dimanche, août 10, 2025

Deux bombes sous le Rainbow Warrior (Hervé Gattegno)

Bon, ce livre est écrit par un gauchiste de l'imMonde, donc à prendre avec des pincettes.

La France a bien fait de faire sauter ces connards de Greenpeace à la solde de Moscou (et aussi un peu de Washington, car les deux n'étaient pas toujours en opposition). Si c'était à refaire, il faudrait le refaire. En mieux (plus subtilement que par une action spectaculaire ?).

Une opération très mal préparée

La France savait parfaitement à quoi s'en tenir sur Greenpeace et son hostilité était justifiée.

Elle procédait alors par de discrets et très efficaces sabotages. Les bateaux de Greenpeace avaient une telle propension à tomber en panne qu'on aurait pu les prendre pour des Renault.

Mais voilà : à la va-vite, le pouvoir politique, c'est-à-dire François Mitterrand et Charles Hernu (mais Hernu ignore que Mitterrand est au courant), décide de faire plus spectaculaire.

L'organisation est bâclée et merdique.

Les deux agents principaux, Alain Mafart et Dominique Prieur, les fameux faux époux Turenge, sont expérimentés et ont immédiatement de mauvais pressentiments. Ils protestent contre les faux passeports suisses, si faciles à vérifier (et c'est bien ce qui les perdra). Mais ils exécutent les ordres (Dominique Prieur aurait dit « Je ne reviendrai pas avant trois ans »).

Autre erreur grossière : des numéros de téléphone de secours qui mènent directement au fort de Noisy (le ministère de l'intérieur et les PTT réagiront avec autant de promptitude que DSK saute sur une femme de ménage et ces numéros seront réattribués et antidatés).

Une erreur d'organisation a été de ne pas prendre en compte que les Néo-Zeds étaient des enfoirés d'anglo-saxons, c'est-à-dire des délateurs nés (on l'a bien vu pendant le délire covisiste. Les Anglais cultivent l'excentricité justement parce que leur société est très étouffante). Il fallait organiser la fuite des acteurs beaucoup plus rapidement. Idéalement, ils auraient du être dans l'avion avant les explosions.

Enfin, infraction majeure aux règles, les réunions de préparation des situations dégradées sont court-circuitées.

Le chef direct de Mafart et Prieur, qui ne brille pas par sa finesse, brûle d'en découdre, de se faire un nom (sa carrière ne sera pas vraiment entravée par ce spectaculaire échec) et pousse à la roue.

Par différents canaux, des réticences remontent dans la hiérarchie mais les ordres sont les ordres.

Une trentaine d'agents sont impliqués mais on ne connait encore aujourd'hui qu'une dizaine de noms.

Bref, avec autant de choses qui pouvaient merder, ça a merdé.

Le bateau a bien été coulé.



Mais au prix d'un désastre médiatico-politique :


Mitterrand le menteur

Mitterrand, qui est parfaitement au courant de l'opération puisqu'il l'a ordonnée, ment à son premier ministre, Laurent Fabius, et à son ministre de la défense, Charles Hernu. Fabius s'accusera ultérieurement de naïveté.

On décrit Mitterrand comme florentin, mais c'est pour dire que, comme Machiavel, c'est un enfoiré des coups à la petite semaine, pas un stratège (il est tout juste bon à battre cet imbécile de Chirac, mais, face à Kohl, il s'est fait entuber, et la France avec lui). Mentir à ses ministres n'est pas seulement une faute morale, c'est une faute contre l'intelligence. Ce mensonge empêche toute réplique française organisée.

Heureusement, aux échelons inférieurs, entre gens « des services », on ne se ment pas et les contre-feux s'organisent quand même. Cependant, ce n'est pas la même chose que si l'impulsion venait d'en haut.

Bref, le mensonge mitterrandien fout le bordel : le premier ministre et le ministre de la défense sentent que Mitterrand leur cachent des choses et ne savent pas sur quel pied danser.

Surtout, la police de Joxe et le justice de Badinter collaborent avec les Néo-Zélandais et traquent des militaires français en service commandé (depuis, c'est devenu une habitude).

C'est le bordel en France et, en Nouvelle-Zélande, Prieur et Mafart sont traités très sévèrement. Les militaires font le siège des politiques en demandant une discrète négociation. Hernu se braque, le scandale éclate dans la presse et c'est foutu pour la discrétion.

C'est  le cinéma des révélations et des fuites, avec l'infâme Edwy Plenel. Une bonne partie des fuites vient justement de la confusion : Untel croit protéger le président en révélant ceci, Machin croit protéger la raie-publique en révélant cela, etc.

Hernu est viré et Fabius est en porte-à-faux. Mitterrand est réélu haut la main, ce qui prouve que le problème de la France, ce sont les Français.

Rapatrier les faux époux Turenge

Daniel Soulez-Larivière, avocat de gauche et bon connaisseur du droit anglo-saxon, est choisi par le gouvernement pour défendre Prieur et Mafart.

Il a enfin accès au dossier et découvre qu'il n'est pas très solide (les agents français n'ont pas si mal travaillé, il y a peu de preuves, à part les faux passeports suisses ... et les révélations dans les journaux).

