dimanche, novembre 28, 2010

Ethnomasochisme et famille décomposée

A propos du billet :

Il neige sur le lac Léman

dans lequel l'auteur fait une maladie de la votation suisse demandant l'expulsion des étrangers criminels, j'ai écrit le commentaire :

«Le Tibet aux Tibétains» ou «la Palestine aux Palestiniens», c'est une noble cause. Mais «la France aux Français» ou «la Suisse aux Suisses», c'est une horrible xénophobie.

Il y a à coup sûr dans cette xénophilie militante ou dans cet ethnomasochisme virulent un défaut de l'intellect.

Mais, je me demande, à voir dans certains cas (au-delà du cas de Mlle Maurisse), la violence irrationnelle des propos si il ne faut pas chercher une faille psychologique plus profonde.

Je suis tenté de chercher cette faille dans la décomposition des familles occidentales.

Vous connaissez la phrase (quelquefois utilisée par le Front National en France) : il est normal que je préfère mes frères à mes cousins, mes cousins à mes voisins et mes voisins aux étrangers. Mais, dans une famille décomposée, quand le noyau familial a été détruit, cette construction hiérarchique naturelle est empêchée.

Ce n'est qu'une intuition. Je suis bien incapable de vous la justifier avec des arguments.

Qu'en pensez vous ?


Et vous qu'en pensez vous ? Est-ce une de ces idées si générales qu'elles n'ont aucune valeur ou y a-t-il une piste à suivre ?

41 commentaires:

  1. En Suisse, les cantons germanphones n'ont pas voté comme les cantons francophones, à ce que j'ai compris. Qu'en tirer ?

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  2. A coup sûr, les familles recomposées sont une plaie.

    A voir la portée réelle du "traumatisme". J'ai peine à voir la chose rendre xénophile. Et je dis ça très objectivement.

    J'irais plutôt chercher du côté de l'éducation. A force de se faire rentrer dans le crâne que notre pays a porter les pires tortionnaires de l'humanité sans avoir mention des grandes heures (ôtées du programme), c'est bien logiquement que l'on trouve les autres cultures si magnifiques. Un mélange dégueulasse de compassion (pitié?) et de vertu moisie (se conforter dans l'idée que l'on est quelqu'un de bien en répétant ce qu'on entend à la TV, à la sauce Coué)

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  3. Notre bon maître Michel Foucault nous a enseigné que la famille classique occidentale est corrélée au fascisme qui est en chacun de nous, "dans nos têtes". Logiquement, si on pulvérise la famille standard, on combat activement le fascisme. Quelle est l'antithèse du "fascisme" ? Juste pour détendre l'atmosphère.

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  4. Je pencherais aussi pour l'éducation en premier.

    Par exemple, mes arrière-grand-parents, grand-parents, parents et moi-même sommes nés et avons grandi et vécu loin de la métropole. Quelle ne fut pas ma surprise, en arrivant en France, de me faire traiter d'antisémite car, bien que connaissant l'Histoire de mon pays, je n'éprouve encore aujourd'hui aucun sentiment de culpabilité vis-à-vis des Juifs. Les blagues sur les Juifs - à ne pas confondre avec les blagues juives - me font rire aux larmes, comme me le font les blagues sur les arabes, les Belges, les blondes. J'irais plus loin en affirmant que c'est grâce à cet "aplomb" voire "culot" - ou en tout cas ce qui était ressenti comme tel par les gens, c'est dire si nous sommes conditionnés - que j'ai pu emballer et sortir avec une juive pendant près de trois ans: on est plus facilement respecté quand on ne fait pas la carpette, CQFD.

    Il me semble avoir lu ici ou ailleurs que les Indiens ne réservent pas à Hitler la place qu'il tient par chez nous dans les programmes scolaires et dans la vie médiatique. Ils ne s'en portent pas plus mal et on ne les traite pas de nazis pour autant.

    Ceci dit, l'esprit de communauté, ou plutôt son absence, sont sans conteste un élément majeur du délitement de la société française. Imaginerait-on un système de Neighborhood Watch ici en France, comme il y en a aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, en Australie et probablement ailleurs, sans que certains voisins ne dénoncent avec virulence chaque arrestation d'intrus malveillant par des voisins bénévoles et non assermentés? Remarquez, si c'est pour finir en taule avec Monsieur Galinier...

    Encore que, qui dit communauté dit évidemment famille, et qui dit famille dit éducation...

