J'ai entendu cette allusion sur BFM, j'ai un peu creusé.
Certains proposent un plafonnement des salaires. Ils ont même déjà trouvé un nom, le SMAX (Salaire MAXimum).
Ce sont les pires démons égalitaristes français qui reviennent. Car si il y a dans tous les pays débat sur les rémunérations des patrons, nulle part ailleurs qu'en France on ne parle d'un plafonnement permanent décidé par l'Etat.
Cela rappelle de bien fâcheux souvenirs : dans la même logique de mettre fin aux «accaparements», le Comité de Salut Public avait décrété le loi du maximum pour plafonner le prix des denrées alimentaires.
Il en était résulté la dernière famine de l'histoire de France et cela avait fortement contribué à la chute du vampire Robespierre.
Rappelons brièvement le mécanisme. La loi fixa un maximum de prix des grains. Les paysans cachèrent donc les fameux grains pour les réserver au marché noir. Bien évidemment, cela fit la fortune de quelques escrocs et provoqua la famine, le gouvernement réagit en augmentant la répression, l'arbitraire et l'encouragement à la délation. La Terreur était à l'ordre du jour.
Non seulement le pays criait famine, mais l'atmosphère était irrespirable, jusqu'au coup de chance du 9 Thermidor ; enfin un complot contre les extrémistes qui réussit.
Le retour à l'économie libre provoqua la banqueroute des assignats. Non seulement l'économie dirigée est douloureuse, mais en sortir l'est également.
Non seulement nous sommes sourds à ce qui se passe à l'étranger qui nous dérange dans nos certitudes (1), mais nous sommes oublieux de notre propre histoire.
Beaucoup de fortunes sont parties, les jeunes diplomés des meilleures écoles s'exilent. N'est-ce pas assez ?
Il est vrai que nous sommes dans la même logique que «la Révolution n'a pas besoin de savants», qui a servi à couper la tête à Lavoisier. «La France n'a pas besoin de patrons ni de traders».
Tous fonctionnaires. L'égalité dans la médiocrité, quel idéal exaltant !
Comprenez moi bien. Je considère que certains salaires de PDG faillis sont injustifiés et le fruit d'un copinage immoral (cf Serge Tchuruk). Mais la fixation d'un salaire maximum par la loi serait une abomination : il est plus facile de créer une mauvaise loi que de l'abolir (2), les conséquences néfastes s'en prolongeraient bien après la crise actuelle.
Remplacer de mauvaises pratiques par de mauvaises lois, que voilà une idée splendide !
(1) : en Asie il n'est pas question de «refondation du capitalisme» ni de plafonnement des hauts salaires.
(2) : toujours dans notre vieux tropisme français de haine des riches, est créé en 1790 un impot sur les portes et fenêtres, suivant le raisonnement débile ouvertures = riche. C'est une loi imbécile et dénoncée comme telle par Victor Hugo qui se plaint que certaines maisons de paysans n'aient que la porte comme ouverture. Elle ne sera abolie qu'en 1920 ! Autrement dit, une loi absurde, démagogique, et vue comme telle dès son vote aura, par la force de l'inertie, tenue 130 ans. Législateurs, ne touchez à la loi que d'une main tremblante.
C'est tout à fait le cas de l'ISF. On estime qu'environ 120 Mds d'€ de capitaux sont sortis de France à cause de l'ISF. Ils auraient évidemment rapporté en impôts beaucoup plus que l'ISF. Et pourtant, personne n'ose supprimer cet impôt.
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Bonsoir,
RépondreSupprimerCher Franck, vous allez encore vous faire des amis, si, si, comme le rédacteur de ce message.
Combien vous avez raison.
La fameuse loi sur le maximum a été une expérience grandeur nature sur les conséquences de la rupture du mécanisme des prix.
Certes, cela fait plaisir au badaud qui croit comme toujours que l'état = bien, marché = mal.
Comme j'ai pu l'écrire à Robert Marchenoir dans un autre post, limiter les salaires relèvent d'abord du travail du CA et/ou des actionnaires d'une entreprise.
S'il se trouve des gogos pour payer, tant pis pour eux et tant mieux pour ceux qui reçoivent l'argent.
Je crains de plus en plus - mais j'espère me tromper et le fait que notre président se limite à des mots me rassure encore - que dans notre beau pays il se trouve foule de gens pour accuser le capitalisme et le libéralisme de tous les maux qui nous accablent - sans jamais se donner la peine d'aller plus loin dans leur explication -.
Or, parler des ravages du libéralisme ou du capitalisme en France quand plus de la moitié de la richesse produite passe par les mains de la sphère publique relève au mieux de la farce.
Ceux qui veulent moraliser le capitalisme devraient, à mon sens, militer pour un retour aux sources : qui moissonnent les gains supportent les pertes. Responsabilité des actionnaires. Point barre. Avec derrière une responsabilité individuelle.
Mais bon, il est tellement plus facile de meugler...