Il conseille donc une négociation : plaider coupable en échange d'une dégradation de l'incrimination en « homicide involontaire » (qui est d'ailleurs juste : il n'y avait pas l'intention de tuer).

Malheureusement, suite à des cocoricos français gênants pour le pouvoir néo-zélandais, Prieur et Mafart sont condamnés à dix ans de prison.

C'est la « cohabitation » (c'est-à-dire la trahison connivente de l'esprit de la constitution). Mitterrand et Chirac sont d'accord pour sortir de prison les agents français le plus vite possible. Une négociation aboutit, déguisée en arbitrage international pour sauver les apparences.

Dominique Prieur tombe réellement enceinte et Alain Mafart réellement malade, ce qui aide à dénouer les choses. Au bout de trois ans. Dominique Prieur et Alain Mafart sont libérés.

En conclusion

Certains acteurs opérationnels expriment aujourd'hui leurs regrets de la mission. Je crois qu'ils ont tort. Le seul regret à avoir est que cette mission ait tourné au fiasco.

En 2015, le colonel Jean-Luc Kister, responsable de l'unité de nageurs de combat chargée de la pose des bombes, avait présenté dans un entretien à Médiapart des excuses à la famille de Fernando Pereira, à Greenpeace et à la Nouvelle-Zélande. « À sa place, je ne l’aurais pas fait. Même si je comprends ses raisons », a réagi Christine Cabon [un des agents qui préparé la mission en allant sur place].

Ces regrets me paraissent déplacés.

Au niveau politique, ce n'est pas du tout la même histoire.

Avant. La nécessité d'une action violente ne saute pas aux yeux.

Mais Charles Hernu, qui buvait beaucoup (du champagne rosé, normal pour un socialiste) et était assez peu sûr de lui, était obsédé par une action spectaculaire et une certaine hiérarchie militaire, pour des questions de prestige de service, rêvait « de chaleur et de lumière ». Les options non-violentes n'ont pas été explorées à fond, alors que la France les pratiquait (les variantes du sucre dans le carburant façon Le corniaud, ça fonctionne très bien).

Mitterrand s'est immiscé sans rien contrôler.

Indépendamment de ses options politiques sataniques, je doute que François Mitterrand fût un très bon dirigeant. Donner des ordres et en contrôler l'exécution, ça ne s'improvise pas, ou alors il y faut un talent naturel que n'a pas tout le monde.

Après. La duplicité de Mitterrand a tout pourri et a empêché de limiter les dégâts.

Bref, une affaire socialiste comme on les aime.

Essence of decision : explaining the Cuban missile crisis (Graham Allison, Philip Zelikow)

Je relis cet excellent livre, plus que jamais d'actualité (je m'aperçois que je n'en ai pas fait de recension sur ce blog).

Bien sûr, il ne concerne pas la France, puisque la classe dirigeante prétendue française s'étant débarrassé dans l'allégresse du poids de ses responsabilités en bazardant notre souveraineté, nous n'avons plus de décision que de la couleur du papier peint (et encore, à certaines conditions dites écologiques).

Livre passionnant, mais, pour ceux qui n'ont pas le temps, le film Treize jours, même s'il simplifie beaucoup de choses, est très bien.

En résumé :

> Kennedy s'est isolé du bruit médiatique en invoquant une grippe.

> il s'est entouré de fidèles (dont son frère).

> il a tenu les rênes très courtes aux militaires en qui il n'avait, à raison, aucune confiance. Plusieurs fois, la simple application des procédures aurait pu mener à la guerre. Kennedy faisait court-circuiter la hiérarchie militaire pour vérifier au plus bas niveau quels étaient exactement les ordres.

> il a essayé de se garder des options ouvertes et de pas se mettre dans un cul de sac.

> pareil avec les soviétiques : il a essayé de ne pas les acculer.

> il a parlé publiquement de l'affaire quand ce n'était plus possible de garder le secret et quand des contacts étaient déjà noués.

La clé de l'affaire est qu'il a deviné qu'il y avait des tensions dans la direction soviétique et qu'il ne fallait pas donner du grain à moudre aux va-t'en-guerre.

Rappelons la fin de l'histoire : accord secret de retirer les missiles américains de Turquie un an plus tard et, en échange, les Russes ont retiré leurs missiles de Cuba.

(Billet commencé en 2022, terminé ce jour.)

jeudi, août 07, 2025

La guerre de 1870 (François Roth)

C'est une guerre que je connaissais mal. Je n'avais pas perçu à quel point la défaite était due à des fautes de commandement. Je comprends mieux Renan parlant de la nécessité d'une réforme intellectuelle et morale.

Les Allemands étaient supérieurs en artillerie de campagne, mais le fusil Chassepot français était plutôt meilleur. Surtout, nos ennemis étaient mieux organisés et plus entreprenants.

La guerre a commencé par des batailles de rencontre (Reischoffen, Gravelotte, Saint Privat) qui ont surpris les deux adversaires. Les Allemands ont pris des risques, qui ont payé à cause de notre désorganisation et de notre mauvais commandement.

