Le grand débat national a-t-il pour but de DÉBATTRE ou de TOUT SUSPENDRE en attendant que les manifestations s’épuisent ?— Quotidien (@Qofficiel) January 21, 2019
👉 La réponse, grâce au lapsus révélateur du chef des En Marche à l’Assemblée, Gilles Le Gendre… ⬇#Quotidien pic.twitter.com/PDygWxfTDv
Ensuite, un article (dont le titre lénifiant trahit le contenu, comme cela devient une pénible manie sur Atlantico) de Christophe Guilluy expliquant que les enculés de la bourgeoisie, comme au XIXème siècle, utilisent la fausse sollicitude « Il y a plus pauvre que vous, c'est d'eux dont je me soucie » (hier, le lumpenproletariat, aujourd'hui les immigrés) pour refuser aux classes populaires (pas forcément définies sur un critère de pauvreté) les réformes politiques et sociales dont elles ont besoin :
Christophe Guilluy : "Les Gilets jaunes ont gagné la bataille, les élites ne pourront plus faire comme si cette France n'existait pas"
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Il est important de dire que cette géographie n'est pas celle de la pauvreté. Il y a des pauvres parmi eux mais je n'oppose pas les pauvres aux classes populaires. Cela est d'ailleurs très intéressant de constater qu'un des moyens d'invisibiliser les classes populaires a été de mettre en avant les pauvres, et notamment les nouveaux pauvres que sont les immigrés. Il y a eu une instrumentalisation des immigrés et des minorités par la bourgeoisie pour se protéger des classes populaires. Cette instrumentalisation de la pauvreté – consciente pour une minorité mais majoritairement inconsciente par le biais d'une approche bienveillante et morale – était déjà présente au XIXe siècle, quand les pauvres étaient mis en avant par le paternalisme, tout en masquant la masse du prolétariat. Il s'agissait de diviser cet ensemble majoritaire que sont les classes populaires qui peuvent être pauvres ou travailleuses. Le prolétariat devait se taire et arrêter de demander plus de protection sociale ou des salaires plus élevés parce qu'ils étaient mieux lotis que les pauvres. C'est exactement le discours de la nouvelle bourgeoisie, qui est plutôt de gauche aujourd'hui, et j'y inclus une large part du monde intellectuel et universitaire. La technique est exactement la même.
Quand je suis arrivé avec mon concept de France périphérique, ce qui a vraiment énervé, c'est que je dise qu'il y avait là un potentiel majoritaire. La France périphérique n'est pas la marge, contrairement à ce qui était annoncé dans les premiers jours du mouvement des Gilets jaunes. Cela était la même technique ; de désigner "les marges", ce qui voulait dire en creux que "tout va bien" pour la société : alors "ne changeons rien". Ce qui est terrible, c'est que c'est la gauche qui a beaucoup porté ce discours autour des marges et des minorités, pour mieux attaquer le prolétariat. Ce dont je me suis rendu compte, c'est que les gens du parti socialiste avaient beaucoup de problèmes avec l'idée d'un conflit de classes. Et on retrouve la même fracturation autour du concept de France périphérique. Une bourgeoisie de gauche a refusé le concept parce qu'il était potentiellement majoritaire, il rappelait l'existence d'un prolétariat, d'un peuple. Il rappelait à tous ces gens que le modèle qu'ils prônaient avait des limites, parce qu'il n'intégrait pas le plus grand nombre.
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Le modèle économique mondialisé, parce qu'il n'a pas de limites, frappe les catégories sociales les unes après les autres. Après les employés, il y a les professions intermédiaires, les jeunes diplômés, et après nous aurons les catégories supérieures. La seule chose qui protège les catégories supérieures est qu'elles vivent aujourd'hui dans des citadelles. C'est ce qui fait aussi que la baisse du soutien des français au mouvement des Gilets jaunes touche ces catégories-là. Mais cela n'empêche pas que le socle électoral d'Emmanuel Macron se restreint comme peau de chagrin, cela est mécanique.
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Mais les classes populaires n'ont rien contre les riches, ils jouent au loto pour devenir riches, la question est simplement de pouvoir vivre décemment avec son salaire et d'être respecté culturellement. Nous payons réellement 30 années de mépris de classe, d'ostracisation, d'insultes en direction du peuple.
