lundi, novembre 02, 2009

Télévision : tous pourris ?

En commentaire d'une video de Jean Robin décrivant sa déception d'Eric Zemmour, j'ai écrit qu'a priori, tous ceux qui passaient à la télévision étaient pourris.

Sur mon propre blog, je peux m'expliquer un peu plus longuement.

Je précise tout d'abord mon cadre : je pense principalement aux célébrités télévisuelles dont, en France, Patrick Poivre d'Arvor était l'archétype.

On ne se séduit pas le public avec de belles qualités humaines mais, éventuellement, en en donnant l'impression, ce qui est très différent. Il ne faut jamais oublier que ceux qui passent dans les medias, même quand ils se mettent un masque de journaliste, sont avant tout des comédiens.

> les enjeux : ils sont énormes. Tout d'abord, les enjeux financiers : entre le journaliste qui présente le journal de minuit et celui 20h, il n'y a pas seulement quatre heures de différence, il y a quelques zéros sur la feuille de paye. Ne croyez pas les faux-jetons qui vous racontent qu'ils travaillent uniquement pour l'amour du métier, ils travaillent aussi, et surtout, pour l'argent. C'est humain.

L'enjeu du pouvoir, inutile d'y insister trop. La télévision est le quatrième pouvoir : on n'arrive pas au pouvoir avec l'honnêteté et la droiture. Celui qui rechigne à trahir et à poignarder est handicapé.

Il y a un enjeu qui à la longue qui est encore plus important : l'ego. On peut transposer pour les créatures télévisuelles le sombre constat de Jean Guéhenno à propos des écrivains sous l'occupation, prêts à toutes les compromissions pour voir leur nom imprimé sur une couverture dans une devanture de librairie.

> le «feedback» : on peut faire une analyse assez proche pour les politiciens. Cependant, il y a une différence fondamentale : dans le cas des politiciens, il y a une boucle de retour, aussi imparfaite soit-elle. Ils ne vivent pas seulement de leur caractère et de leur image, mais aussi de leur action (telle que rendue par l'image, cependant).

Au contraire, les professionnels de la télévision ne vivent que de leur image. Sauf événement exceptionnel comme l'affaire Botton ou les bébés irakiens, rien ne vient jamais la démentir. Ils peuvent se comporter indéfiniment comme des putois dans la vie et des gentils dans l'affreux cyclope.

> le goût : c'est la raison principale de mon aversion pour les vedettes du petit écran. La télévision est un media vulgaire, dont la pente naturelle est de faire appel aux plus bas instincts. L'homme qui en fait profession est donc irrémédiablement entaché à mes yeux du soupçon de bassesse et de vulgarité.

> le microcosme : aux maux universels précédemment décrits, s'ajoute une particularité française qui les renforce, le microcosme parisianiste. Tous ces aigrefins de la lucarne grenouillent dans un petit monde, quelques arrondissements, plus Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux. Ils se marient entre eux (ou avec des politiciens). Ca sent la consanguinité, le renfermé, le fennec. On y devine les sordides querelles de village qui volent plus bas que terre.

Vous comprenez maintenant mon jugement des vedettes de télévision.

Il se ramène au fond à : «Si c'était quelqu'un de bien, il ne passerait pas régulièrement à la télévision». Et c'est valable pour Eric Zemmour, bien qu'il propage quelquefois des idées qui ne me sont pas toujours étrangères.

3 commentaires:

  1. La critique de zemmour n’est pas très convaincante, c’est un journaliste et il n’a pas vocation à devenir un de mes potes. Aussi je ne juge que le journaliste dans le cas Duflot il n’a pas été bon mais il s’en est excusé la semaine suivante et de plus il ne prétend pas avoir une culture scientifique. Il devrait sans doute remettre en question ses idées qui sont un peu toutes faites ainsi sur l’immigration voulue par les patrons cela marche pour les 30 glorieuses mais aujourd’hui je ne vois pas trop l’intérêt (SMIC, qualification…) donc E Zemmour est équipé d’un logiciel politique en grande partie obsolète mais il n’est pas le seul dans ce cas. Je l’aime bien car il me semble assez honnête intellectuellement (pour le reste ce n’est pas mon problème) et il a une grille de lecture des évènements qui nous change agréablement du ronron habituel.

    RépondreSupprimer
  2. Écoutez, je ne suis pas un idolâtre de Zemmour, je trouve en particulier abyssale sa méconnaissance de l'économie, mais la vidéo de Robin, je la trouve limite... Que nous dit-il au bout du compte ? Que Zemmour est un être humain plein de faiblesse et d'obscurité ? Grande nouvelle. Et je trouve plutôt dégueulasse de raconter ces petites histoires de la vie privée comme la vente du livre dédicacé à Gibert. Là j'ai vraiment un problème avec le web, où l'on finira par savoir quand et où j'étais bourré la dernière fois.

    Zemmour s'est compromis pour en arriver là où il est ? On s'en doutait. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne compromet pas ses idées. Que, comme le suggère Franck, il soit manipulé par la bien-pensance comme repoussoir qui leur permet d'affirmer toujours plus leurs idées (regardez le vilain facho qu'est Zemmour, c'est bien la preuve que nous avons raison), c'est possible. Mais c'est un autre affaire.

    Le fait est que Robin révèle des conversations privées par téléphone ou mail, et je me demande comment il peut prétendre inspirer confiance en balançant ainsi à tout va. Ce que fait Zemmour en privé n'est peut-être pas terrible, mais ce que fait Robin est pire.

    RépondreSupprimer