A chaque fois, des réserves qui auraient renversé radicalement le cours de la bataille, transformant des défaites mitigées en victoires  nettes, sont restées inemployées, faute de compréhension de la situation et d'une communication claire.

Certes, dans l'ensemble, les Français étaient inférieurs en nombre, mais pas toujours localement. L'incapacité à équiper les réserves joue beaucoup dans le déficit français. Bref, le bordel.

Le grand n'importe quoi

Pour briser la spirale de la défaite, Napoléon III donna alors un ordre audacieux mais qui ne fut pas exécuté : le repli de l'armée sur Châlons. La retraite sous pression de l'ennemi est toujours un gros risque, mais ça permettait à l'armée de se réorganiser et d'étirer la logistique allemande.

Au lieu de cela, Bazaine, très surévalué (à sa nomination, ceux qui l'ont connu au Mexique ont dit « Nous sommes perdus », mais il était bien vu de la presse et de l'entourage de l'impératrice), s'enferma dans Metz et se défendit en dépit du bon sens. Avec le désastre que nous connaissons.

« Bazaine a capitulé ! » est le cri de désespoir d'un peuple trahi.

Pendant que Bazaine temporisait mortellement à Metz (alors qu'au début du siège, il avait tous les moyens de faire souffrir les Allemands, très aventurés), l'armée de Mac-Mahon, qui se trouvait à Châlons avec l'empereur, qui lui s'était replié, aurait du y rester pour couvrir Paris et recueillir les éléments fuyant depuis l'est. Hé bien, pas du tout ! Mac-Mahon reçut et exécuta l'ordre imbécile, venu du gouvernement maléfique de l'impératrice à Paris, de quitter Châlons et de remonter vers le nord à l'aveuglette, sans savoir où étaient les Allemands. L'empereur, malade, ne s'y opposa pas.

Cet ordre était tellement idiot que les Allemands furent surpris. Mais ils n'eurent aucun mal à coincer les Français à Sedan après quelques jours de poursuite, à la fois parce qu'ils étaient en nette supériorité numérique et parce que les Français étaient si mal renseignés qu'ils ont omis de couper les ponts sur la Meuse.

Avec leur tact habituel, les Allemands laissèrent les prisonniers français mourir de faim et de maladies.

Quand on manque de discernement ...

Voilà une guerre commencée sur une intoxication grossière (la dépêche d'Ems), dans un vide diplomatique abyssal (la France n'a aucun allié), que nous n'aurions jamais du déclarer (tout à perdre, rien à gagner), et qui s'enchaina sur des décisions inadaptées.

Ce n'est pas de la franche bêtise, mais un manque constant de jugement, de discernement : pas la bonne décision, pas au bon moment.

Quand on prend systématiquement de mauvaises décisions pour de mauvaises raisons (un peu comme nommer une femme parce que c'est une femme, si vous voyez ce que je veux dire), ça se termine rarement bien.

Alors que la guerre se déroulait sur le territoire national, donc au milieu de milliers d'informateurs de bonne volonté, le gouvernement et les militaires français étaient étonnamment mal renseignés, la plupart des décisions furent prises à l'aveugle, sur la foi de rumeurs non vérifiées, alors qu'il aurait parfois suffi de lire les journaux étrangers pour avoir une idée plus claire de la situation.

Les lignes télégraphiques étant faciles à couper, les renseignements circulaient mal et, de part et d'autres, des décisions furent prises à l'aveuglette. Mais, côté français, ce comportement revêtait un caractère systématique, sous le gouvernement républicain comme sous le gouvernement impérial, tout à fait étonnant.

Notre marine n'a joué aucun rôle, faute de préparation. Pourtant, elle était très supérieure à la marine allemande, puisque celle-ci était à l'époque quasiment inexistante.

Partout, les Français ont combattu avec un grand courage, donnant des scènes de chromo, comme Les dernières cartouches à Bazeilles.


Mais une défaite courageuse, ce n'est pas une victoire.

Pour le plus grand malheur de l'Europe, les Allemands ont joué un coup de maitre.

Une poursuite de la guerre pour la raie-publique

La suite, le siège de Paris, l'armée de la Loire, le gouvernement de Bordeaux, la Commune, sont des péripéties politiques, mais le sort des armes est scellé.

La guerre est poursuivie pour complaire à la clique de branquignols de Gambetta. Le seul résultat concret en est d'aggraver les souffrances des Français et d'alourdir la défaite de la France. Mais que ne ferait-on pas à la gloire de la raie-publique ? Un raie-publicain, c'est quelqu'un qui est toujours prêt à trahir les intérêts extérieurs de la France pour assoir sa position politique intérieure.

Les armées allemandes assiégeant Paris, étirées et loin de leurs bases, sont vulnérables. Mais, pour exploiter cette situation favorable, il eut fallu une énergie dans le gouvernement, une rigueur dans l'organisation et un talent militaire dont la France de l'époque est totalement dépourvue.