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L'élite n'a toujours pas compris que les gens étaient parfaitement capables de faire un diagnostic de leurs propres vies. Cette condescendance dit un gigantesque mépris de classe. J'ai moi-même été surpris, je ne pensais pas que cela irait si vite. En quelques heures, les Gilets jaunes sont devenus antisémites, homophobes, racistes, beaufs... Et là encore, on voit bien que l'antiracisme et l'antifascisme sont devenus une arme de classe.
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Le climat général d'une prise de conscience vous donne-t-il l'impression que les choses pourraient changer ?
Nicolas Mathieu vient d'avoir le prix Goncourt avec son livre "Leurs enfants après eux", dont il dit qu'il s'agissait du roman de la France périphérique. Le combat culturel est en cours. Cela gagne le champ littéraire, culturel et médiatique. Les Gilets jaunes ont gagné l'essentiel, ils ont gagné la bataille de la représentation. On ne pourra plus faire comme si cette France n'existait pas, comme si la France périphérique était un concept qui ne pouvait pas être incarné par des gens. Si nous sommes encore démocrates nous sommes obligés de le prendre en compte. Ce qu'il faut espérer, c'est que les élites se rendent compte que les peuples occidentaux sont encore relativement paisibles. Le mouvement réel de la société, que nous constatons partout dans le monde occidental, et que nous ne pourrons pas arrêter, continue d'avancer, de se structurer, et que cela est de la responsabilité des élites d'y répondre. Ils n'ont pas d'autre choix, celui de l'atterrissage en douceur. Je crois que ce qui vient d'arriver, c'est que le rapport de force vient de changer, la peur a changé de camp. Aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Europe, maintenant, ils ont le peuple sur le dos. Et puis il y a une vertu à tout cela, prendre en compte les aspirations des plus modestes, c'est pour moi le fondement de la démocratie, c’est-à-dire donner du pouvoir à ceux qui n'en ont pas plutôt que de renforcer le pouvoir de ceux qui l'ont déjà.
Qu'est-ce que le mouvement des Gilets jaunes vous a appris ?
Nous avons eu en direct ce qui essentiel pour moi ; la fracture culturelle gigantesque entre tout le monde d'en haut au sens large et la France périphérique. Ce qui s'est déployé sous nos yeux, ce n'est pas seulement la fracture sociale et territoriale mais plus encore cette fracture culturelle. L'état de sidération de l'intelligentsia française rappelle clairement celle de l'intelligentsia britannique face au Brexit, et cela est la même chose aux Etats-Unis avec l'élection de Donald Trump. Cette sidération a déclenché immédiatement l'emploi des armes de l'antifascisme, parce qu'ils n'ont rien d'autre. Ils ont découvert la dernière tribu d'Amazonie et – incroyable -elle est potentiellement majoritaire.
C'est un mouvement très positif, contraire à toute l'analyse intellectuelle qui voit le peuple dans le repli individualiste, qui refuse le collectif, ou dans des termes comme celui de la "droitisation de la société française" alors que les gens demandent des services publics et un État providence. Après, on pointe le fait qu'ils sont contre l'immigration, ce à quoi on peut répondre "comme tout le monde", soit une très large majorité de Français. Le plus important est que nous avons sous les yeux un peuple qui veut faire société et des élites qui ne veulent plus faire société, comme je le disais dans "No Society". C'est un moment de rupture historique entre un monde d'en haut, intellectuels, politiques, showbiz etc.… qui a peur de son propre peuple. Ils ne veulent plus faire société avec un peuple qu'ils méprisent. C'est la thèse de Christopher Lasch de la "sécession des élites".
On le voit aussi avec le discours anti-média des Gilets jaunes qui ne fait que répondre à 30 ans d'invisibilisation de ces catégories. Les classes populaires n'étaient traitées qu'au travers des banlieues et ils payent aujourd'hui ce positionnement.