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  5. Obsédé Textuelnovembre 28, 2010

    Vers la soumission de femmes, et de tous... votée le 28 novembre 2010 par l'Union Européenne.

    Extraits de l'intervention d'Elisabeth Sabaditsch-Wolff à Copenhague.

    « Si je prononçais ces mêmes mots demain matin, je pourrais me faire arrêter. Je pourrais être inculpée aux termes des dispositions de la Décision-cadre et extradée, en vertu d’un mandat d’arrêt européen, vers le pays qui m'a inculpée, sous escorte de la gendarmerie européenne.
    Ce n'est pas un scénario imaginaire, c'est une possibilité très réelle.
    .../...
    Nous ne jouirons plus de ce qu’il nous reste aujourd’hui de droits constitutionnels. Nos droits seront entièrement définis et encadrés par la charia. Les femmes deviendront, en pratique, la possession des hommes. Les chrétiens et les juifs seront chassés ou forcés de se convertir à l'islam. Les athées et les homosexuels seront tués. »

    Texte complet traduit en français:
    http://www.postedeveille.ca/2010/11/elisabeth-sabaditsch-wolff-%C3%A0-copenhague.html
     
    Texte en anglais:
    http://snaphanen.dk/2010/11/28/sabaditsch-wolff-in-copenhagen/

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  6. Pas bete du tout !
    En fait , les Ritaliens , grands spécialistes des familles patriarcales ( encore aujourd'hui , si , si ! ) et des grandes familles ( mafieuses !!! ) résistent beaucoup mieux que les autres pays européens aux assauts des immigrés et autres brailleurs vociférants ....

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  7. @Curmudgeon
    En Suisse, les cantons germanphones n'ont pas voté comme les cantons francophones, à ce que j'ai compris. Qu'en tirer ?
    Que vous ne connaissez pas la Suisse, rien de plus. En Suisse-Allemande la proportion ville/campagne est différente de la Suisse-Romande. Par contre je suis persuadé que le taux de bisounours à Zürich est proche de celui de Genève.

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  8. @Jazzman: ah! le bon sens paysan.

    Ben tiens, ils l'ont, les paysans, l'esprit de communauté.

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  9. jazzman : Ma question sur la Suisse, que je ne connais effectivement pas, était une vraie demande d'information, et non un jugement désinvolte. Merci de la réponse. Est-ce que la répartition ville / campagne est le seul facteur ? Y a-t-il aussi des différences d'attitudes anciennement ancrées ?

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  10. Curmudgeon : la Suisse alémanique est conservatrice et libérale, la Suisse romande Degauche et socialiste. Cela n'a rien à voir avec la proportion ville/campagne : beaucoup des grandes agglomérations se trouvent du côté alémanique. La Suisse francophone est plus proche de la mentalité française, tout simplement. On retrouve cette division en Belgique.

    Bien entendu, tout est relatif, et la Suisse romande est tout de même... suisse. C'est à dire, par rapport à la France, libérale, responsable, travailleuse et respectueuse de l'ordre.

    Notez que les médias, en tous cas du côté romand, sont, comme en France, outrageusement biaisés à gauche, et ne représentent pas l'opinion de la population.

    Quant à Genève, elle n'est pas en Suisse. D'ailleurs elle est envahie d'immigrés.

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  11. Merci, Robert Marchenoir, j'y vois beaucoup plus clair. Comme la presse française a une propension normale à citer la presse suisse francophone, elle trouvera confirmation de ses propres tendances. Ces effets de cercles vicieux auto-alimentés sont redoutables. C'est comme les intellectuels américains qui ne fondent leur connaissance de la France que de la lecture du Monde. J'en ai vu qui ont porté aux nues le système d'enseignement français, non pas sur la base d'une recherche d'information indépendante (la France n'a pas que des tares, il s'en faut de beaucoup), mais à partir des plaidoyers pro domo sans nuances de leurs correspondants français.

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  12. La conjecture de Franck Boizard est difficile à estimer. On peut imaginer des études pour la tester, mais il n'est pas certain que ce programme de recherche ait les faveurs de beaucoup de sociologues.

    En tout cas, on constate que le modèle de la famille recomposée se diffuse en cascade, comme se diffuse le modèle de la famille monoparentale chez les Noirs américains.