Ah ça, les déclarations ronflantes s'enchainent, le vieux Totor Hugo de retour d'exil, toujours aussi con (on peut être un écrivain de génie et un parfait crétin), en tête. Mais aussi, concrètement, les décisions malencontreuses : le gouvernement qui s'enferme dans Paris, la délégation de Tours mal choisie, les mobilisations brouillonnes, l'absence de travail diplomatique ...

Le peu de chances de rétablissement qui restaient à la France après les désastres d'août 1870 n'ont pas été saisies, même pas approchées.

Alors, certes, il y eut des épisodes admirables de courage et d'abnégation, mais rien qui fût bon pour le pays. La seule chose qui n'a pas manqué aux Français est la bonne volonté patriotique, mais, pour le reste, le jugement, le discernement, la méthode, la vision politique, le talent militaire ... aux abonnés absents.

Qu'est-ce qui différencie la résistance sublime d'un de Gaulle de l'obstination idiote d'un Gambetta ? La situation internationale.

Comme les Français ne sont pas les seuls à faire des conneries, Bismarck commit la faute majeure d'humilier la France et de faire peur à la Grande-Bretagne. L'Allemagne le payera très cher et c'est bien fait pour sa grande gueule.

En 1914, la mobilisation des réserves et le renseignement sont toujours aussi déficients, mais les autres problèmes ont été résolus. La France n'est pas isolée, les armes techniques (train, transmissions, génie) sont plutôt à la hauteur. Même si Joffre est une catastrophe, l'armée a su attirer et promouvoir des talents (je ne suis pas sûr qu'on puisse dire la même chose en 2025), le pays est beaucoup mieux dirigé. En 1914, la guerre commence aussi mal qu'en 1870 mais la suite est très différente.


mercredi, août 06, 2025

Les trois derniers chagrins du général de Gaulle (Anne et Pierre Rouanet)

Le second mandat, interrompu, 1965-1969, de Charles de Gaulle est celui où la bourgeoisie française a pu de nouveau exprimer, sous la caution morale de Georges Pompidou, sa pulsion anti-nationale.

Il est trop incertain de faire la psychanalyse de cette sempiternelle dilection pour la trahison, mais il est aisé de la constater. Elle se scande en dates d'infamies qui ne laissent guère de place au doute : 1815, 1871, 1940, 1946, 1968-69, 1992, 2008, 2017 ...

A chaque fois, compromissions avec les ennemis de la France au nom du raisonnable. Etrange, très étrange, raison qui tombe toujours du côté de la trahison.

S'il faut absolument lui donner une origine, disons 1763, quand cet enculé de Voltaire se réjouit de la défaite française au Canada.

Laissons la parole à Edouard Husson, qui m'a donné envie de lire ce livre, pour poser le décor :

1964-1969: Le Testament du Général

Faisons la liste des décisions et messages du Général de Gaulle, qui enjambent 1965 et qui sont autant d’éléments d’un Testament du Général:

+ le constat d’échec de la coopération franco-allemande en avril 1963.

+ la reconnaissance de la Chine populaire, le 31 janvier 1964.

+la conférence de presse sur la politique monétaire américaine, le 4 février 1965.

+ la politique de la chaise vide au sein des institutions européennes entre le 30 juin 1965 et 1966, pour y affirmer l’autorité de la France.

+ la sortie du commandement intégré de l’OTAN, le 7 mars 1966.

+ du 20 juin au 1er juillet 1966, la visite du Général en URSS

+ le discours de Phnom-Penh, le 1er septembre 1966, dans lequel, depuis le Cambodge, de Gaulle dénonce la guerre du Vietnam et l’impérialisme américain en général.

+ le discours « Vive le Québec Libre » du 24 juillet 1967.

+ la conférence de presse critiquant la Guerre des Six Jours, du 27 novembre 1967.

Limites de la construction européenne, arbitraire du dollar, éveil de la Chine, résurrection de la Russie sous le communisme, échec prévisible des guerres américaines, impasse dans laquelle s’enfonçait Israël….

Il n’est pas un sujet sur lequel le Général ne nous ait livré une clé pour comprendre aujourd’hui. Et pourtant, pendant 60 ans, c’est l’esprit de 1968 qui l’a emporté, avec, au bout du compte, la négation des avertissements ou recommandations du Général dans tous les domaines.

En 1969, la coalition des notables refusa au Général la régionalisation, le renouvellement de la composition du Sénat et la participation des salariés aux résultats de l’entreprise.

Aujourd’hui, la classe dirigeante française ayant accepté la fédéralisation de l’Europe, profitant d’une économie largement dollarisée, incapable de répondre à la main tendue de la Chine pour construire un nouvel ordre international, porteuse de sanctions contre la Russie, incapable de critiquer Israël, cette France-là, conduite par une haute fonction publique obsédée de centralisme et ayant jeté par-dessus bord tout patriotisme, est bien l’héritière de 1968.

Elle est certes en train d’agoniser mais elle refuse de lâcher le gouvernail.

Reprenons avec M. et Mme Rouanet

Vive le Ponpon libre ? (premier chagrin)

Finement, les Rouanet détectent la première fêlure politique entre De Gaulle et Pompidou le 25 juillet 1967, à propos de « Vive le Québec libre ! ».

