On savait déjà que Jean Monnet était un enfoiré, agent des Américains, visant à détruire les nations européennes. Il a savonné la planche à De Gaulle et a fait ce qu’il pouvait pour asservir la France. Exagéré ? Attendez de voir.
Riondel entre dans les détails.
Jean Monnet a arrêté les études très tôt et s’est retrouvé représentant commercial du Cognac paternel en Grande-Bretagne puis au Canada. Ses contacts, uniquement dans la haute société (Monnet n’était vraiment pas du genre à fréquenter les pauvres. Il aurait agréé l'expression « les sans-dents » et le mépris social qu'elle signifie) étaient affiliés à ces mouvements mondialistes du XIXème siècle qui voyaient le mondialisme (le monde uni, débarrassé des nations, géré par une classe d’essence supérieure –si cela vous rappelle quelque chose, ce n’est sans doute pas un hasard) comme une extension de l’empire britannique.
Riondel pense que Monnet a été recruté comme « honorable correspondant » des services secrets britanniques avant d’avoir atteint vingt ans. C’est ainsi qu’il explique toute une série de coïncidences, de portes qui s’ouvrent miraculeusement dans la haute société britannique, devant ce jeune Français inconnu. D’après lui, Monnet avait gardé les idées de ses jeunes années, il n’était pas européiste mais mondialiste. Son but n’était pas de détruire les nations européennes seulement, mais toutes les nations.
Contrairement à Robert Schuman, ancien combattant, Monnet a été réformé.
Monnet s'est marié en URSS, à cause de lois sur le divorce plus laxistes, en pleine terreur stalinienne (terreur qui ne semble absolument pas déranger ce grand humaniste de Monnet) et avec l'aide active de l'administration soviétique. Pourquoi cette complaisance ? Nous ne le savons pas exactement mais il faudrait être plus que naïf pour imaginer qu'elle vient d'un élan du coeur de la Tchéka face à la romantique histoire d'amour de M. Monnet.
Aussi bizarre que cela puisse paraître aux gens peu renseignés, la capitaliste Wall Street a été très active dans l'aide au communisme soviétique. Les deux « isme » communient dans la répudiation du vieux monde, le matérialisme, le culte de l'avenir, la foi dans la technocratie, l'opposition à la démocratie et l'espoir d'un gouvernement mondial. Cela fait beaucoup de points communs.
En voyage en URSS, Ronald Reagan emmène un très vieux banquier de Wall Street, Armand Hammer. Les jeunes loups soviétiques sont tout surpris de voir les dignitaires du Soviet Suprême traiter celui-ci avec une grande déférence. Ils se renseignent : c'est le dernier homme à avoir connu Lénine.
Comme par hasard (le hasard fait toujours très bien les choses dans la vie de M. Monnet), l'un des parrains américains du jeune Français est de ces banquiers familiers de l'URSS : Paul Warburg.
On nous dit souvent que parler d' « UERSS » est exagéré. Exagéré ? Ou, au contraire, très pertinent ?
Les aventures financières de Monnet dans les années 30 laissent un malaise, où se mêlent politique et finances. Les mots qui viennent à l'esprit sont « cupide » et « pas très honnête ».
Anecdote amusante (et révélatrice) : Monnet et un de ses complices essaient de dépouiller dans un raid boursier un vieux banquier d'origine italienne. A malin, malin et demi. La victime, se présentant comme persécutée par les loups de Wall Street, fait appel à la communauté italienne et renverse la situation, ruinant presque Monnet au passage. Déjà les apatrides contre l'enraciné ?
Monnet a parfaitement conscience du carré politique « nation, souveraineté, peuple, démocratie » mais c'est pour le détruire dans chacun de ses termes. Le coté antidémocratique des constructions supra-nationales est explicitement annoncé par les think tanks que fréquente Monnet. Après avoir lu cela, quiconque prétend que l'UE est démocratique est un imbécile ou un menteur.
Je répétais (un peu bêtement, je m'en aperçois) que Monnet était payé par la CIA. C'est vrai mais très insuffisant. La réalité est bien pire qu'une corruption passagère : toute la vie de Jean Monnet tient à sa servilité vis-à-vis de ses maitres anglais puis américains.
Anti-national, anti-démocratique, américanisé, homme des réseaux de pouvoir et des puissances d'argent, Jean Monnet est l'anti-De Gaulle. Pas étonnant qu'il l'ait desservi autant qu'il a pu, comme cet autre Français renié, Saint John Perse. Avec le recul, je trouve la magnanimité de De Gaulle vis-à-vis de ces gens excessive.
Il y avait, à n'en pas douter, de la jalousie du coté de Monnnet. Ce grenouilleur à l'ego surdimensionné savait qu'il n'avait pas le charisme de De Gaulle.