    Diverses études, notamment au Royaume Uni, aux Etats-Unis, en République tchèque ont bien prouvé que la propension à divorcer se transmet d'une génération à la suivante. Voir ainsi l'article d'Anna Stastna, "The intergenerational transmission of divorce behaviour - The example of the Czech Republic and an international comparison" (2007), tiré de sa thèse. D'après l'auteur, les enfants de parents divorcés montrent une tendance plus forte que les autres à partir plus jeunes, et à vivre en cohabitation, ce dernier comportement étant positivement corrélé avec un divorce ultérieur. Voir aussi Martin, Mills, Le Bourdais, "The consequences of parental divorce on the life course outcomes of Canadian children", 2005. Les femmes élevées dans une famille monoparentale ont une plus grande tendance à avoir des enfants hors mariage et à devenir mères plus tôt.

    Un livre, McLanahan & Sandefur, "Growing Up with a Single Parent: What Hurts, What Helps" (1994), est basé sur des échantillons massifs (de 2900 à 10400 individus), et les conclusions, confirmant les hypothèses spontanées, sont claires. "McLanahan and Sandefur set out to answer the following question: Do children who grow up with only their biological mother or their biological mother and a stepfather have worse outcomes than children with similar known characteristics who grow up with both biological parents? The major outcomes examined were educational attainment, idleness (being out of school and out of
    work), and early family formation. McLanahan and Sandefur found that, other things being equal, teenagers who spent part of their childhood apart from their biological father were twice as likely to drop out of high school, twice as likely to become parents themselves before age twenty, and one and a half times as likely to be idle in their late teens and early twenties."

    Ça, c'est le fait brut et les conséquences évidentes. Maintenant, quelles conséquences peuvent en découler sur les attitudes des intéressés, dans l'esprit de ce que suggère Boizard ? Il faudrait accumuler les études. J'en trouve une (James W. Clarke, "Family structure and political socialization among urban Black children") qui conclut ceci, à partir d'un petit échantillon de 94 enfants : "Father-absent children tend to be more cynical and also express much strnger preferences for a racially segregated environment". Ici, curieusement, la décomposition familiale semble favoriser la tendance à vivre entre semblables. Donc, au moins en ce qui concerne les familles monoparentales noires américaines (ce qui diffère des familles recomposées européennes), pratiquement l'inverse de la conjecture de Boizard.

    L'article anglais de Wikipedia "Family values" peut intéresser certains. Il y est brièvement fait allusion au caractère "victorien" de l'attitude dominante à Singapour...

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  13. @Curmudgeon
    J'aurais pu vous conseiller de lire d'abord Denis de Rougemont, naturellement, ou noircir des pages entières sur le rideau de rösti et notre système d'armée de milice.
    J'ai au moins eu le mérite d'attirer l'omniscient Bob Marchenoir qui vous a dit tout ce qu'il fallait savoir sur la Suisse et Genève en particulier, où je n'ai passé que mes vingt premières années.

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  14. La presse suisse romande suit aussi beaucoup l'actualité française, les médias français, les émissions de télé françaises... Certains sujets français sont traités comme des articles domestiques et non comme des articles de politique étrangère. Cela renforce le cercle vicieux.

    A la décharge des médias helvétiques, la Suisse est bien petite, sa partie francophone encore plus, et la vie publique y semble assez... ennuyeuse. C'est évidemment une qualité, mais la tentation est forte d'aller chercher des distractions de l'autre côté de la frontière.

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  15. Hahaha, Jazzman est vexé parce qu'un non-Suisse ose parler de la Suisse. Xénophobe comme vous l'êtes, vous votez UDC, j'espère, Jazzman ? Vous êtes suisse, donc ? Vous auriez pu avoir la correction de le signaler. Mais non, nous sommes censés le deviner. Voyons donc, Jazzman, c'est un nom typiquement suisse, évidemment.

    En tant que Suisse, donc, vous nous expliquiez que la différence de mentalité entre alémaniques et romands était dûe au fait que les premiers sont ruraux, et les seconds urbains.

    Allez-y, développez, ça m'intéresse.

    Justifiez donc votre position, puisque vous connaissez si bien la Suisse. Expliquez-nous à quel point la Suisse alémanique est dépourvue de grandes villes, et en quoi cela entraîne qu'elle rejette le socialisme romand.

    Tout le monde vous écoute.