Nota : quand De Gaulle déclare « J'ai payé la dette de Louis XV » (en fait, c'est le conseiller diplomatique Jean-Daniel Jurgensen qui l'a dit), tout le monde comprend. La classe politique n'est pas encore devenue le ramassis de pithécanthropes et de pouffiasses qu'elle est en 2025. Il n'est pas rare que De Gaulle s'en tire en conseil des ministres par une citation classique, cela lui permet de se faire comprendre sans s'expliquer. Je suppose que, pour obtenir le même effet, Macron cite des séries télévisées américaines.

Pompidou ne s'oppose pas à De Gaulle, il est plus fin que cela, mais on le sent agacé.

Il y a la différence de générations.

De Gaulle est de cette génération d'après la guerre de 1870, si bien décrite par Péguy, qui vit dans l'angoisse permanente de la disparition de la France. Puis il y a eu la défaite de 1940, que De Gaulle a vécu aux premières loges.

Pendant ce temps, Pompidou faisait le dandy littéraire.

On a dit de Giscard d'Estaing qu'il ignorait que l'histoire était tragique. Pompidou, qui est plusieurs classes au dessus, lui, ne l'ignore pas, mais il n'en a pas la sensation intime comme De Gaulle.

Pompidou pense loin, mais De Gaulle pense toujours plus loin. L'un compte en années, l'autre en siècles.

En tout cas, les ministres sont inquiets des réactions anglaises et négligent totalement la joie des Canadiens français. Tout l'inverse de De Gaulle. La fracture ne va cesser de s'élargir. C'est intéressant que cette fracture survienne à propos des intérêts anglo-saxons.

C'est caricatural de faire de Pompidou un pion des Rotschild, l'homme valait mieux que cela. Mais tout de même ...

S'en suit un long développement pour montrer que « Vive le Québec libre ! » n'est absolument pas improvisé mais que De Gaulle, à 77 ans, est pressé par le temps. Les détails me permettent de comprendre mieux comment le Canada est devenu, comme la Belgique, un non-pays, un pays dont l'identité est de n'en avoir aucune et de recueillir toutes les identités étrangères. En dissolvant l'identité québécoise dans l'américanisme, le Canada s'est dissous lui-même.

Le retour à Paris est douloureux.

Le ministre Couve de Murville laisse entendre que le Vieux s'est laissé emporter par l'enthousiasme populaire, alors que les plus fins ont compris. Comme quoi on peut être ministre et manquer singulièrement de finesse.

Son Excellence André François-Poncet commet dans le Figaro (le journal de la trahison de droite, l'imMonde étant le journal de la trahison de gauche) un article assassin évoquant la sénilité.

Pour une fois, De Gaulle se venge (il a le double défaut d'être ingrat et pas assez rancunier : il ne récompense et ne punit pas assez). M. François-Poncet perd sa place de représentant de l'Etat au comité de la Croix-Rouge. L'affaire fait jaser le Tout-Paris bien plus que le destin du Québec. La mystérieuse pulsion anti-nationale de la bourgeoisie française est aussi féroce q'une addiction à la drogue.

Et les auteurs de commenter en citant Stendahl :

Excellent juge des circonstances piquantes d'une intrigue et des petites choses en général, dès que le sujet dont on s'occupe prend des proportion héroïques la société de Paris n'y est plus. L'instrument de son jugement ne peut s'appliquer à ce qui est grand : on dirait un compas qui ne peut s'ouvrir passé un certain angle.

C'est mon quotidien des discussions dans mon entourage parisien !

Le fait est que même les pontes gaullistes étaient gênés par « Vive le Québec libre ! », à part (quelle surprise !) quelques gaullistes historiques.

Grande-Bretagne et Israël

Les deux ennemis de De Gaulle en 1967 sont la Grande-Bretagne, à cause de son son refus de l'entrée des Grands-Bretons dans la marché commun, et Israël à cause de l'embargo sur les armes suite à la guerre des six jours.

Ces deux problèmes intéressent beaucoup plus les milieux autorisés qui s'autorisent à penser que les Français.

Il y a souvent un épisode comique dans ces histoires très sérieuses : l'expression « Israël peuple d'élite sûr de lui et dominateur » que des gens de très mauvaise foi (non, Raymond Aron n'est pas ce parangon de vertu intellectuelle qu'on nous présente toujours) reprochent à De Gaulle est directement tirée de l'Ancien Testament, brûlot judéoophobe comme chacun sait.

En mai fais ce qu'il te plait (deuxième chagrin)

La participation et l'intéressement, entendus dans un sens très large, sont pour De Gaulle une réponse au malaise individualiste moderne, on est donc loin d'un simple complément de revenus.

Pour Pompidou, c'est juste une lubie du Vieux.

Les auteurs, sans avoir l'air d'y toucher, sont impitoyables avec Pompidou : ils écrivent que son défaut fondamental est d'être stérile, qu'« il n'ensemence pas l'avenir », ils expliquent ainsi son non-engagement dans la Résistance (Pompidou avait parfaitement l'âge et la capacité de s'engager dans la Résistance).