Monnet, lui, avait ce masochisme des élites françaises : tous les pays ont droit à leur nationalisme et à la défense farouche de leurs intérêts nationaux, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, tous sauf la France. Il faudra un jour faire la psychanalyse collective de cette haine des élites françaises pour leur pays.
L'idéal de Jean Monnet est beaucoup plus mondialiste qu'européiste. La dissolution des nations européennes n'est qu'une étape.
Son monde idéal est le gouvernement mondial d'une hyper-classe de quelques milliers, au grand maximum, d'individus qui, par le relais d'une super-classe de quelques centaines de milliers d'exécutants, règne sur des milliards de veaux manipulés. Monnet lui-même fait plus partie de la super-classe que de l'hyper-classe : il n'a jamais été dans les dirigeants de Wall Street, en revanche il en est parmi les plus fidèles exécutants [ajout de 2020 : c'est une positionassez comparable à celle de Christine Lagarde à la BCE].
Digression éclairante sur les méthodes de l'hyperclasse : la création de la réserve fédérale américaine, la Fed. Tout ce que je vais vous raconter est du domaine public, aucun secret. Pourtant, le public le connaît peu, faute de relais. Par exemple, l'article Wikipedia n'en parle pas. Il faut se référer à des gens marginaux, comme Ron Paul ou Murray Rothbard c'est-à-dire à des points de vue libéraux.
En 1910, les choses sont claires : il y a une majorité au Sénat pour considérer qu'une banque centrale est anti-démocratique et, donc, s'y opposer. Les dirigeants de Wall se réunissent secrètement (sous des noms d'emprunts) à Jekyll Island (nom prémonitoire). Ils veulent une banque centrale aux mains d'intérêts privés, exactement pour les mêmes raisons que les opposants : parce que c'est anti-démocratique, mais, pour eux, c'est une qualité. Et aussi, bien entendu, parce qu'ils comptent en tirer d'énormes profits.
Ils mettent au point une stratégie simple et efficace qu'ils appliqueront à la lettre. Ils font campagne (ils ont évidemment la grande majorité de la presse à leurs ordres) pour un système de réserve fédérale absolument inacceptable mais les discussions autour de ce projet acclimatent l'idée de banque centrale, puis, quand le fruit est mûr, ils proposent, en opposition à ce projet inacceptable, un projet plus « modéré », qui a toujours été leur véritable but et qui passe comme une lettre à la poste. Ces gens-là sont vicieux, mais personne n'a jamais dit qu'ils étaient bêtes.
D'ailleurs, ne viennent ils pas de nous refaire le coup de la comparaison avec Macron ? Après avoir agité Le Pen comme un épouvantail, Macron paraît acceptable en comparaison.
En 2017, cent ans après, la Fed est plus que jamais soumise à des intérêts privés et leur idéal d'un gouvernement mondial s'est rapproché. Je suis bien près de penser que la démocratie américaine est morte en 1913.
La création de la Fed résulte d'un complot dans le plein sens du terme mais c'est trompeur. En général, la convergence de gens qui pensent tous la même chose, ont tous les mêmes intérêts et sont très influents suffit, pas besoin de complot en bonne et due forme. C'est pourquoi ils sont difficiles à prendre en flagrant délit.
Je suis persuadé que le tropisme consistant à mettre tous nos maux sur le dos du libéralisme les sert, qu'ils l'encouragent par divers moyens : ils sont anti-libéraux, ils ne veulent surtout pas d'un véritable libéralisme, contraire à leur ambition de gouvernement mondial technocratique. Rien ne les dérange plus que des hommes à l'ancienne, enracinés, libres et responsables (et peut-être même économes, radins). Pour revenir à nos affaires françaises, les Zemmour, Polony et compagnie, au fond, les servent. L'habileté des maîtres du monde consiste à ne jamais être manichéens, à prendre à tous les râteliers pour faire passer leurs idées. Zemmour n'est pas mondialiste, dommage, mais s'il peut mettre à la mode l'idée que le libéralisme est l'ennemi, c'est déjà utile.
Lors du débat sur Communauté Européenne de Défense (dont certains articles ont été écrits directement par les Américains !) en 1952, Monnet méprise (comme tous les apatrides) ouvertement l'histoire, les cultures et les peuples. Il échoue.
La définition qu’en donne De Gaulle n’est pas mauvaise : « Un petit financier au service des Américains ». Je ne l’ai pas encore dit, mais j’espère que beaucoup d’entre vous l’ont deviné : il y a des parallèles évidents avec un autre M.
