Lorsque les derniers accords de trompette du dernier des hail to the chief , qui ont salué toute la journée le nouveau président des États-Unis se sont tus, lorsque les derniers feux des fêtes qui ont couronné l'"Inauguration Day" se sont éteints et lorsqu'enfin les millions de témoins de la foule très colorée qui a assisté à l'exceptionnel évènement du 20 janvier 2009 se sont dispersés, il est peut-être resté à certains de ceux qui ont suivi d'Europe cette classique super production américaine impeccablement réussie - à l'exception du couac dû au juge Roberts pour la prestation de serment - un curieux sentiment : celui d'appartenir à un continent décidément bien vieux et qui a pris, en ce jour de gloire et de liesse pour l'Amérique, une bonne leçon.
Une leçon de démocratie, la vraie, celle qui, apaisée, consensuelle, tolérante, admet la confrontation des idées, mais pas l'affrontement idéologique permanent et terriblement ringard, dont nous continuons, nous, tout particulièrement en France, à être les champions. Le coup de vieux ne tient ni à l'origine, ni aux 47 ans de Barack Obama. Mais il a tout à voir avec la décontraction, la convivialité, le respect et même, oui, l'affection que, depuis son élection, le nouveau président américain a manifestés publiquement à son ancien adversaire, John McCain. Voilà deux hommes qui pendant la campagne ne se sont pas épargnés. Le vieux lutteur n'hésitant pas à dauber sur l'inexpérience de ce pied tendre d'Obama lequel lui renvoyait qu'il ne suffisait pas d'avoir été prisonnier des Vietnamiens pour savoir gouverner son pays.
Or non seulement le vainqueur n'a pas attendu dix jours pour recevoir McCain à Chicago, mais il a, pendant le long interrègne après l'élection, consulté à plusieurs reprises son adversaire républicain et lui a demandé son avis sur plusieurs nominations de ministres. Au point que McCain a reconnu devant quelques amis que le gouvernement d'Obama n'était pas si différent de celui qu'il aurait réuni s'il avait été élu ! Plus insolite encore, des trois banquets qu'Obama a présidés à la veille de son intronisation, le plus chic, cravate noire, robe longue, avait pour invité d'honneur... McCain. Enfin, le jour même de son triomphe, alors qu'il venait tout juste de prêter serment, on a vu, sur CNN, Obama et McCain échanger, après une grande tape dans le dos, un aparté complice, au milieu de la foule mêlée des sénateurs et des représentants, démocrates comme républicains.
C'est à peu près à la même heure, qu'en séance de nuit, à l'Assemblée nationale, des députés français, en une évocation rappelant plus 1793 que la Ve république, assiégeaient le perchoir du président de l'Assemblée, réclamaient sa démission, menaçaient de mort un ministre et proclamaient enfin la démocratie en péril en entonnant la Marseillaise. Il y a décidément plus qu'un océan entre les États-Unis et nous.
Le PS s'enfonce dans le ridicule.
RépondreSupprimer"menaçaient de mort un ministre"
RépondreSupprimerQui a été menacé ? J'ai pas du suivre l'histoire en entier...
Je ne sais pas et, à vrai dire, je m'en fous : la politique française est tragiquement grotesque (le coming out de Karoutchi ...)
RépondreSupprimerUne photo pour illustrer ton billet, Frank.
RépondreSupprimerC'est qq chose que vu d'ici on a du mal à imaginer. Le LA Times publie des photos de Bush et Obama en train de rigoler, qui semble carrément incroyables si on fait l'analogie Chirac/Sarkozy ou même pire Sarkozy/Royal ou pire encore Royal/Aubry... hahahaaaha !!!!