mardi, octobre 15, 2013
La religion étatiste
Beaucoup de libéraux se trompent (les conservateurs se trompent bien moins sur ce point). Ils sous-estiment la profondeur de la crise morale aux sources de l'étatisme à la française.
C'est une banalité de constater que tous les partis politique français, sans aucune exception, vouent un culte au socialisme, en général sous sa forme fiscale et étatiste.
Aucun politicien français ne dira, comme Ronald Reagan, «L'Etat n'est pas la solution c'est le problème». Mais ce n'est pas entièrement la faute des politiciens, cela serait trop facile. Les Français, dans leur majorité, voient l'Etat comme une divinité : une calamité (inondation, canicule, chomage, viande avariée, épidémie...), une seule réaction : que fait l'Etat ?
Quand on prend du recul, cette attitude est stupéfiante : l'Etat n'est qu'une administration humaine comme une autre, avec ses faiblesses et ses défauts, ses tares et ses imperfections. Il est fou d'en attendre ce qu'on ne devrait attendre que de soi-même et de Dieu.
La clé de l'énigme est donnée par l'expression «Etat-Providence» : l'Etat est le nouveau Dieu.
Nos sanguinaires révolutionnaires avaient bien compris que, pour ancrer leur prise de pouvoir, ils devaient remplacer le culte chrétien par le culte étatique. Et ils y sont parvenus, non sans mal. Il y a fallu beaucoup de massacres, de propagande scolaire, d'endoctrinement à tous les étages. Mais, ça y est, c'est fait : les églises sont presque vides et les files d'attente à la Sécu plus que pleines. La religion de l'Etat remplace la religion du Christ.
Les Français demandent désormais à l'Etat ce qu'ils demandaient naguère à Dieu dans leurs prières : les protéger du chômage et de la maladie, leur donner un toit et remplir le garde-manger.
C'est pourquoi les libéraux montrent une grande naïveté quand ils argumentent du naufrage patent du socialisme. Oui, c'est vrai, le socialisme échoue tant et plus. Et alors ? Si on leur supprime le mythe de l'Etat-Providence (peu importe la réalité), qu'est-ce qui va consoler les Français de l'angoisse de la maladie, de la vieillesse et de la mort ? La lecture des oeuvres intégrales d'Hayek ? La récitation des aphorisme de Schumpeter ?
Cela serait bien que les Français remettent les choses à leur place : l'Etat à l'administration du pays, Dieu et la Providence à l'église. Mais par quel miracle cette remise en ordre adviendrait-elle ? Nous sommes à la troisième étape de la décadence : après la décadence du caractère et la décadence de la morale, la décadence de l'intelligence.
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