mercredi, septembre 24, 2025

Claude Tresmontant, un ouvrier dans la vigne (Emmanuel Tresmontant).

La personnalité de Claude Tresmontant (1925-1997), même décrite par son fils (qu'il a abandonné à 2 ans pour le retrouver 20 ans après), est peu agréable.

Mais, intellectuellement, chapeau !

Né dans une famille communiste athée dysfonctionnelle (il pense un temps être le fils d'André Malraux), il trouve à 16 ans un Nouveau Testament abandonné sur un banc dans un stade où il joue au football, il lit « Qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera ». Deux ans plus tard, il se fait baptiser.

« Le rabbin Ieschoua n'est pas un professeur de morale mais un professeur de vie ».

Le bon gros Pierre a déjà tout dit :

Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondit: Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.… [Jean 6]

La philosophie de Tresmontant est le « réalisme intégral » : Dieu existe, il a créé le monde, qui est en création permanente par la constante injection d’informations divines.

Les lourds systèmes philosophiques allemands sont mauvais parce qu’ils sont faux, parce qu’ils nient la Création. Jusque dans les années 80, ses cours étaient suivis par les esprits libres.

Et beaucoup d’ingénieurs. C’est un point qui m’a étonné : dans un récent pèlerinage catholique, nous étions un groupe de 19 hommes … dont 18 ingénieurs (dont 7 Polytechniciens .. dont le curé). Les imbéciles croient que la position intelligente, scientifique, est l’athéisme. Visiblement, ce n’est pas l’avis de tout le monde. Toujours le réalisme.

Le monde actuel est incompréhensible si on ne voit pas qu'il est le combat permanent et inexpiable du nominalisme (« Robert est une femme parce qu'il se sent femme », « Un Afghan est un Français comme vouzémoi », « Le climat va nous tomber sur la tête ») contre le réalisme.

Puis, sur la fin de sa vie, ses cours ont été désertés : l’affaissement de l’Université et les « années Mitterrand ».

En 1983, à la sortie du novateur Le Christ hébreu, Tresmontant est accusé par l’extrême-droite d’« enjuiver le christianisme ». A ce niveau de stupidité, la seule réponse possible est le visionnage du sketch des Inconnus, La Secte du grand gourou Skippy, le passage où l’intégriste explique qu’il a commencé par les messes en latin, puis en grec, puis …

La judéophobie autochtone des demi-habiles, des midwits, qui ne cesse de monter en France (essentiellement par dhimmitude, consciente ou non), ne laisse pas de m'inquiéter : je ne suis pas inquiet du sort des juifs en soi, ils peuvent prendre l'avion en dernier ressort, mais la judéophobie est le symptôme d'une société malsaine, qui entre dans le délire collectif, de fantasme paranoïaque, conduisant au suicide sectaire ou au génocide.

Emmanuel Tresmontant raconte aussi un « débat » haineux sur Radio Courtoisie où l’obsession du minable Henry de Lesquen (pas besoin de l’écouter des heures pour comprendre que c’est un homme pétri de ressentiment) était de reprocher à Claude Tresmontant de ne pas être judéophobe. Celui-ci avait pris les choses avec philosophie. Il n’est écrit nulle part que les gens de strême drouâte sont forcément plus intelligents que les gauchistes (Lesquen n'est pas le pingouin qui glisse le plus loin que la banquise. Il manie l'invective et l'insulte avec beaucoup d'énergie, à part ça ...).

La thèse de Tresmontant est triple :

> La rédaction des Evangiles n’est pas du tout tardive, ce sont au contraire des « notes de cours » prises sur le vif ou presque.

> Le grec des Evangiles n’est pas vraiment du grec mais de l’hébreu transcrit mot à mot, à partir du lexique grec-hébreu de la Septante, ce qui permet d’éclaircir les passages obscurs.

> les juifs et les chrétiens ont en commun l'idée tout à fait originale du Dieu créateur (pas le dieu horloger qui lance la machine puis s'absente). Le monde est en création continuelle par injection d'informations divines (Tresmontant se passionnait pour la génétique et pour la cosmologie).

Se détachant de son père, Emmanuel nous fait part d’un épisode traumatique : sa soutenance face à une gauchiste. Il a eu le malheur de citer un excellent extrait de Notre Jeunesse (Péguy), prémonitoire comme souvent, sur les gens qui ne sont dupes de rien, qui ne croient plus à rien, qui se croient supérieurement intelligents, alors qu’ils sont juste vides (c’est toujours la position des faux intelligents : Dieu est un « ami imaginaire » pour les naïfs, ce qui est très réducteur, pour dire le moins. La vanité de ces gens dont Saint Thomas d'Aquin ou Saint Augustin auraient fait du petit bois est infinie). La madame l’a prise pour elle.

Wikipedia nous raconte que les thèses de Tresmontant sont aujourd’hui invalidées. Bien entendu, c’est un des mensonges gauchistes habituels de Wikipedia (on le retrouve dans tous les medias paresseux, c’est-à-dire dans tous les medias. Encore un cas où le ’consensus’ est absolument idiot. C’est de plus en plus fréquent, toujours le refus obstiné du réalisme).

Evidemment, l’enjeu est la fiabilité des Évangiles et donc l’autorité de l’Eglise. Si cette question vous intéresse :

Tresmontant s'est engueulé au restaurant avec un jésuite hégelien (les jésuites sont proches de l'hérésie et pas toujours du bon côté de la frontière, alors que Tresmontant est très orthodoxe sous une expression parfois provocatrice) sur l'humanité du Christ, proches d'en venir aux mains, devant des invités médusés et dépassés par l'altitude  et la violence de la dispute à coups de citations en grec et en hébreu. J'aurais bien aimé voir ça.

L’autorité du Seigneur

Son fils fait remarquer à Tresmontant qu’à mesure qu’il avance dans la traduction des Evangiles, il emploie dans son quotidien de plus en plus souvent l’expression « le Seigneur » à la place de « Jésus » ou de « le Christ ».

Tresmontant l’admet : l’autorité du Christ s’impose à lui (l'hypothèse mythiste, c'est bon pour les gogols et les escrocs à la Onfray. Les gens sensibles, comme Julien Gracq athée - c'est toujours une énigme pour moi les athées et les agnostiques intelligents qui ne vont pas jusqu'au bout du raisonnement, savent que Jésus a une personnalité, et très forte). L’autorité institue (contrairement à l’autoritarisme). Et Jésus a institué l’organisation humaine la plus ancienne : l’Eglise.

« Vous avez entendu qu’il a été dit …, mais moi je vous dis … »

« Vous m’appelez Maitre et Seigneur et vous faites bien, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Maitre et le Seigneur, je vous ai lavé les pieds … »

« Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. Il se mit à leur dire ‘Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre’. »

« Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »

« Avant qu’Abraham fût, je suis. » (déclaration stupéfiante si on écarte l'hypothèse que l'auteur est fou à lier.)

« Pilate lui dit ‘Alors, tu es roi ?’ Jésus répondit ‘C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né et je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la Vérité. Quiconque appartient à la Vérité écoute ma voix.’ »

Et on sait avec quelle autorité il parle aux démons et fend les foules hostiles.

C'est cette autorité que refuse le monde moderne avec obstination, comme les démons et pour les mêmes raisons.

Nota : dans la Bible, le vin et la vigne sont toujours liés à l'Alliance, à l'Esprit et à l'abondance de celui-ci.

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