Cordialement
Au delà du contexte politique très démagogique, cette idée d'un salaire max est assez intéressante d'un point de vue anthropologique. Elle fait surface en France, en Allemagne, en GB et même aux USA.
RépondreSupprimerLa passion pour l'égalité, en France, est historique. C'est une passion, ce n'est pas rationnel, il faut être capable de gérer les crises et les convulsions afférentes dans le calme.
Par contre, ailleurs, cela doit traduire quelque chose de plus profond sur laquelle il conviendrait de se pencher.
Je ne pense pas que les USA soient en train de se franciser, ni l'Allemagne ni le GB.
Il y a comme une perte de légitimité des inégalités normales du au système. Pourquoi ? Des inégalités trop fortes ? quasi dynastiques ?
La hausse du niveau de qualification depuis l'après guerre ? Entre un cadre'sup et un PDG la différence de qualifaction est dans les faits assez mineure.
Parfois le grand chef a du charisme, parfois il est le patron car il est le plus "violent".
Bref je m'interroge, au delà de la convulsion française, se pointe une tendance de fond mondiale (occidentale en fait) qui interpelle.
"il se trouve foule de gens pour accuser le capitalisme et le libéralisme de tous les maux qui nous accablent - sans jamais se donner la peine d'aller plus loin dans leur explication"
RépondreSupprimerTout simplement parce qu'il est reposant de se reposer sur des idées simplistes et toutes faites plutôt que de devoir se casser la tête à réfléchir, à remettre en question ses certitudes...
A propos d'un autre sujet mais qui touche également aux abus générés par l'Etat, avez-vus lu ceci?
RépondreSupprimerla halde
Qu'en pensez-vous?
"Il est vrai que nous sommes dans la même logique que «la Révolution n'a pas besoin de savants», qui a servi à couper la tête à Lavoisier. «La France n'a pas besoin de patrons ni de traders»."
RépondreSupprimerC'était exactement la logique des Khmers rouges, qui exécutaient tout Cambodgien porteur de lunettes, parce qu'un type qui en portait était un "intellectuel", était allé à l'école et donc possédait certainement une pensée critique.
Les Nazis ont agi de même, si je me souviens bien de Kaputt de Malaparte : ayant capturé des soldats russes, ils ont demandé aux captifs "Qui sait lire et écrire ?". Les malheureux qui sont sortis des rangs ont été exécutés sur le champ. Mais ma mémoire se dérobe : peut-être s'agit-il en fait de troupes soviétiques ayant capturé des soldats de la Wehrmacht. Qu'importe, la leçon est identique.
Sur le thème du billet, ce qui me frappe : un Français non-lobomotisé, disposant de facultés intellectuelles normales, devrait se réjouir des succès de l'entreprise française Total.
Car notre pays, la France (je le rappelle pour ceux - nombreux semble-t-il - qui semblent l'avoir oublié), c'est aussi ses entreprises, et des entreprises françaises en bonne santé c'est une bonne chose pour la France.
Au lieu de cette fierté, nous voyons les discours les plus populaciers fleurirent comme jonquilles en mars, à croire que les "tricoteuses" du Tribunal Révolutionnaire de sinistre mémoire sont aux commandes du complexe médiatico-politique et que certaines se sont recyclées dans le journalisme, la politique et l'administration.
À vomir.
Totalement d'accord avec cet article !
RépondreSupprimerJe l'ai "linké" chez moi
On ne dénoncera jamais assez la démagogie...
On parle facilement sur "Radio Paris Ment" des super-profits.
RépondreSupprimerMais qui connaît les salaires+primes des hauts fonctionnaires :
- questeur au Sénat
- architecte de bâtiments de France à Paris
- Trésorier payeur général d'une grande province
- Conservateur des hypothèques (le top du top)
"Conservateur des hypothèques".
RépondreSupprimerBreizh06, vous voulez parler de Jean-Christope Le Duigou, ex-leader de la CGT, qui a été "recruté" à ce poste un an avant sa "retraite", histoire de bénéficier de la presque totalité du mirifique traitement correspondant jusqu'à la fin de ses jours, aux frais du contribuable petit salarié du privé ?
Privilège exorbitant dont il n'aurait pu bénéficier dans le privé même avec un aussi haut salaire, puisque les retraites y sont calculées sur la moyenne des 20 meilleures années, et non sur le dernier salaire ?
Pas étonnant que les syndicats se battent pour conserver ce privilège : ce sont leurs dirigeants eux-mêmes qui en bénéficient, en écrémant les meilleurs postes par connivence avec le pouvoir ! Combien de chefs syndicaux ont bénéficié de telles magouilles avec la bénédiction du gouvernement, sans que nous n'en sachions rien ?
Ce véritable scandale, cet emploi fictif, n'a fait l'objet que de minsucules brèves dans la presse, alors qu'on aurait dû en entendre parler pendant des mois en ouverture du journal de 20 heures.
Mais c'est sûrement parce que les syndicats n'ont aucun pouvoir en France, que les fonctionnaires sont de pôv' victimes des gros capitalisses, et que les médias sont aux mains des grands patrons copains de Sarkozy.