Ne nous méprenons pas : l'écroulement de la Grèce auquel nous assistons actuellement est celui du modèle européen, qui, pour certains aspects, s'étend jusqu'aux Etats-Unis.
Simplement, suivant les particularités de chaque pays, cet écroulement est plus ou moins proche. Il se trouve qu'il faut bien commencer par quelqu'un et que ce quelqu'un, c'est la Grèce. Il n'empêche : les autres suivront.
L'écroulement du modèle socio-économique européen
Le modèle socio-économique européen est fait d'un Etat-providence tentaculaire et envahissant, l'Etat-mamma, d'une économie organisée pour les vieux (1) et d'une démographie en berne. Les phénomènes sont liés : l'Etat providence n'est pas victime d'un phénomène exogène de démographie déclinante, c'est lui qui la provoque en infantilisant les citoyens.
Nous sommes à la conjonction de trois phénomènes qui s'entremêlent. Je ne sais pas quelle est la cause et quel est l'effet, mais je sais qu'il se renforcent l'un lautre.
> une mentalité d'après-guerre, maternaliste et féministe, qui pense les citoyens comme des enfants, qui répugne aux conflits, aux décisions difficiles, aux sacrifices, aux avis tranchés. Une telle pensée est idiote : la vie est conflictuelle, c'est ainsi. Ca ne sert à rien de le nier, il faut avoir l'intelligence de faire avec. Cela signifie : la politique plutôt que la morale, le débat plutôt que le consensus, la parole, même grossière, plutôt que la censure, le combat plutôt que la soumission, la réalité imparfaite plutôt que l'utopie.
> Un Etat-mamma qui soulage les citoyens de leurs responsabilités et les enfonce dans la puérilité. Un tel monde, protégé de tout, et pourquoi pas, de la mort, est un fantasme privé de réalité. C'est profondément con (en plus d'être immoral) : les adultes doivent se comporter comme des adultes et ne compter que sur eux-mêmes. Le refuge dans l'irréel que suscite l'assistanat généralisé aboutit au comble de l'irresponsabilité : vivre depuis trente ans à crédit.
> une démographie qui s'écroule. C'est cohérent avec le reste : les enfants-citoyens, trop narcissiques, comme tous les enfants, n'ont pas envie de faire des enfants, ils n'ont pas assez le sens des responsabilités. On notera qu'une fois que l'éducation à la responsabilité a été ratée, l'irresponsabilité se poursuit tout au long de la vie, c'est ainsi qu'on voit la génération des soixante-huitards spolier sans hésitation leurs (rares) enfants.
L'écroulement du modèle politique européen
Le modèle politique est cohérent avec le modèle socio-économique. Puisque les citoyens sont des enfants, on leur demande leur avis en permanence, c'est l'hyperdémocratie, pour leur faire plaisir, mais on n'en tient aucun compte, c'est la non-représentativité.
L'instrument de cette non-représentativité est le chartisme : les élites signent des chartes internationales qui étouffent la latitude de décisions des enfants-citoyens. Dernier exemple en date : la fessée. Peu importe que les Français soient pour ou contre la fessée, la France a signé une charte des droits de l'enfant, supérieure aux lois nationales, qui finira par imposer l'interdiction de la fessée. Et ainsi du reste. La bureaucratie européenne est le chef d'oeuvre du chartisme. Par exemple, l'invasion migratoire et le multiculturalisme inquiétent les Français ? Ca n'a aucune importance : la France a signé des textes qui l'empêchent d'agir contre efficacement.
Nous vivons donc dans une hyper-démocratie non-représentative. C'est un système particulièrement hypocrite, son penchant vers l'oligarchie est évident. Le coup de génie du système actuel est d'avoir suffisamment étendu l'ologarchie pour que ceux qui voudraient protester rencontrent une opposition assez nombreuse pour les étouffer. Partager le pouvoir entre mille, ça rapporte plus, mais partager le pouvoir entre cent mille, ça dure plus longtemps (2). Ca entretient une dictature molle et diffuse qu'il est bien plus difficile de combattre qu'une vraie dictature.
