Hervé Morin, ministre de la défense, transfuge de l'UDF, a récemment déclaré, au grand émoi de Dassault et de ses partenaires, que la Rafale était trop sophistiqué, trop cher et a cité l'exemple du F16. Faire une triple erreur en une seule phrase, chapeau, M. le ministre !
> le Rafale trop sophistiqué : au contraire, le problème du Rafale est d'être un peu juste, faute d'argent pour achever correctement le développement et entrer dans un cycle d'amélioration continue. Les moteurs sont faiblards, le radar pas au top et il manque quelques organes, dont le désignateur laser.
> le Rafale est trop cher : oui, pour l'Etat français qui est impécunieux (on ne peut avoir à la fois un personnel pléthorique, un quart de la population active fonctionnaire, et des jouets dernier cri) mais, dans les prix export, il se classe plutôt pas mal par rapport à ses concurrents.
> l'exemple du F16 : celui-ci est dans la catégorie du Mirage 2000, il est donc normal qu'il soit moins cher que le Rafale. C'est d'ailleurs à mon avis une erreur stratégique majeure de Dassault d'avoir arrêté la chaine du M2000.
D'une manière générale, la déclaration du ministre est stupide : on comprend bien qu'il prépare le terrain à des réductions de commandes du Rafale.
Mais il aurait pu le faire autrement que par une déclaration publique qui donne une mauvaise image d'un avion déjà difficile à vendre.
Or, les améliorations de ce genre de matériels sont financées par les exportations (c'est ce qui est arrivé au F16, au Mirage 2000 et qui est en train d'arriver au Typhoon). Donc, au final, c'est dans l'intérêt de l'Etat et des armées françaises d'avoir un Rafale qui s'exporte, de manière à récolter les fruits des «upgrades» export.
Bref, le ministre, en croyant tirer sur le Rafale, s'est aussi tiré une balle dans le pied.
Mais, on le sait, en France, les ministres sont incompétents : ils s'occupent de tout et de rien, sont propulsés à des postes dont la compétence de l'impétrant n'est pas le critère de sélection principal, cumulent les mandats et les fonctions, courent les medias et les honneurs plus que les dossiers.
Soit, c'est une tradition surement respectable, comme toutes les traditions. Après tout, Hervé Morin n'est ni plus ni moins incompétent que la plupart de ses collègues.
Par contre, son cabinet, supposé compétent, lui, écrit des discours que le ministre est censé lire avec plus de conviction qu'un perroquet.
Une erreur ponctuelle peut se glisser dans son discours, mais puisque le ministre a répété ses propos, il n'y a qu'une seule explication possible : c'est à une véritable erreur d'analyse que nous avons à faire.
D'ailleurs, voulant élargir son propos, il a mis le doigt dessus : il a parlé de matériels issus de la guerre froide, inadaptés aux situations d'aujourd'hui.
Ces propos simplistes peuvent séduire le grand public qui n'y connait rien, mais ils sont impardonnables dans la bouche de quelqu'un qui, malgré toute son incompétence, devrait tout de même maitriser un minimum son sujet.
Je m'explique. Pour schématiser, les armées sont confrontées à deux types de conflit :
> les conflits dits de basse intensité, comme l'Irak ou l'Afghanistan, conflits dont l'occurrence est quasi inévitable. Du matériel rustique, bon marché, pour faire de la contre-guérilla améliorée suffit.
> les conflits dits de haute intensité, comme contre l'Iran ou la Chine. Ils sont peu probables, mais c'est comme les assurances, on est bien content d'y avoir pensé quand ça arrive.
Or, si il est possible d'utiliser efficacement le matériel pour conflits majeurs dans des conflits mineurs, l'inverse n'est pas vrai.
Tout état-major réfléchissant à des matériels dont le développement dure vingt ans et la vie en service quarante, comme le Rafale ou le Leclerc, se doit de prévoir le pire, suivant l'adage «qui peut le plus peut le moins », quitte à ce que le matériel soit sous-utilisé parce que le pire n'arrive pas.
Toute autre attitude est irresponsable. Il est donc malvenu de parler de matériels de guerre froide, alors qu'il s'agit de matériels de guerre très chaude, qui peut toujours arriver
En résumé, la sortie d'Hervé Morin contre le Rafale ne tient pas la route (1).