Je trouve que c'est très bien vu. Pompidou n'a jamais caché son admiration pour De Gaulle, on sent qu'il s'estime supérieur au sens académique (Normalien contre Saint-Cyrien) mais qu'il a bien compris que De Gaulle avait ce petit truc en plus qui le met « hors de toutes les séries » (l'expression gaullienne pour parler de sa décision du 18 juin). Dire que ce petit truc en plus est que De Gaulle porte des fruits (tout ce qui reste de bien en France vient de lui) alors que Pompidou n'en porte pas (sauf peut-être le programme nucléaire) me semble assez juste.

Durant la foire de Mai 68, c'est la « raison » pompidolienne qui échoue.

De Gaulle dit de Pompidou : « Comme tous les banquiers, il est inflationniste ».

De Gaulle voulait faire tirer dans les jambes des manifestants au début des troubles mais s'oppose à la proposition de Pompidou d'utiliser les chars de la gendarmerie avec la question « Et le jour d'après ? ». On comparera avec Macron n'hésitant pas à faire éborgner les Gilets Jaunes. Je n'ose insister.

Ce n'est pas faute que les notables « gaullistes », inquiets pour leur gamelle, défilent chez Pompidou, qui ne fait rien pour les décourager, en lui conseillant de se débarrasser du Vieux. Et pour la deuxième fois en quelques mois, les ministres trahissent De Gaulle en complotant dans son dos avec le premier d'entre eux.

Pierre Juillet et Marie-France Garaud rêvent de mettre les barons du gaullisme au placard. Leur ignoble créature, Jacques Chirac, y parviendra.

Tout cela, c'est de la tactique à la petite semaine. Quelle allure cela a, de la part de Pompidou, de reprocher à Georges Séguy de mal avoir préparé la salle où il s'est fait huer à Billancourt ?

Mais quand il s'agit de reprendre la main, c'est le Vieux qui est à la hauteur des enjeux. Comme dit un ministre, « On attendait un discours de pré-retraite, on a entendu fulminer Jupiter tonnant ».

Rembobinons la bande.

Le 29 mai au matin, De Gaulle fait mine de partir pour Colombey en prenant bien soin de ne déléguer aucun pouvoir, en convoquant un conseil des ministres pour le lendemain et en ne laissant que quelques instructions à des militaires et surtout pas à des politiques.

Vol en silence radio. Après le ravitaillement des trois hélicoptères à Saint-Dizier (on peut d'ailleurs se demander comment trois hélicoptères qui ne répondent pas à la radio parviennent à se ravitailler sans problème, les voies du gaullisme sont impénétrables), De Gaulle ordonne à l'hélicoptère de la sécurité militaire de s'arrêter là et aux deux autres hélicoptères de continuer, toujours en silence radio, en rase-motte pour échapper aux radars, à 78 ans, vers une destination qu'il indique au pilote sur un bout de papier. Mme De Gaulle serre son sac à main (Pompidou s'est trompé, avec son intelligence des habiles, en croyant  que Mme De Gaulle userait de son influence pour insister son mari à la retraite).

Très vite, Paris apprend que De Gaulle n'est pas arrivé à Colombey. La panique s'installe : le président de la république a disparu.

Ne savent que trois militaires qui gardent le silence : son gendre (le général Alain de Boissieu) qui est allé sonder les armées de l'est, son aide de camp Flohic, qui a organisé une partie du voyage et est dans l'hélicoptère avec De Gaulle, et le général Lalande, son chef de cabinet militaire, qui a organisé le transfert à Baden-Baden de la famille de Philippe De Gaulle, bref des gens qui se feraient découper en tranches plutôt que de trahir un seul mot.

Pompidou commet alors une faute de jugement qu'il remâchera jusqu'à sa mort. Il fait comme si le pouvoir était vacant et s'apprête à parler aux Français dans la soirée. Les anti-gaullistes, souvent d'étiquette gaulliste, se dévoilent dans son sillage. Les auteurs en profitent pour fusiller Jacques Chirac (le livre est de 1980) : il a tout été dans sa vie, sauf gaulliste.

La petite histoire rejoint la grande : De Gaulle a posé à Pompidou la question « Dormez vous ? ». Déjà malade, le premier ministre est dopé par les médecins et enchaine les nuits blanches. Ca peut faire perdre sa lucidité à l'homme le plus intelligent.

Giscard, plus fin, se dit que le vieux a plus d'un tour dans son sac et adresse en privé à l'Elysée une lettre de fidélité (qui n'aura pas de conséquence à cause du filtre du secrétaire général de l'Elysée, Bernard Tricot).

De Gaulle débarque à Bade-Baden à midi et s'enquiert auprès de Massu : « Et les Russes ? » (De Gaulle est De Gaulle : dans le foutoir général, il n'oublie pas d'avoir des vues larges). Le hasard (?) faisant bien les choses, un général soviétique est passé la veille rendre une visite de courtoisie à Massu et lui a dit, de militaire à militaire, que les troupes soviétiques en Allemagne ne bougeront pas quels que soient les troubles en France.