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  16. Vous déformez tout Marchenoir. D'abord je ne suis pas vexé, je souris, je vote UDC, et je n'ai pas dit que ville/campagne expliquait tout, loin de là. A part Zürich, il n'y a presque pas de grandes villes en Suisse-Allemande, et d'ailleurs cette ville vote souvent différemment du reste de la Suisse-Allemande. Ensuite dire que la Suisse-Allemande est germanophone est un grossier raccourci. Ce serait comme dire que le Tessin est italophone.
    Vous dites que Genève est envahie d'immigrés et tous les français pensent au 9-3, alors que beaucoup sont des employés du BIT, UIT, CERN etc. Quand à aller chercher des distractions sur France, laissez-moi rire. Oui, le Macumba est sur France, si c'est cela se distraire. La seule vérité est que le plafonnement des mises oblige les riches suisses à aller jouer au Casnino à Divonne, Evian, etc.

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  17. Ah oui, comme immigrés j'oubliais les tennismen français qui viennent se reposer entre deux défaites face à Federer, et quelques pilotes de F1.

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  18. Pour bien distinguer :

    1) L'estime de soi, la confiance en soi n'est pas le narcissisme et le mépris des autres. (Elizabeth Gudrais, Self-esteem, real and phony", Harvard Magazine, 2005). Pas plus, d'ailleurs, que la recherche de son intérêt ("self-interest") n'est la même chose que l'égoïsme ("selfishness"), la cupidité (cette confusion sophistique pollue toutes les critiques de l'économie de marché). Aimer son pays n'implique pas qu'on méprise les autres pays.

    2) Le respect de l'Autre et la bienveillance envers l'Autre ("allophilia" de Pittinsky = "positive intergroup attitude") n'est pas l'auto-flagellation et l'autodestruction : aimer son prochain comme soi-même, ce n'est pas aimer son prochain à proportion qu'on se déteste soi-même. Voir dans cet ordre d'idées : Cyril Brun, "L'immigration et la charité chrétienne", 21 novembre 2010, sur le blog placedeleglise, aisément transposable dans des conceptions non-chrétiennes. Pittinsky propose de considérer que "tolérance" est le point médian entre les pôles préjugé / allophilie, et que la tolérance peut être une attitude instable. Voir la très brève présentation de Pittinsky dans "Really loving your neighbour", The Economist, 15 mars 2007.

    3) L'allophilie, ou même simplement l'intérêt bien compris sans sympathie excessive pour l'Autre, peuvent conduire à la conviction de la supériorité de l'Autre (sur tel et tel point, à préciser). Cette supériorité peut être reconnue rationnellement et acceptée pour son bénéfice propre. Par exemple il semble que les Gaulois se soient romanisés assez facilement, et cela alors même que la conquête de César n'avait pas été très tendre. Les Irlandais semblent s'être convertis sans drame au christianisme. Les élites françaises de la Renaissance ont reconnu la supériorité italienne pour les arts, les belles manières. Les universitaires américains, français de la fin du XIXe siècle, quand ils étaient lucides, ont clairement perçu la supériorité de l'organisation universitaire allemande. Cent exemples analogues dans tous les domaines.

    4) Pour enfoncer le clou : quand la conviction de la supériorité de l'Autre est excessive, généralisante, déraisonnable, émotionnelle, moralisante, on en arrive à la haine de soi, et on observe alors des déviances telles que le mythe du Bon sauvage, l'esprit collabo, le juif antisémite, etc.

    Tout cela est brassé et mixé sans lucidité par les idéologues, les militants, les journalistes hâtifs. Toute discussion sensée en devient polluée.

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  19. Encore un point: il n'y a que trois aéroports internationaux en Suisse, Genève, Zürich et Bâle-Mulhouse, cela montre le caractère rural de la majorité du territoire, qui est lui-même en majorité suisse-allemand.

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  20. jazzman : Les Suisses arrivent à se supporter entre eux. C'est déjà un tour de force digne d'admiration. Malgré les blagues suisses un peu niaises, et une grande ignorance (que je partage en partie) les Français peuvent apprendre des Suisses. Si vous aviez à sélectionner deux ou trois choses que la France pourrait apprendre de la Suisse, qu'est-ce que ça serait ?

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  21. Pour finir, la votation dont parlait Curmudgeon était très partagée, contrairement à celle contre les minarets, il serait donc faux de tout ramener à une opposition linguistique comme il le suggérait.

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  22. Je m'y connais assez peu en avions et en Suisse pour donner un avis cohérent, mais je pensais tout bêtement que l'on prenait la peine de construire des aéroports dans des plaines dégagées et pas sur la face nord des pics enneigés.