Je me suis attardé sur le cas d'Hervé Morin et du Rafale, car il me semble symptomatique du fonctionnement (ou du dysfonctionnement) du gouvernement : des ministres qui ne sont pas des flèches, qui racontent n'impoorte quoi et des cabinets qui n'assurent pas.
Bien sûr, l'Elysée est, paraît-il, omnipotente, mais est-ce que ça ne crée pas plus de problèmes que ça en résout ?
(1) : je me suis forcé pour trouver un calembour aussi creux
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Merci pour cette clarification qui en valait la peine.
RépondreSupprimerQue dire si ce n'est que je suis stupéfié par une telle bêtise. A mon avis ce n'en n'est pas une, et on doit chercher en haut lieu à bazarder le programme Rafale, quite ensuite à rejoindre le programme Eurofighter (bien que moins performant), mais dont le coût est partagé par plusieurs pays.
RépondreSupprimerMisère...
Doc38
Bonjour Franck,
RépondreSupprimerIl y a dans votre propos selon moi, une erreur doublée d'un paradoxe avec votre esprit libéral. Le rafale est certes un bel avion mais coutant beaucoup plus cher qu'un mirage 2000 (dans les 50 millions d'euros pièce il me semble). Or vous le dites vous même et je l'apprends ils ne sont pas de la même catégorie, donc quels avions acheter pour des missions moins pointues que celles demandant de la haute technologies ? Y a-t-'il un remplaçant au mirage 2000 (super étendard et autres ..? je dis n'importe quoi ..), ou ne nous faut-il plus qu'acheter des rolls pour notre armée de l'air et notre marine ? Ou encore allons nous acheter des Migs ? C'est là que vient le paradoxe avec votre esprit libéral : l'état français lance-t-il des appels d'offres en bonnes et due forme lorsqu'il s'agit d'acheter de l'armement ? Non. Nous sommes les seuls à acheter notre rafale et nous sommes bien obligés de le faire puisque commande initiale. Mais est-il rentable ? Pourquoi est-il si diffile à vendre ? N'est-ce pas pareil avec d'autres armes ? Ne plombe-t-on pas d'avance notre budget de la défense avec de tels projets ?
L'avenir est de toute façon dans l'armement européen (eurofighter il me semble) ....
Bien cordialement.
ps : oui je m'y connais probablement moins bien que vous, merci de votre indulgence, mais vous ne m'enleverez pas le paradoxe sur le libéralisme ...
Et surtout, et surtout, le Rafale est navalisé !!!!! ce qui à grevé en partie son coup de développement et qui explique aussi la facture de 100 M€.
RépondreSupprimerLes british rigoleront peut-être moins quand il faudra mettre un coucou sur leurs futurs PA, avec un F35, qui certes se fera, mais quand et à quel prix, et un Typhoon qui de toute façon est prequ'un-navalisable du fait de son centrage très arrière qui le favorise en combat arien, mais le pénalise en approche basse vitesse...
La véritable concurrent du Rafale c'est pas le F16, c'est le JSF, on en reparlera dans quelques années.
Enfin, n'oublions pas les Russes, si les autres armées de l'air s'équipe en SU30 c'est pas pour rien non plus.
Sinon, pourquoi ne vend-on pas le Rafale ? Parce que l'exportation d'armes est interdite en France ! :-)
RépondreSupprimerQuestion : Qu'est-ce qu'un pays neutre ?
Réponse : Un pays qui refuse de vendre de l'armement à un autre pays... sauf si celui-ci paye comptant ! (Coluche)
L'atout majeur du Rafale, c'est sa polyvalence associée à une capacité d'emport inédite: avec trois bidons de 2000 litres, 2 Scalp et 4 MICA on a l'équivalent de deux Mirage2000D plus les deux tiers d'un Mirage 2000-5.
RépondreSupprimerL'autre révolution, c'est la fusion de capteur, c'est à dire la capacité à fusionner les infos en des pistes consolidées: plus question de brouiller un Rafale pour faire échouer un tir...
Je connais l'avion. J'en ai 400 heures, et croyez-moi, ça arrache le gravier!
Les Marocains se mordront les doigts, plus tard, quand le Rafale se sera illustré, d'avoir fait ce choix.
Quant au ministre, c'est l'exemple même du politicien "at the street" tombé là par nécessité, et qui, malheureusement, risque de faire beaucoup de dégats... La même trempe que ceux qui ont gelé le développement du Rafale pendant de longues années!