Rappelons que Monnet est de ceux qui ont travaillé à faire échouer le traité de l'Elysée, qui pouvait être le point de départ d'une Europe des nations. Monnet a été l'intermédiaire négociant l'ajout par le Bundestag d'un préambule atlantiste qui vidait le traité de sa substance. John Mc Cloy, le gauleiter américain en Allemagne, était un de ses anciens associés (toujours ce hasard qui fait si bien les choses. Vous avez compris : Monnet a fait partie de ce cercle de quelques centaines de personnes qui se partagent les postes importants, d'où la « coïncidence » qu'il trouve toujours bien placés des gens de sa connaissance. Ce n'est pas sans évoquer le clientélisme romain : dans l'empire romain, les postes n'étaient pas alloués par compétence, mais par clientélisme. Le patron, la tête de famille, plaçait ses obligés. Mais il ne pouvait pas promouvoir trop d'incompétents, sous peine de perdre sa crédibilité. Et il y avait un équilibre entre les familles).
Pour le traité de Rome, Monnet tire la leçon de son échec de la CED et avance masqué, il est sournois, retors, manipulateur. Il utilise un think tank et le réseautage. Il applique la première recommandation de Walter Lippman pour manipuler les peuples : toujours mettre un écran entre le public et la réalité. Tordre les mots, dissimuler ses objectifs, dévier le débat ... La fameuse « méthode Monnet » des « petits pas » n'est rien d'autre qu'une malhonnête politique du fait accompli méritant le mépris de tout démocrate conséquent. Dès sa création, « l'Europe » est anti-démocratique, ce n'est pas une malheureuse dérive, c'est la conséquence logique du choix supra-national par opposition aux accords inter-gouvernementaux.
La personnalité de Monnet est étrange, pour ne pas dire trouble. Ne se sentant ni français ni américain, ou les deux à la fois, il a, comme beaucoup de fous, mis toute son énergie à imposer sa folie, son anormalité, comme une nouvelle norme. Au lieu de se rapprocher des autres, il a essayé de rapprocher les autres de lui.
Le « père de l’Europe » (appellation grotesque. L'Europe n'a pas attendu M. Monnet pour exister) est peu ragoutant : toujours du bon côté du manche, toujours au service des puissants du jour et des puissances d’argent.
Je vais finir sur une note assez pessimiste. Quand on voit la persévérance de ces gens, dont le projet naît au XIXème siècle et qui ont bien conscience qu’ils vont devoir jouer sur plusieurs générations, on se dit que la démocratie a peu de chances de triompher. Aujourd’hui, le terrorisme musulman est le prétexte idéal pour l’étouffer un peu plus et pour concéder un peu plus de souveraineté à des organismes supra-nationaux non-élus et non-contrôlés ou à des technocrates.
Le plus grand danger pour ces gens, comme pour tous les idéologues, c’est la réalité. Mais ils savent dissimuler les réalités gênantes, dévier les mises en cause, empêcher les questions d'être posées clairement.
Jean Monnet me rend les soixante-huitards sympathiques : pas un soixante-huitard n'a fait autant de dégâts que Jean Monnet, et de très loin !
L'intérêt de ce livre est aussi d'être composé pour un tiers de notes. Il ouvre de nombreuses pistes et donne beaucoup de références.
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Une autre recension et deux articles connexes :
« Cet étrange Monsieur Monnet » par Bruno Riondel
Une autre contre vérité : les taux d’intérêt bas favorisent la croissance économique
Europe en crise cherche stratégie française
Derrière ces événements différents, l’échec d’Emmanuel Macron et la décision italienne, on voit se profiler la logique réelle de l’Union européenne. Cette dernière n’a actuellement pas d’autres buts, et pas d’autres fonctions, que d’imposer les conditions économiques voulues par l’Allemagne aux autres pays. Et ces conditions économiques aboutissent à mettre les Etats sous la tutelle des marchés financiers et des grands groupes économiques, une situation qui correspond parfaitement aux intérêts actuels de l’Allemagne. Cette politique a pour symbole et pour instrument l’Euro, dont il est évident qu’il fonctionne économiquement comme une subvention pour l’Allemagne et politiquement comme un instrument disciplinaire dans les mains de l’Allemagne faisant en sorte que ce dernier pays n’ait pas à payer le prix pour sa domination qui ruine les autres pays. Toute politique vis-à-vis de l’UE qui ignorerait ces réalités est condamnée à l’échec.
Emmanuel Macron entraîne tant l’économie de la France que la construction européenne dans une impasse du fait de sa politique actuelle de compromis avec l’Allemagne. Non que le compromis ne soit pas bon en lui-même, mais ce compromis ne peut être obtenu qu’une fois le conflit établi, et les marges d’action dans ce conflit clairement établies. En faisant du compromis un fétiche, une vache sacrée, il rend impossible la détermination et la définition des intérêts de la France et par conséquence la formation d’un réel compromis. Il ne laisse d’alternative qu’entre la capitulation la plus complète face à l’Allemagne et un sursaut désordonné, conduisant à un conflit d’autant plus inexpiable qu’il aurait été trop longtemps refoulé.
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