On remarquera que la seule tendance politique qui est combattue et pourchassée, forcée aux catacombes, est le conservatisme. L'ancien monde était bien plus viril, c'est insupportable.
Il est tout à fait logique que ce système néfaste soit tué par une crise financière : l'argent a peut-être beaucoup d'inconvénients, mais il a un avantage, il n'est pas sensible au baratin. Un sou est un sou et la loi des intérêts composés est la même partout dans le monde. Tous les boniments, les embrassades, les bisounourseries ne peuvent rien contre ce petit fait : quand on dépense constamment plus qu'on gagne, ça finit mal.
Bien sûr, la solution est connue, elle s'appelle le libéralisme et un peu de conservatisme.
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(1) : hé oui, retraite précoce, prix de l'immobilier élevés et inflation faible : c'est une économie organisée pour les vieux. Signe qui ne trompe pas : les retraités sont la tranche d'âge en France où il y a la proportion de pauvres la plus faible.
(2) : c'est une estimation à la va vite, mais je pense que si on fait le compte de ceux qui perpétuent activement ce système mauvais et empêchent toute réforme, entre les journalistes, les politiciens, les syndicalistes et les activistes de toutes sortes, on est dans cet ordre de grandeur. Bien sûr, les troupes sont plus nombreuses, mais pas ceux qui donnent le mouvement.
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Beau billet. On assiste à l'implosion de ce qui fut mis en place après la guerre sous l'influence néfaste des marxistes: les mathématiques, même financières, ne mentent pas. Cependant et dans un soucis de cohérence, je crois que ce sont les tenant du système actuel qu'il faut qualifier de conservateur (au sens négatif du terme) vu leur refus complet du changement.
RépondreSupprimerAprès la Grèce (http://www.jpchevallier.com/article-dette-de-la-grece-200-milliards-80-du-pib-49429463.html), les PIGS (http://www.jpchevallier.com/article-cochons-de-pays-du-club-med-49414044.html), quant à notre pays, le réveil sera très brutal (http://www.jpchevallier.com/article-dette-nette-de-la-france-372-milliards-49361903.html). En attendant, les socialistes français délirent à plein tube(http://www.lesechos.fr/info/analyses/020503650812-ps-un-parfum-de-1981.htm).
"n'ont pas envie de faire des enfants"
RépondreSupprimerC'est pour les faire échapper à l'enfer fiscal. C'est pour leur bien voyons.
Très bon billet! Malheureusement, les choses vont tellement vite que je n'ai pas l'impression que nos si géniaux politiques soient à même de faire quoi que ce soit... L'atterrissage sera rude.
RépondreSupprimerIl y a aussi ceux qui ne font pas trop d'enfants car ne vivant pas à crédit, ils savent qu'ils ne pourront pas faire face.
RépondreSupprimerPour notre part, nous en avons deux qui sont en doctorat et master de Physique fondamentale en France (18000 kms de là où nous habitons).
J'ai une soeur qui en a quatre, toute la famille vit à crédit (jusqu'à faire un prêt à la banque pour rembourser l'échéance annuelle de son prêt maison et ce, plusieurs années de suite...)et vote extrême gauche bien sûr.
Les 4 enfants aussi qui côté études n'ont rien fait. "les pôv' chous ce n'est pas de leur faute"
Ben voyons.
En tous cas, ça va faire mal. Ça fait un moment qu'on en parle "d'aller droit dans le mur" eh bien nous y sommes au pied du mur. Sauf qu'il n'y a pas d'arrêt possible, on fonce droit dedans.
Très bonne analyse qui rejoint votre récent commentaire sur le principe de précaution qui institutionnalise l'irresponsabilité en politique.
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