Amicalement.
Je crois qu'en écrivant cet article tu as tout dit et il serait mal placé de remettre en cause le programme rafale, en effet il est vitale de financer ces nouveaux armements car la France ne peut se trouver en retard face aux autres nations, nous avons un projet d'envergure qu'il faut soutenir jusqu'au bout et devons maintenir notre indépendance vis à vis des autres pays. De plus, c'est une véritable connerie que de réduire les effectifs de l'armée qui, selon moi, ne doivent pas être réduits, ce gouvernement veut tout réduire, en dépenser le moins possible, les ministres sont grip-sous, ils veulent tout laisser tomber et mettre le plus de monde possible à la porte et cela serait une véritable connerie que de laisser tomber ce programme qui, pour moi, est une réussite technologique et une fierté Française que l'on attend depuis une vingtaine d'années et qu'il faut soutenir jusqu'au bout quelqu'en soit le prix.
RépondreSupprimerC'est encore moi, le com du 10 juillet 2008 →(je crois qu'en écrivant cet article...). Peut-être que toutes les complications que le rafale a connu et connaîtra entrainera un énorme succès au bout du compte comme naguère la mp5 qui rencontra elle aussi des difficultés alors sait-on jamais pour le rafale, permettons nous de rêver ! Ne jamais dire jamais.
RépondreSupprimerOups j'avais pas vu la date, je réponds un peu tard.
Bonjour à tous,
RépondreSupprimeralors je ne suis pas un pro mais je suis tout à fait d'accord avec Anonyme.
Le programme Rafale a couté énormément d'argent et de temps certes mais il faut voir le résultat au long terme. C'est un avion qui peut évoluer et ce n'est que le commencement. Dans le temps il nous coûtera sûrement moins cher que les SEM qui même modernisés étaient dépassés, ces vieilles machines ont fait leur temps et l'ont bien fait.
Le Rafale est un programme 100% français et il faut le soutenir et en être fier je pense.
J'ai appris en lisant les commentaires ce qu'il fallait faire pour vendre un avion (une arme) c'est la folie mais c'est pas tout. Nous sommes sur le marché, qui est d'une certaine manière monopolisé par les américains, parce que les américains le veulent bien c'est tout.
Le F-16 concurrent du Rafale dans le marché c'est tout car c'est l'avion qui se vend le plus mais comparons ce qui est comparable.
Les politiciens ont toujours mis des bâtons dans les roues dans les grands projets ils essaient de les couler et une fois que ça marche bien ils s'en félicites Tous des... .
Pour finir je dirais qu'on en est qu'au début du Rafale et que nous sommes très loin d'avoir vu ce que cet avion était capable de faire. Il a un énorme potentiel.
Vive l'aéronavale.
Bonjour
RépondreSupprimeroui je rejoinds un petit peu vos propos
au debut du m2000/m4000 l etat et dassault a du faire un choix de prgramme car les caisses de l etat ete deja vide !! et oui et en plus seul l rak et l arabie saoudite voulait le m4000
quand les 1er m2000 sont sortis avec le radar rdi dassault a ete oblige de mettre du plomd dans le nez car pas assez de radar a livre !!
et la effectivement grosse erreur d avoir arrete le programme m2000 mais d un autre cote, pas assez d argent pour faire la promo des 2 programmes
par contre croire que tous els pays vont acheter le rafale c est une mauvaise idee car pour l instant c est chou blanc
tant que les politique francais n utiliseront pas les memes methodes que les americain ou anglais pour vendre leur avions on fera zero vente export
regarde le m2000 il n a pas fait des miracle a l export, et le rafale suit le meme chemin
pour le su30 les russes le vendent pourquoi a votre avis, il font du dumping sur les prix ,tous comme
les usa avec leur f16, qui date des annees 80 tout de meme
il ya un grans marche du renouvellement qui viens a point pour le m2000 dommage c est encore nous qui allons payer pour leur mauvaise politique et choix technique
quel gachis
Et il faut prendre en compte, si je ne me trompe, que les USA préfèrent, en cas de conflit, tomber sur des adversaires équipés de F16 (les années 80), avion qu'ils connaissent bien (performance, manœuvre, rayon d'action, avionique, radar, voir traçabilité des pièces, usure, etc...). Il semble logique qu'ils mettent alors des bâtons dans les roues de l'exportation Rafale.
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