    Un début d'explication ?

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  23. @Curmudgeon
    A mon avis le point central est l'idée de confédération qui est différente de fédération, comme l'a expliqué en détail Denis de Rougemont.
    Pour faire court, cela signifie que les cantons commencent par renoncer à leur souveraineté, qui leur est partiellement rendue ensuite.
    A l'opposé, par exemple pour l'Europe, aucune nation ne commence par abdiquer, ce qui dénote un état d'esprit très différent. Vous pouvez faire le même raisonnement pour les département ou régions français.

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  24. @Epicier vénéneux
    Effectivement, on ne construit pas les villes à la campagne, ou dans les Alpes. Si vous avez une autre remarque intéressante à faire, ne vous gênez pas.

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  25. Et naturellement, il y a l'armée de milice obligatoire avec l'impossibilité d'être officier sans avoir été soldat, avec l'incorporation en Elite jusqu'à 32 ans. C'est un des ciments de la citoyenneté suisse.

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  26. jazzman : Il faudrait que j'étudie l'histoire suisse, pour voir comment précisément les cantons se sont associés. Dans le cas de l'UE, alors que j'étais initialement très pro-UE, j'ai voté "non" dans le référendum 2005 sur le traité établissant une constitution. Après avoir lu le document de A à Z, avec une réaction peu favorable, et malgré le pilonnage des médias et des élites intellectuelles, qui me menaçaient de me flanquer dans la catégorie des péquenots bas-de-plafond xénophobes protectionnistes arriérés buveurs-de-pinard-à-béret-basque. J'avais lu un gros article d'une juriste qui démontrait que le système proposé contenait des failles énormes. Ce n'est qu'à posteriori que les Hautes Instances ont fini par convenir que, oui, en effet, ça se pourrait bien qu'il y ait eu dans l'UE un léger "déficit démocratique". Donc je ne regrette pas mon vote. Les Suisses s'y sont pris mieux que nous.

    En plus, la méga-UE à marches forcées, qu'on nous promettait de s'épancher bientôt jusqu'aux frontières du Caucase et de la Syrie, non merci ! Si la Suisse avait absorbé le Piémont et la Savoie, je ne dis pas, mais imaginez l'Helvétie jusqu'en Albanie et à Marrakech !

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  27. C'est un peu ce que je dis. Si les nations avaient dû d'abord renoncer à leur souveraineté, en faisant confiance à l'Europe pour la leur resituer, aucune n'aurait dit oui.
    C'est une question de confiance qui est lâ ou pas.

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  28. La Suisse s'est formée petit-à-petit à partir des 3 cantons primitifs en 1291, jusqu'à Genève en 1815. Un processus très long donc, pour une toute petite taille finale. Malgré cela, je me sens un fils de Guillaume Tell.

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  29. Le dernier point important est que l'instruction publique est cantonale ce qui permet de mieux résister au pédagogisme. Cela pose aussi des problèmes, il n'y a pas que des avantages et par exemple les Tessinois n'ont pas d'Université, c'est soit l'Italie, soit des études en français ou allemand.
    Et tout cela n'arrive pas vraiment à contenir la poussée des bisounours, ce que je ne m'explique pas vraiment.

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  30. jazzman : Je crois aussi savoir qu'il existe une émulation fiscale entre les cantons, non ?

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  31. WikiLeaks fait de l'ombre aux Suisses, mais tout de même. En se promenant pour voir sur le Web les réactions à propos de la votation suisse, on trouve des tas de choses, après l'amorce "la presse déplore...", "la presse dénonce...", ou autre. Les journalistes suisses eux-mêmes ne sont pas en reste. On aimera beaucoup le "trop de démocratie" des milieux autorisés bruxellois.

    L'occasion est rêvée pour ramasser à grandes brassées toutes les expressions attendues : "repli identitaire", "peur de l'avenir", "instrumentalisation", "droite conservatrice", "voie malsaine", "haine de l'étranger", "nouvelle avancée du racisme", "visage haineux", "fantasmes", "une certaine schizophrénie", "Suisse traumatisée", "gifle pour les étrangers", "consternation des partis de gauche", "Bruxelles veut que Berne s'explique", "la Suisse, paradis des lubies populistes". "poussée nationaliste, chauviniste, xénophobe, parfois même d'un populisme très très agressif" (Barroso), "la Suisse appliquera-t-elle le programme du FN ?", "remise en cause de l'Etat de droit", "chasse aux moutons noirs".