C'est un mouvement fondamentalement collectif et du XXI siècle. Ce qui est très nouveau, c'est que c'est un mouvement social du "No Society", c’est-à-dire sans représentants, sans intellectuels, sans syndicats, etc. Cela n'est jamais arrivé. Tout mouvement social est accompagné par des intellectuels mais pour la première fois nous ne voyons personne parler en leur nom. Cela révèle 30 ans de sécession du monde d'en haut. Le peuple dit "votre modèle ne fait pas société", tout en disant "nous, majorité, avec un large soutien de l'opinion malgré les violences, voulons faire société". Et en face, le monde d'en haut, après le mépris, prend peur. Alors que les gens ne font que demander du collectif.
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Vous insistez beaucoup sur cette dimension majoritaire…
Les politiques pensent qu'en agglomérant des minorités ils font disparaître une majorité. Or, les minorités restent des minorités, on peut essayer de les agglomérer, mais cela ne fait pas un tout. Il est très intéressant de suivre l'évolution de la popularité de Donald Trump et d'Emmanuel Macron à ce titre. Trump garde son socle électoral alors que Macron s'est effondré, comme Hollande s'est effondré avant lui. Cela veut dire que l'on peut être élu avec un agglomérat de minorités, cadres supérieurs, minorités ethniques ou sexuelles -c'est à dire la stratégie Terra Nova – et cela peut éventuellement passer avec un bon candidat d'extrême droite en face. Mais cela ne suffit pas. Cela est extrêmement fragile.
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Le destin des gens issus des classes populaires qui parviennent à s'élever, c'est de trahir. C'est banalement ce qui se passe parce que cette trahison permet l'adoubement. Edouard Louis fait son livre en ciblant sa propre famille, alors il fait la une des magazines. On a vu le même phénomène aux Etats-Unis avec le livre de J.D. Vance (Hillbilly Elegy), qui est quand même plus intéressant, mais il décrit aussi le "White Trash" en disant que la classe ouvrière américaine n'est quand même pas terrible, qu'ils sont fainéants, qu'ils boivent et qu'ils se droguent, et cela lui a permis d'accéder au New York Times. En rejetant son propre milieu. Je n'ai pas de jugement moral sur les classes populaires, je prends les Français tels qu'ils sont. Je ne demande à personne d'arrêter de penser ce qu'il pense, notamment sur l'immigration. De toute façon cette question va être réglée parce que 80% des Français veulent une régulation, et qu'on ne peut pas penser cette question comme on le faisait dans les années 60, parce que les mobilités ont évolué. La question n'est même plus à débattre. Les gens que je rencontre en Seine Saint Denis qui sont majoritairement d'origine maghrébine ou sub-saharienne veulent l'arrêt de l'immigration dans leurs quartiers. C'est une évidence.
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Vous n'avez pas évoqué les violences du mouvement, comment les "comprendre" ?
À la fin des années 90, j'avais fait une analyse croisée sur la relance de politique de la ville et les émeutes urbaines. On voyait bien que toutes les émeutes urbaines génèrent une relance des politiques de la ville. La réalité est ce que cela marche. Et surtout, le mouvement des Gilets jaunes n'existerait pas en France et dans le monde sans les violences aux Champs-Élysées. Le New York Times a fait sa Une parce qu'il y avait cela, parce que cela est parfaitement corrélé à ce qu'est la communication aujourd'hui. Il y a cette violence et il faut la condamner. Mais cela veut aussi dire que nous ne sommes plus au XXe siècle. C'est tout le mythe du mouvement social qui est ringardisé. Réunir des gens à République et les faire manifester jusqu'à Bastille avant qu'ils ne rentrent chez eux, c'est fini. C'est aussi une réécriture du mouvement social qui est en train de se réaliser.
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Un article dévastateur (titre à chier, bis repetita ...) pour la droite progressiste et pour Laurent Wauquiez :
Pourquoi LR demeure le vrai premier parti d’opposition du pays (et pourquoi c’est un fil à la patte pour Laurent Wauquiez.
