Tout d'abord, un mot de l'auteur, car il est typiquement anglais.
Gros exploitant agricole volailler, il vend son entreprise, et écrit dans les années 60-70, trois livres, construits sur le même modèle : le récit exhaustif, curé jusqu'à l'os (1), du point d'orgue d'une bataille décisive (le premier jour de la bataille de la Somme, le bombardement de Nuremberg).
Dans celui-ci, il fait le récit du destin des convois HX229 et SC122 entre le 16 et le 20 mars 1943. Le bilan dit tout : 1U-boot coulé, 22 cargos.
Après cette bataille, les U-boots commencent à être surclassés, à cause de l'arrivée de nouveaux escorteurs et de nouveaux avions.
L'interrogation principale, dont je vous ai déjà fait part : comment, si tard dans la guerre, après Stalingrad, à peine plus d'un an avant le débarquement de Normandie, cette bataille décisive est-elle restée au second rang des priorités dans l'attribution des moyens ?
Middlebrook a une réponse nette et tranchante : trois coupables.
Coté américain, l'amiral King qui s'obstine à attribuer la priorité des moyens au Pacifique, dont il attend la gloire, en désobéissance avérée des décisions prises par son gouvernement.
Il a fallu l'intervention de Roosevelt pour que quelques dizaines de Liberators soient attribués à l'Atlantique, tandis que des centaines partaient pour le Pacifique. Alors que ceux-là ont fait beaucoup plus pour la victoire finale que ceux-ci.
C'est bien de désobéir quand on a raison. Quand on a gravement tort, c'est une catastrophe.
Même chose coté anglais : Churchill était obsédé par le bombardement de l'Allemagne, obsession savamment entretenue par «Bomber Harris». Bien qu'il ait écrit dans ses mémoires avoir été rongé d'inquiétude par la Bataille de l'Atlantique, la réalité est qu'il n'a jamais donné l'ordre de distraire un seul Lancaster vers le Costal Command, qui était désespérément pauvre.
La Bataille de l'Atlantique était défensive pour les Alliés. C'est moins glorieux et moins attrayant qu'une belle offensive. Et il n'y avait pas de spectaculaire victoire, juste des statistiques de tonnage coulé.
C'est dans les niveaux intermédiaires qu'il s'est trouvé les hommes les plus lucides qui, comprenant l'enjeu, ont fait des efforts surhumains d'imagination et d'improvisation pour tirer le maximum des maigres moyens dont ils disposaient (2).
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(1) : j'en profite pour dire que je déteste cette expression employée par les ministres incultes pour justifier l'absence d'effort de réduction des dépenses publiques : « on est à l'os». Mis à part que le propos lui-même est un hénaurme mensonge (plus c'est gros, plus ça passe), sont-ce des bouchers-charcutiers pour s'exprimer ainsi ?
(2) : un escorteur anglais harcelé s'est trouvé si seul et désespéré qu'un U-boot a fait surface à vue pour attaquer le convoi qu'il protégeait. Le capitaine anglais a signalé au U-boot « Pourquoi ne nous laissez vous pas tranquilles ? ». Réponse de l'Allemand : « Désolé, nous avons nos ordres ».
samedi, avril 06, 2013
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