    On apprécie spécialement le "fatale Sehnsucht nach der Idylle" du Tages Anzeiger de Zürich ("désir fatal d'idylle": il semble que certains Suisses aiment assez dénigrer l'"idylle suisse"). Les Suisses, gambadant sottement dans leurs montagnes, seraient restés fixés au stade enfantin de Heidi.

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  32. Effectivement, la fiscalité est du ressort des cantons principalement, les impôts fédéraux étant très faibles. Cela permet aux cantons d'accorder des arrangements pour attirer de riches contribuables.

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  33. La pratique suisse interne (!) en matière de fiscalité est donc un pied-de-nez insolent à la "bonne gouvernance" par "harmonisation fiscale". Quel cynisme !

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  34. L'article de La Croix intitulé "La démocratie directe en question en Suisse" (29/11/2010) indique : "Plusieurs voix se recoupent ainsi autour de la nécessité de la création d’une Cour constitutionnelle en Suisse et appellent le Conseil fédéral à s’engager dans une réforme des institutions. Une opinion également partagée par des membres du gouvernement lors de discussions informelles dans les couloirs de Berne.". Chacun comprend que, dans un Etat de droit, on ne peut pas décider de n'importe quoi à la majorité. N'empêche qu'ici les bons apôtres essaient de jouer quelque chose qui ressemble beaucoup à ce qui se passe aux Etats-Unis en ce moment à propos de la loi sur l'immigration de l'Arizona. C'est la grande lutte entre pouvoir fédéral et pouvoirs des états, ou des cantons. Les enjeux ne sont pas minces.

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  35. "C'est un combat perpétuel que celui de l'éducation des enfants pour que la société demeure civilisée et ne retourne pas à la barbarie. Ce combat ne relève pas que de l'école, mais aussi de la famille. Une des grandes erreurs des temps modernes, c'est d'avoir cru que l'école pourrait servir de substitut laïque au creuset familial. Le défaut d'éducation d'une partie de notre jeunesse vient moins de leur origine que de l'éclatement des structures familiales. Les familles d'origine asiatique exercent une telle pression éducative sur leurs enfants que ces derniers posent un vrai problème à leurs petits camarades d'école : il faut travailler beaucoup pour les suivre et être au niveau ! Comment ne pas voir que ces millions d'enfants privés de père et de repères, ces blessés de la route familiale sont des victimes de l'absence d'autorité sage et éclairée, mais ferme ? Qu'attend-on pour rechercher les pères défaillants afin de les obliger à remplir leur devoir ? On ne met pas au monde un enfant comme on achète une voiture. La société, si prompte à retrouver les auteurs d'excès de vitesse, est bien passive avec les chauffards de la vie familiale". Michel Godet, "Pourquoi la France ne réussit pas à se faire aimer de ses immigrés, 29 septembre 2010.

    Rappel : aux Etats-Unis, les meilleurs résultats scolaires sont ceux des enfants d'origine asiatique.

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  36. "on ne construit pas les villes à la campagne"

    Mais alors, où sont-elles donc construites ?

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  37. Ben, en ville. C'te question. Pas trop loin des aéroports. Mais pas trop près non plus!

    On peut aussi construire des mégalopoles à 4000 mètres d'altitude, mais c'est une autre histoire.

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  38. Trois aéroports internationaux pour un pays de la taille de la Suisse, c'est déjà beaucoup. Ce n'est en tous cas pas peu.

    Je ne sais pas si on peut qualifier la Suisse de pays rural. Une bonne partie de son territoire est de toute façon constitué de hautes montagnes, et donc inhabitable.

    En revanche, il est vrai que la mentalité rurale est importante en Suisse, qu'elle imprègne encore ceux qui ne sont plus des ruraux, et qu'elle a contribué à forger la mentalité politique du pays (indépendance, pragmatisme, obstination, individualisme, libéralisme).

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  41. Pas sûr.
    Voir le dernier blog de J.P. Chevallier. J'ai bien peur qu'il n'ait raison, car les dirigeants sont pris au piège et pratiquent la fuite en avant. La Grèce aurait dû sortir de l'euro, mais elle a reculé et elle va le payer plus cher. Au final je pense que nous allons vers le renforcement de l'oligarchie bruxelloise. Bref, la sortie de la crise par l'option dictature douce cachée derrière un paravent pseudo-démocratique.

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