De Gaulle décrypte immédiatement le message politique du gouvernement soviétique : aucune agitation qui pourrait fournir aux Américains un prétexte à accroitre leur emprise sur l'Europe de l'ouest n'est bien vue de Moscou, y compris des manifestations de chevelus crasseux boulevard Saint Germain (n'oublions pas que deux des trois leaders de l'agitation étudiante sont financés par la CIA). Il peut donc faire planer la menace de de rapatrier des troupes d'Allemagne pour rétablir le fonctionnement du pays.

A Paris, les militaires apprennent assez vite où est De Gaulle, mais s'abstiennent d'en informer le gouvernement avant la fin de l'après-midi (pas très mystérieux : les militaires en ont marre de la chienlit politique et De Gaulle leur a envoyé des signaux sur une possible loi d'amnistie des rebelles d'Algérie, alors si le gouvernement Pompidou s'enfonce, ce n'est pas si grave). C'est pendant ces deux ou trois heures de latence que les pseudo-gaullistes et les ambitieux de tout poil se grillent.

La carrière politique de Pierre Mendès-France est terminée et Mitterrand a eu chaud aux fesses.

Pendant ce temps, les vrais gaullistes à croix de Lorraine (la guerre a créé des fidélités à la vie à la mort par delà les partis politiques) organisent, sous la houlette des barons du gaullisme que déteste tant Pierre Juillet, la manifestation monstre du 1er juin. Le gouvernement est tenu l'écart (ça devait rajeunir certains qui avaient passé 4 ans à tenir la Gestapo à l'écart de leurs affaires).

Retour à Colombey, puis à Paris. De Gaulle a préparé son allocution, où il prévoit un référendum. Mais Pompidou lui fait comprendre que, la censure du gouvernement menaçant, seule la dissolution de l'assemblée nationale est appropriée. De Gaulle se rend à ses raisons et modifie son texte une heure avant de s'adresser aux Français. C'est ainsi que ne s'est pas faite la participation.

Ca vaut le coup de ré-écouter, on est loin du verbiage de managers à la Macron :



La participation, piège à cons (troisième chagrin).

Pendant la campagne électorale pour les législatives de juin 1968, après la dissolution, le divorce entre Pompidou et De Gaulle est total. C'est frappant en lisant leurs déclarations.

Mais ni l'opposition, pressée d'unir les deux têtes de l'exécutif dans la même réprobation, ni la majorité, qui parie que Pompidou va être reconduit, ne perçoivent vraiment cette rupture. C'est très étrange.

La victoire de la majorité est écrasante sans emporter l'adhésion, De Gaulle est sans illusions, ce sont « les élections de la peur ».

En tout cas, De Gaulle nomme Couve de Murville premier ministre avec un seul objectif : réussir le référendum sur la participation.

Dès le début, ça merdouille : Couve n'est pas l'homme de la situation. Avec moins d'animosité que Pompidou, il trouve que la participation est une lubie du Vieux. De Gaulle sent bien que la situation lui échappe, tout le monde traine des pieds : il a le temps contre lui, tous les carriéristes savent que dans trois ans au plus tard, il est parti.

A l'automne, la spéculation contre la France reprend comme en mai et les Français devinent d'où le coup vient : l'argent de la relance flambé par Pompidou est utilisé par les patrons pour jouer contre la France. Des ministres pompidolistes favorisent cette spéculation contre la France dont, bien entendu, le dégueulasse Jaques Chirac. L'information remonte à De Gaulle mais il ne peut pas faire grand'chose.

Les notables et les notoires sont pressés de pouvoir recommencer à diner en ville (l'expression de De Gaulle pour Vichy) sans ces pénibles marottes gaulliennes, le destin de la France, le devoir et le patriotisme.

En 2025, la race en est florissante, Macron regnante : l'un d'entre eux m'a déclaré (il y a de la naïveté dans sa franchise) que Macron liquidait la France, que c'était très bien, que la France était déjà morte, trop petite (par rapport à quoi ?), dépassée, que le temps des empires était venue et vive « l'Europe ». Ca ne servait à rien de discuter, de lui rétorquer que Napoléon avait déjà dit le même genre de choses à Talleyrand.

Je lui ai juste promis que, si un jour je parvenais au pouvoir, les gens comme lui seraient fusillés ou envoyés en camp de travail manuel à la campagne. Il a cru que je plaisantais.

Reprenons. De Gaulle maintient le référendum sur la participation : il sait que s'il ne le fait pas lui-même, son successeur, quel qu'il soit, ne le fera pas. De Gaulle est mal secondé, ce n'est pas tout à fait le Roi Lear, mais syndicats, patronat et notables sont d'accord sur un point : pas de démocratie directe en entreprise.

En novembre 1968, De Gaulle réussit son dernier coup de maitre.

Les Allemands, notamment Franz-Josef Strauss, se comportant en laquais des Américains, exigent une dévaluation du Franc et en fixent même le taux. Le représentant de la France à la commission européenne, Raymon Barre, tombe malade d'une telle humiliation.

Le secrétaire d'Etat au budget, Jacques Chirac, marionnette du patronat et de Pompidou, se répand contre le budget dont il a la responsabilité, en arguant qu'il serait irresponsable de ne pas dévaluer.

