jeudi, juin 07, 2007

Gouvernement Sarkozy mal parti (2ème épisode) : la réforme des universités

On nous parle d'autonomie des universités, pourquoi pas ? Mais on n'exclut de ce champ les deux tabous français : la sélection à l'entrée et les droits d'inscriptions.

Autrement dit : on ne règle pas les deux problèmes essentiels, je dirais même existentiels, de l'université française : c'est gratuit et tout le monde peut y aller, ça veut dire que ça ne vaut rien.

Après, qu'on ne se s'étonne pas qu'une part importante des étudiants se comporte comme des touristes et qu'il y ait un taux d'échec hors du commun dans les premières années, où se fait la sélection qui aurait du se faire à l'entrée.

Pourquoi fait on en deux ans ce qui pourrait se faire en une semaine de concours ? Au nom de quoi fait-on perdre tout ce temps à tant de gens ?

Pas au nom d'une conception supérieure de l'homme et du savoir, non, pas du tout. On fait cela au nom d'un conservatisme mou mais très résistant, d'une idée reçue : en France, il y aurait un tabou sur la sélection à l'entrée de l'université.

Elle est belle, l'intelligence française !

12 commentaires:

  1. -L'université n'est pas gratuite mais il est vrai le cout d'inscription est minime.
    -L'acces à l'enseignement supérieur ne doit pas être fait sur un critère économique ...enfin il me semble alors la hausse des frais d'inscription ???
    pour en réserver l'entrée aux personnes dont les parents ont les moyens?
    Il me semble que cela aurait tendance à créer un systeme de caste séparant ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas ...un grand pas en arrière à mon sens. Celui qui nait dans un milieu pauvre ne pourra plus avoir l'espoir de se sortir de sa condition à travers la formation supérieure ...
    Quand on sait que la classe moyenne à tendance à s'évaporer à vue d'oeil ...
    il faut être dans le bon camp pour voir les chose sous cet angle!

    RépondreSupprimer
  2. Ne sachant pas ce que signifie "être dans le bon camp", je me permets simplement de remarquer qu'en général, si être dans le bon camp équivaut à avoir des parents gagnent bien leur vie, les personnes issues de ce camp ne vont guère à l'université. Pour ceux qui semblent, de votre point de vue, être vraiment dans le bon camp, Polytechnique, Centrale, les Mines et C°, HEC, ENA sont sans doute préférés à la Fac.

    Prendre la question des frais d'inscription sous l'angle "seul les riches iront" est, à mon sens, une impasse. La conséquence de cela est l'absence de moyens pour les universités. Ayant eu l'occasion de voir l'état d'une pauvre université américaine - celle du Montana, Etat pas forcément très riche - j'ai pu constater le fossé entre, notamment, leurs bibliothèques, bien fournie et ouverte à toute heure, et celle des universités française - je connais notamment ce lle de l'ENS Cachan -.
    Sans doute le système de prêt gratuit ou de bourse revalorisée permettrait de limiter cet écueil quand, comme moi, on n'est du bon camp.

    Concernant la remarque de Franck, je m'en étonne alors que vous nous aviez fait part du lien vers Micropolitique de Maidsen Pairy.
    Sans doute, à terme, l'autonomie des universités conduira-t-elle à une selection à l'entrée, voire à une revalorisation des frais d'inscriptions.
    Cependant, il est impossible au jour d'aurjourd'hui d'annoncer cela tout de go. Si vous en avez le temps, lisez Aéris et Schon, Single loop and double loop system. Cet ouvrage semble le pendant théorique de micropolitique. L'autonomie des universités s'inscrit dans cette veine: ouvrir un jeu possible pour les acteurs, jeu dont certains s'empareront, tout faire pour encourager ces derniers, et petit à petit, modifier en profondeur le système.
    Un universitaire de ma connaissance explique que cette méthode, qu'il appelle celle du coin dans la bûche, est celle qui, à terme, donne toujours les meilleurs résultats de réformes. D'autant plus si, au moment où un clash surviendrait avec les tenants du passé, et dans ce cas il n'est vraiment pas glorieux, l'autorité politique soutient les réformteurs.

    Pour finir, cette réforme c'est la base, le préambule imposé. Il faut juste que d'autres pas suivent.