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La plupart de nos représentants ne comprennent plus comment fonctionne la politique. Le discours de Laurent Wauquiez est typique de la méthode à ne pas utiliser et qui pourtant est la plus courante. On commande des études d’opinion ; à partir de là, on segmente par thèmes et/ou par catégories. Et on élabore des messages en ciblant les clientèles traditionnelles du parti ou en essayant d’en conquérir de nouvelles. Evidemment, il y a une part d’étude fine de l’opinion à effectuer. Mais s’en tenir à cela est totalement stérile. Rien ne le montre mieux que les deux mandats de Barack Obama. Il a poussé la segmentation de l’opinion et son traitement systématique jusqu’à la virtuosité grâce à l’utilisation des réseaux sociaux. La coalition de segments d’électorats qu’il a ainsi rassemblés lui a permis d’être élu deux fois mais pour quoi faire ? Que restera-t-il des huit ans passés par Obama à la Maison- Blanche ? Dans le cas de LR, on en est même plus à imaginer de gagner. Il s’agit de survivre et d’éviter le désastre absolu aux élections européennes. Cependant on n’ira pas très loin en ciblant les retraités, la clientèle d’élus locaux et le sentiment de ras-le-bol fiscal. Bien entendu, cela recoupe des revendications des Gilets Jaunes. Mais cela ne compense pas le fait que le président des Républicains ne cherche au fond pas du tout à s’opposer à Emmanuel Macron.
Faire de la politique en démocratie, quand on est, théoriquement, l’opposition, c’est.....s’opposer au gouvernement, pour de bon. Or, non seulement, Laurent Wauquiez a eu honte d’avoir porté un gilet jaune ; mais il n’a saisi aucune des occasions qui se présentaient: il n’a jamais dénoncé les brutalités policières, ordonnées par le gouvernement. Tenir compte de votre électorat épris d’ordre n’empêche pas de dénoncer une répression disproportionnée. Le gouvernment est venu en effet ajouter le désordre au désordre. C’était d’autant plus facile qu’il y avait une grosse perche à saisir: la tolérance du gouvernement vis-à-vis des casseurs professionnels et pillards venus de la banlieue, non moins scandaleuse que la répression des Gilets Jaunes et destinée à faire croire que ces derniers étaient tous des voyous.
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Comment dès lors Laurent Wauquiez pourrait-il proposer une stratégie de rupture sans s'aliéner son ancrage local politique, décisif dans son positionnement en tant que premier parti d'opposition ?
Il suffirait de faire de la politique. Non seulement c’est une pratique aussi ancienne que l’humanité - il n’y a pas d’homme sans société - mais elle est toujours passionnante et elle peut donner à celui qui la pratique l’occasion de repousser les limites de son intelligence et de son courage. Je ne pense pas seulement à Wauquiez mais à tous ces représentants politiques qui n’en finissent pas de rater les occasions parce qu’ils ont deux angoisses: que disent les sondages? Et que va penser la partie de l’establishment qui me soutient?
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Ces thématiques clés - retraites, territoires, impôts - pourraient-elles être mises en valeur par la droite lors des prochaines élections européennes qui s'annoncent de plus en plus comme une opposition entre Macron et les différentes facettes de la crise des Gilets jaunes ?
L’UE est bien entendu l’un des enjeux majeurs du débat public français. Il y a tant de domaines de décision qui ont été transférés à Bruxelles sans nécessité. Et, là encore, la cible est à portée de fusil et ce n’est même pas que Laurent Wauquiez la manque. C’est qu’il ne cherche pas à viser ni à tirer. Le Traité d’Aix-La-Chapelle est concocté par Emmanuel Macron dans le plus grand secret, en pleine crise des Gilets Jaunes. Ce traité dit, sur le plan économique et social et du point de vue de la construction européenne, que rien ne changera. Eh bien, Les Républicains restent muets. Ils laissent s’enclencher le mauvais sketche classique où les seuls qui disent quelque chose de vigoureux sur le Traité sont Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau et Marine Le Pen; et alors les progressistes de s’en donner à coeur joie en criant aux Fake News. Emmanuel Macron n’a plus qu’à se frotter les mains: il aura une opposition inexistante ou éclatée lors des élections européennes.
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Laurent Wauquiez ne manquerait donc pas de sujets s’il se mettait à imaginer une politique d’opposition au gouvernement qui puisse représenter un élément d’alternative pour le pays.
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Bien sûr, il n'y a aucune chance que cela arrive.
Macron et Wauquiez ne sont pas idiots malgré leurs diplômes. Ils sont idiots et leurs diplôme en sont la preuve. En effet, ce sont des diplômes de conformisme, d'absence de sens des réalités et de conceptions basses.
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