En coulisses, le téléphone s'active beaucoup autour de Jean-Marcel Jeanneney, ministre d'Etat, entre copains d'université, copains de guerre, pour proposer à De Gaulle une alternative à la dévaluation, Jeanneney présente ce plan à De Gaulle une heure avant le conseil des ministres exceptionnel du samedi matin, dont tout le monde croit qu'il fixe le taux de la dévaluation, l'imMonde du vendredi soir a titré « La dévaluation est acquise, reste à en fixer le taux ».

La voiture de Raymond Barre fait la route Bruxelles-Paris à tombeau ouvert (il y a des choses dont on ne discute pas au téléphone). Il arrive à temps pour voir le président à la sortie du conseil des ministres et examiner les conséquences sur les partenaires européens de la décision française. De Gaulle lui dresse un tableau économique qui l'impressionne, lui, le professeur d'économie.

En fin de matinée, le communiqué officiel tombe, une courte phrase qui fait l'effet d'une bombe : « La parité du Franc reste inchangée ». Panique chez les spéculateurs piégés le week-end, les pompidolistes pris à revers.

Le plan Jeanneney (hausse de la TVA, rigueur budgétaire -bonjour Chirac) est adopté. Bien sûr, Pompidou devenu président fera cette dévaluation mais c'est une autre histoire. De Gaulle, lui a fait son devoir, pas de la lèche aux puissances d'argent.

Le dimanche soir, il fait sa dernière allocution aux Français. Il insiste que la décision de ne pas dévaluer et le plan associé ne sont que des pis-aller, que c'est tout le système monétaire international qu'il faut réformer (sous-entendu, revenir à l'étalon-or ou, mieux, au bimétallisme). Ô combien visionnaire !

Cette histoire donne une éclairage sur la méthode De Gaulle :

> il a une idée héritée d'une ancienne analyse ou de préjugés.

> il actualise ses informations en consultant séparément des experts, si possible variés. Il pose des questions mais ne laisse rien paraitre de ses préférences personnelles.

> il consulte les politiques.

> il dresse un tableau d'ensemble, en général en commençant par le plus noir, devant un interlocuteur privilégié, technicien du domaine concerné (Peyrefitte, Rueff, Massu, Barre, etc), qui en est impressionné. Cela lui permet de récapituler ses idées et vérifier que son raisonnement tient la route.

> il met en place les mesures d'accompagnement et la formulation juridique de la décision. Les ministres concernés sont alors avertis de la décision.

> la décision est rendue publique.

> une allocution ou un communiqué explique aux Français la décision. Les deux dernières étapes peuvent être fusionnées : décision annoncée lors d'une allocution.

Pompidou multiplie, à Rome et à Genève, les appels du pied à ceux qui veulent se débarrasser du Vieux en leur signalant qu'il est disponible pour le remplacer. 

Les auteurs (qui décidément n'aiment pas Pompidou) font deux remarques :

1) un homme d'Etat, à la différence d'un vulgaire politicien, ne parle pas de la politique intérieure depuis l'étranger.

2) parler de politique intérieure depuis l'étranger, c'est toujours prendre l'étranger à témoin, donc y faire allégeance. Le linge sale se lave en famille, c'est donc une manière de dire « Je ne fais pas tout à fait partie de cette famille, mais plutôt de la vôtre, celle de l'étranger ».

Ca doit être une habitude de rotschildien.

Le dernier discours public de De Gaulle est à Quimper. Ce n'est pas un hasard : sa destinée maritime empêche la France d'être prisonnière du cadavre européen. Tous les crétins qui disent « on devrait se débarrasser des DOM-TOM, ils nous coûtent cher » ont des cervelles de moineau ou, pire, ils ont à cœur d'autres intérêts que ceux de la France (ceux de l'Allemagne, de l'Amérique, de l'Angleterre, de l'Australie, de la Chine, au choix), auquel cas ce sont des traitres comme Manuel Valls et Emmanuel Macron.

Il aurait du faire le référendum en juin 1968. En avril 1969, les gens sont passés à autre chose et seuls les opposants (déclarés ou les faux soutiens) sont mobilisés C'est foutu (pas de beaucoup : 47,59 % pour le oui). Les forces de l'anti-France, de « jouir sans entraves », que ce soit une jouissance de consommateur classe moyenne ou de gros financier, ont gagné. Elles n'ont pas quitté le pouvoir depuis.

Le 28 avril 1969, Charles De Gaulle démissionne. L'homme des puissances d'argent le remplace, après un interim de l'homme de la trahison.

A mon sens, les grosses erreurs de De Gaulle sont :

> avoir négligé le sort des Français d'Algérie et des harkis. C'est encore plus une faute morale qu'une erreur politique.

> avoir trop délégué sur les questions éducatives.

> avoir trop délégué à Pompidou en mai 68.

Petit vacherie de Mme De Gaulle : aux obsèques du grand homme, elle serre la main du premier ministre Chaban-Delmas en lui disant « Il vous aimait beaucoup ». Pas un mot pour Pompidou, juste à côté.