samedi, novembre 06, 2010

Education : autorité et pouvoir

Les fondamentaux de l'éducation se perdant peu, on assiste à des choses étranges, par exemple, une conversation sur l'éducation où autorité et autoritarisme étaient constamment confondus.

Revenons à nos ancêtres romains qui séparaient clairement auctoritas et potestas.

L'autorité est la capacité à se faire obéir à cause de ce qu'on est.

Le pouvoir est la capacité à se faire obéir à cause de la force coercitive qu'on exerce ou qu'on peut exercer.

On voit par ces définitions que l'autorité diminue la nécessité d'exercer le pouvoir.

Un adulte qui a de l'autorité n'a pas besoin de distribuer les gifles et les fessées pour se faire obéir des enfants. Inversement, un adulte qui n'a pas d'autorité, après avoir crié pendant quelques temps, peut, sous le coup de l'énervement, en venir à des violences physiques ou verbales. Ce sont des scènes de la vie de tous les jours.

Donc, contrairement à certaines idées folles en vogue, l'autorité des adultes protège les enfants.

Comment établir l'autorité sur des enfants ?

Il n'y a pas de recettes miracles mais quelques principes :

> le plus tôt est le mieux.

> l'autorité se construit collectivement : c'est beaucoup plus difficile si vous êtes le seul adulte à essayer d'exercer une autorité tandis que tout le reste de l'entourage traite l'enfant comme le détenteur de l'autorité (celui qui obtient ce qu'il veut à cause de ce qu'il est). Quand c'est toute la société qui vilipende l'autorité, on prépare des catastrophes.

> enfin, le point le plus important : l'autorité se construit avec la rigueur et la constance. Un «non» doit être «non» tout de suite, fermement, sans discussion, sans chantage sentimental de part et d'autre (1), sans que les pleurs et les cris n'y changent rien, sans explication (2). Si ça ne suffit pas : on met l'enfant au coin ou enfermé dans sa chambre ou au lit sans manger (pour établir son autorité, il faut quelquefois exercer le pouvoir). Et on passe à autre chose sans en faire une batteuse : il est normal qu'il arrive que l'enfant désobéisse et il est normal que l'adulte le remette dans le droit chemin, ce sont des relations tout ce qu'il y a de plus correctes, pas une rupture ou une trahison.

L'autorité des adultes est fondamentale pour le bien-être de l'enfant : celui qui a l'autorité de dire «non» a aussi celle de dire «oui, vas-y, fais comme tu veux, je te fais confiance». Inversement, comment un enfant se sentirait-il en sécurité avec un adulte qui dit «non», mais qui, au bout de deux minutes de hurlements d'un avorton, finit par dire «oui» ? Comment ne douterait-il pas quand cet adulte dit «oui» ?

Et l'autoritarisme ? C'est le caprice d'autorité, c'est l'autorité inconstante ou inutile.

L'autorité suppose que l'adulte soit bien dans sa peau, dans sa légitimité, vis-à-vis de l'enfant, qu'il ne soit pas dans des relations de séduction.

Pour retourner à la politique qui occupe si souvent ce blog, les enfants habitués à l'autorité savent une fois devenus adultes se rebeller ou se soumettre intelligemment. Mais les adultes qui découvrent l'autorité peuvent se livrer aux pires excès dans un sens ou dans l'autre. L'hitlérisme peut être analysé comme la politique d'enfants sans pères.

C'est pourquoi notre société qui repousse avec horreur toute idée d'autorité se prépare des lendemains terribles.



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(1) : un adulte qui dit «si tu n'obéis pas, maman (ou papa) ne t'aime plus», c'est du chantage sentimental. Un adulte ne doit pas justifier son droit à être obéi : le seul fait qu'il soit un adulte suffit. L'enfant qui répond «Tu es méchant» fait aussi du chantage sentimental, la seul réponse est «Je ne discute pas avec toi de savoir si je suis méchant ou pas, je sais et tu ne sais pas. Tu obéis.»

(2) : une explication sur le moment est une justification, donc une perte d'autorité. Et les explications ultérieures ne sont généralement plus nécessaires : les enfants comprennent d'eux-mêmes.

5 commentaires:

  1. Je crois aussi qu'une autorité bien construite contribue à élever, à faire avancer celui à qui elle est destinée. Ce dernier, même s'il peut en souffrir sur le moment, en ressort grandi et meilleur.

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  2. La vrai dictature n'a pas besoin de s'exercer pour pouvoir exister, il suffit de la conditionner. La vrai question qui se pose est voulons nous apprendre à apprendre "entre autre à être un homme " à nos enfants, ou voulons nous avoir une bête docile, facile à conditionner.
    Tu enfantera dans la douleur, est valable pour un père aussi.
    Cordialement

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  3. "L'hitlérisme peut être analysé comme la politique d'enfants sans pères."

    C'est intéressant et hétérodoxe... Pouvez-vous m'en dire plus ? Peut-on appuyer historiquement cette idée ?

    Vous parlez peut-être des pères morts entre 14 et 18 ? (effectivement leurs enfants avaient la 20 aine vers 33).

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  4. C'est une monographie sur les adolescents et le nazisme.

    Je l'ai peut-être même déjà publiée sur ce blog. Mais je n'arrive pas à remettre la main dessus.

    Si je finis par y arriver, j'en ferai un billet.

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  5. Même sans ce lien, c'est assez facile à expliquer : les adolescents qui ont subi (j'écris «subir» à dessein car ce n'est pas toujours facile d'être forcé de s'apercevoir qu'on n'est pas le centre du monde, comme maman nous le laisse croire) une véritable autorité paternelle en ont les «codes».

    Le père est celui qui aide à se libérer du besoin fusionnelle.

    Les enfants sans père sont victimes d'un besoin fusionnelle excessif et d'un rejet de l'autorité également excessif.

    Cela peut se traduire par le phénomène des bandes : totale fusion à l'intérieur de la bande, total rejet de l'extérieur. Ce ne sont pas des attitudes d'hommes libres.

    Les bandes qui écument nos banlieues sont similaires sous bien des aspects psychologiques aux bandes de jeunes nazis qui servaient à Hitler pour déstabiliser la république de Weimar.

    Il leur manque tout de même un père de substitution capable de les entrainer (il y a souvent l'imam islamiste du coin qui fait fonction, mais pour l'instant, cela reste local).

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