Une hirondelle républicaine ne suffira pas à faire un printemps français
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Non, décidément, la République ne pourra se refonder elle-même en se tirant de
son marasme par les cheveux comme le baron de Münchhausen des sables
mouvants. Elle a besoin d'une mystique qui ne sera pas produite ex nihilo par une
poignée d'intellectuels, car cette mystique n'est rien d'autre que l'attachement de
tout un peuple à ses moeurs, dont les lois ne sont que l'expression consciente et
volontaire. Elle a besoin de ce peuple et de son populisme actuel, qu'elle doit
comprendre comme un attachement profond à une forme de moeurs appelée
nation. Elle a besoin de se dégager de son recouvrement libéral pour affirmer son
sous-bassement national, lequel ne réside pas dans le «citoyennisme», mais dans
des moeurs qui donnent une certaine forme à la vie la plus quotidienne. Ce qui
sous-tend la laïcité c'est cette forme de vie et non un kantisme abstrait du respect
de la volonté libre.
Revenons aux sources, revenons à Rousseau, qui, dans sa Lettre à d'Alembert, nous
mettait ainsi en garde: «Mais ne nous flattons pas de conserver la liberté en
renonçant aux moeurs qui nous l'ont acquise.».
Une hirondelle républicaine ne suffira malheureusement pas à faire un printemps
français.
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La politique française (on peut aussi dire européenne ou occidentale, mais c'est la France qui m'intéresse) depuis trente ans peut se résumer à la mise à l'égard du peuple souverain, à la fois par abandon de la souveraineté et par un mépris grandissant et de plus en plus visible du peuple.
On peut en scander les dates récentes : 2007, re-vote parlementaire du référendum de 2005 ; 2012, élection d'un minable apparatchik ; 2016, loi empêchant l'émergence de nouveaux partis ...
L'article de Coussedière fait partie d'un mouvement intellectuel, encore faible, qui rappelle qu'une nation n'est pas un ramassis d'abstractions mais une réalité charnelle.
Mais n'est-ce pas un peu tard ? Cette réalité charnelle, ce sont des moeurs. Or, la France est le plus gros client européen de MacDo. Les sondages plébiscitent la famille et l'école mais la réalité est à l'inverse, les familles sont dissoutes et les enfants scotchés devant les écrans. Quant à la langue française, le naufrage est trop navrant pour que je puisse en parler.
Il est peut-être trop tard aussi pour des raisons matérielles :
Defeat program
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Dans cette gigantesque « fonte de muscles » (l’armée de terre, pour ne citer qu’elle, dispose désormais de trois fois moins de régiments, de six fois moins de chars de bataille et de pièces d’artillerie, de deux fois moins d’hélicoptères qu’en 1990), devenue presque une lutte pour la survie, la capacité de remontée en puissance a été immédiatement et discrètement sacrifiée. Plus de grands dépôts, plus de plan de mobilisation, plus réellement de réservistes (ils représentent actuellement, à un instant donné, 0,5 % des effectifs de l’armée de terre). Non seulement nous nous sommes affaiblis mais nous avons en plus sacrifié toute possibilité de redevenir forts. C’est peut-être encore plus inconséquent. Si nous conservons la possibilité de dissuader du nucléaire par notre force nucléaire, nous avons perdu la composante conventionnelle qui y était adossée et sans la possibilité de la reconstituer avant des années. Nous ne pouvons plus faire face à l’apparition d’une menace majeure sans appeler au secours.
Nous sommes tellement coincés avec notre petite force professionnelle que lorsqu’un groupe armé vient nous frapper en plein cœur de Paris, nous sommes incapables de faire autre chose que de faire passer les frappes aériennes de 1 à 2 par jour et de déplacer, sans réelle utilité pratique, des milliers d’hommes des camps d’entraînement ou des théâtres d’opérations vers les rues de France. Je ne parle pas de l’arrêt des suppressions de postes, le sauvetage d'un suicide pouvant difficilement s'apparenter à un stage de remise en forme. Rien n’a bougé vraiment comme lorsque le chancelier de l’échiquier expliquait jusqu'en 1939 aux chefs d’état-major britanniques que l’instabilité financière était une menace plus importante que l’Allemagne nazie.
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Il serait intéressant de savoir depuis quel moment dans notre histoire une attaque directe venant d'un ennemi extérieur et faisant 130 victimes à Paris ne provoque plus en retour une guerre à mort.
Déjà, un progrès : l'escroquerie du faux peuple commence à se voir :
Nuit Debout : le crépuscule des bobos
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Une autre caractéristique de la Nuit Debout tient à son aversion pour le salarié.
C'est l'Autre: on le plaint, on se bat pour lui, mais on ne le côtoie pas.
Tout est fait, dans la Nuit Debout, pour le décourager de venir. Le premier
argument est dans la définition même de la manifestation: nocturne, noctambule,
elle n'est guère accessible à celui qui sort fourbu d'une journée de travail et qui
doit embrayer tôt le lendemain. Il peut venir, certes, de temps à autre. Mais il doit
attendre pendant des heures avant de pouvoir parler pendant trois minutes selon
un formalisme figé qui laisse peu de place à l'amateurisme.
De là le caractère extraordinairement hétérogène du mouvement. Fait par les
Blancs pour les Blancs, fait par les bourgeois pour les bourgeois, fait par les bobos
pour les bobos, il ne devrait pas tarder à mourir de sa belle mort, à moins qu'une
mutation du virus ne conduisent à une radicalisation et une popularisation
inattendue [non].
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