    RépondreSupprimer
  3. " Du bon camp" exprimait le fait d'être doté sur le plan financier et sur le plan capacités intellectuelles pour acceder aux écoles d'ingénieur et ne pas connaitre de l'intérieur les université .
    J'ai pour ma part pu jeter un oeil sur les pauvres universités américaine ....j'ai constaté:
    - frais d'entrée exorbitant pour un américain "moyen" qui s'endette pour bien des années , qui entame le budget parental etc...
    - des entreprises qui financent les université
    - les recettes des évènements sportifs qui financent des batiments, laboratoires et autres bibliothèques (voir l'exemple le plus fameux avec l'Université Notre Dame)
    - des étudiants mais aussi des américains qui sont dans leur ensemble plus respectueux et avec un civisme plus prononcé qu'en france ... ouvrir les bibliothèques à toute heure n'est possible que si le matériel est respecté. comparez les locaux français et américain vous devriez constater que l'étudiant américain dégrade moins son propre environnement que l'étudiant français ...

    C'est vrai que l'université française souffre de certains maux mais elle permet aussi aux gens d'entamer une vie active sans avoir de prêt trop lourd à porter (l'exemple américain je vous invite à le revisiter sous cet angle !!!) .

    Votre réflexion concernant "seul les riches iront est une impasse" me surprend quelque peu : je reste convaincu que l'acces à la formation supérieure doit permettre de promouvoir les capacités intellectuelles et c'est se voiler la face que de penser que le prix n'est qu'un détail technique réglé par des bourses ou des prets ...
    Je pense que c'est l'histoire des campagnes française à une autre époque ou le choix fut de rendre l'école obligatoire et gratuite au lieu d'envoyer les enfants au travaux des champs ...c'etait avant tout une question économique et non pas de sélection (il existera toujours des personnes ayant des capacités pour les travaux intellectuels et des personnes n'ayant pas ces capacités)

    RépondreSupprimer
  4. "Un universitaire de ma connaissance explique que cette méthode, qu'il appelle celle du coin dans la bûche, est celle qui, à terme, donne toujours les meilleurs résultats de réformes."

    J'en suis conscient, puisque, comme vous m'avez fait le plaisir de rappeler, j'ai naguère écrit sur la micropolitique.

    Mais il y a aussi un problème de temps : puisque, les choses étant ce qu'elles sont, on ne peut voter des lois réformant les universités que lorsque les étudiants sont en vacances (ce qui laisse tout de même une plage calendaire considérable, mais, comme les parlementaires ont aussi beaucoup de vacances, ça n'est pas si facile), la transformation des universités françaises risque de durer, durer, durer, et pendant ce temps, le monde avance. Mais, bon, je l'admets, mieux vaut une lente réforme que pas de réforme du tout.
    Il y aussi un problème de confiance : je ne suis pas sûr que le gouvernement Fillon ait des principes assez forts et des idées assez assurées pour avoir la persérance qu'eurent Reagan ou Thatcher.

    Un des points qui me fait douter, c'est que, dans les cabinets ministériels, les parents d'enfants étudiants en fac (sauf médecine) doivent se compter sur les doigts d'une main, il est donc tentant de se laisser aller à la démagogie sur une question qui concerne un "autre monde".

    Concernant les frais d'inscription, je suis d'accord avec Tonton Jack, les "bien placés" ne mettent pas leurs enfants à l'université (voir ci-dessus les cabinets).

    Bien sûr, des frais d'inscription élevés supposent des bourses et des prêts étudiants.

    Harvard, qui a des frais qui peuvent aller jusqu'à 40 000 € annuels, a pour politique qu'aucun étudiant ayant les capacités n'est refusé pour des raisons financières.

    Les bourses et les prêts ont une excellente influence sur l'orientation et la motivation des étudiants.

    La gratuité des universités est un bel exemple d'hypocrisie à la française : les familles aisées en profitent le plus, puisqu'elles profitent de la gratuité au même titre que les autres familles, mais ont les moyens par ailleurs de compenser les problèmes induits par cette gratuité (logement, cours particuliers, livres, etc ...).

    Soyons clairs : tout ce qui est gratuit ne vaut rien. L'université est gratuite, elle ne vaut rien.

    RépondreSupprimer
  5. Je suis effaré de vos propos ...

    L'université ne vaut rien ?
    Les grandes écoles aux nues ?

    Laissez moi rire l'ENA est aussi une grande école et Franck ce me semble n'est pas particulierement pro-ENA (qui l'est à part les enarques eux-mêmes ?)

    Je cotoie au quotidien des ingénieurs issue d'école et des gens formé par l'université ...
    Je ne pense pas que les uns soient tellement supérieurs aux autres (sortie des écoles de catégorie A encore qu'il faille faire du cas part cas )
    Je pense que les deux systemes produisent des produits différents qui apportent aussi leur diversité au monde du travail.
    Je refute l'affirmation que les universitaires ne valent rien. C'est une ineptie quand à dire que les élèves ingénieurs sont plus studieux et motivé parce qu'ils payent c'est ....se payer notre tête !
    D'ailleurs fort peu de ces élèves ingénieurs paient , ce sont leurs riches parents qui casquent ...
    laissez moi rire n'est ce pas de notoriété publique que la majorité des élèves ingénieurs se "remettent" de leurs 2 ans de prépa (3 pour la plupart soit dit en passant tiens tiens pourquoi redoublent t 'ils s'ils sont si motivés ?) en se mettant en roue libre lors du cycle ingénieurs ? dites moi le contraire et je ne douterais plus de votre mauvaise foi sur la question !

