée en 2020 lors du délire covidiste et l'avénement de la médecine vétérinaire à destination des (ex-)humains : un petit groupe d'hommes, rendus inhumains par leur immoralité, maitrisant les techniques de manipulation de masse, fera obéir, sans guère de violence, un immense troupeau d'hommes sans poitrine, de zombies, rendus inhumains par leur vide intérieur.

Et ainsi, se fera l'abolition de l'homme.

En 2025, cette parole prémonitoire est accomplie. Sauf peut-être en Afrique et en Amérique du Sud.

Pour Lewis, l'abolition de l'homme est irréversible. Une fois que des hommes ont appris à manipuler d'autres hommes dans leur être, ce savoir corrode tout.

Je n'en suis pas si sûr. Les zombies sont fondamentalement stériles, même s'ils se mettent un jour à produire des bébés dans des machines.

Il restera bien dans un coin de la Terre quelques hommes qui se soumettront encore joyeusement au Tao et qui survivront.


3 commentaires:

  1. Merci pour cette decouverte.

    Pour revenir au sexe de Brigitte ...Et si l'histoire officielle était parfaitement vrai et que le vrai scandale était que c'est une grosse péd0 de la pire espèce qui a fait subir à Manu un grooming de la pire espece dont il ne serait jamais réellement sortie ?
    Ce youtubeur (l'Observateur) aborde cette option là: https://www.youtube.com/watch?v=oGBUeGCNjUA

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  2. "ce monde est celui des causes efficientes partout et des causes finales nulle part."

    Mais ça a toujours été le cas, ce sont les causes finales qui sont une illusion.

    Ceci dit, si vous survivez aux très prochaines années vous allez être doublement surpris, ce sera pire que ce que vous imaginez mais aussi TRES différent.

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    1. "Mais ça a toujours été le cas, ce sont les causes finales qui sont une illusion."
      Non. Une grande partie de l'histoire de l'humanité s'est déroulée avec la conscience que nous n'étions pas la uniquement pour bien bouffer, partir en vacances et s'amuser.

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