    Remarque :
    1- tous le monde n'est pas une bete de concours
    2- la réussite d'un concours est il le gage d'un bon professionnel (sprinteur vs endurance ?)
    3- le potentiel s'exprime t il forcement par le deboursement de fortes sommes ?
    4-un haut niveau d'étude n'est pas forcément synonyme pour moi de personne intelligente (les exemples sont légions)
    5- quid des autodidactes ?

    RépondreSupprimer
  6. Remarque supplémentaire :
    - l'université : ce n'est pas parce que tous le monde peut y entrer que tous le monde en ressort avec quelque chose...et c'est là le point essentiel (Franck ne me dira pas qu'il n'est pas atterré de voir ce que l'on a fait du baccalaureat (l'ecole des fans : tous le monde gagne)l'université ne diplome pas tout les entrant loin s'en faut.


    Il s'agit juste de choisir le bon indicateur (nombre d'entrant sur nombre de sortant diplomé n'est pas un indicateur significatif car il peut y avoir beaucoup de conclusion à sa lecture

    -ce ratio est équivalent pour le bac et les école d'ingénieur ou de commerce : beaucoup d'entrant , beaucoup de sortant diplomé
    est ce le meme syndrome que le bac ?
    L'université souffre tout d'abord que le baccalaureat soit offert et pervertisse le systeme qui a été conçu pour accueillir des bacheliers (qui étaient à l'époque de la conception du systeme déjà des gens sélectionnés les autres s'arretaient au certificat voir avant ...et non pas "tous le monde" comme vous dites)

    RépondreSupprimer
  7. Cher Anoynyme,

    Ce que vous dites est parfaitement vrai, à un détail près, qui change tout à mes yeux, c'est l'énorme taux d'échec à l'université.

    C'était la signification de mon "tout ce qui est gratuit ne vaut rien" : certains se comportent à l'université comme il avait gagné une séance de cinéma gratuite. Il n'est donc pas étonnant qu'ils n'y réussissent pas.

    Pour ceux qui s'en sortent un diplôme universitaire peut valoir quelque chose.

    RépondreSupprimer
  8. L'énorme taux d'échec en université est peut être à étudier :

    - se peut il que les étudiants d'aujourd'hui soit de jeunes adultes plus proche d'adolescent irresponsable que par le passé ?

    - j'ai beaucoup aimé dans votre blog l'article sur le pourquoi je ne lirais pas la lettre de G.Mocquet à mes élèves qui abordait le theme évoqué au dessus. Je trouve la remarque criante de verité

    - les sociologues ont déterminé la nouvelle catégorie de plus en plus large : les adu-lescent néologisme descriptif s'il en est !

    - Mouvement général de la société me semble t il de déresponsabilisation sur tous les thème => l'université rentre hélas elle aussi dans le mouvement et je subodore que les taux d'échecs dans une échelle chronologique doivent être édifiant de ce coté

    - assistanat généralisé => les étudiants suivent l'exemple bien répandu (papa paye et moi je bringue ) ( les assedics payent et moi je glande) etc ....

    RépondreSupprimer
  9. Vous voudrez bien me pardonner les erreurs (orthographe, mots manquants) dans mon commentaire précédent.

    La hâte est mauvaise cobseillère !

    RépondreSupprimer
  10. le taux d'échec à l'université vient des étudiants touristes.

    Il convient de savoir pourquoi sont ils touristes ? Car pendant la scolarité on en leur pas inculqué le goût du travail et en donnant le bac on ne séléctionne plus les élèves qui une fois le sésame obtenu vont en fac où ils sont séléctionnés CQFD.

    Le problème de l'université vient de la démission de l'école. Si le bac n'était pas bradé on ne se retrouverait pas en fac avec des touristes.

    Ceci étant il se peut qu'un étudiant à qui on a donné le bac mette à travailler en 1ere année de fac dans un sursaut de lucidité.

    RépondreSupprimer
  11. Je suis étudiante et en vous lisant tous je me sens vraiment conne, pauvre et sans avenir.

    ...

    Merci.

    RépondreSupprimer
  12. Vous allez me faire pleurer !

    RépondreSupprimer