Je reprends ce titre d'un commentaire de Pierre Robes-Roules (merci, mais ce n'est pas la peine de réclamer des royalties).
Cette thèse est celle de nombreux libéraux, par exemple Jacques Garello, et je muris la même pensée.
On semble s'en remettre sans réflexion, dans une complète panique, au vaudou étatiste. Revient cette notion comme quoi l'Etat serait un être supérieur.
Pourtant, qu'est-ce qui justifie l'hypothèse, sous-entendue par les plans de sauvetage actuels, qu'un fonctionnaire est plus apte à évaluer une dette pourrie qu'un banquier ? Le fait d'être le prêtre d'un dieu qui s'appelle l'Etat lui conférerait-il un savoir d'essence divine ?
La solution de la crise actuelle consiste à mon sens à garantir les dépots des particuliers, tout en laissant couler les banques défaillantes (je m'en suis déjà expliqué dans les messages précédents). Pourquoi fait-on le contraire ?
Ce qui est sous-jacent aux réactions à cette crise, c'est la peur de la liberté. Il ne faudrait surtout pas laisser les individus se débrouiller, il faudrait absolument les aider, les encadrer, les contraindre.
On sentait monter cette peur depuis un certain temps, attisée par les politiciens qui ont compris que la peur est un levier électoral fort puissant.
J'avais fait la remarque lors de la campagne présidentielle française que les candidats, et notamment les principaux, étaient des marchands de peur. Cette remarque s'étend sans peine à d'autres démocraties.
Me frappe toujours cette banalité : une somme de considérations rationnelles ne fait pas toujours une décision ou un comportement rationnel. On peut choisr de traverser l'Atlantique en voilier ou en avion, mais si on essaie de trouver un compromis et de traverser l'Atlantique en avion à voile, ça ne me parait pas optimal.
J'ai l'impression que nous sommes là dans la crise actuelle :
> soit les Etats laissent tomber les banques (ma solution préférée, l'intervention étatique se limitant à organiser les faillites).
> soit les Etats les sauvent, mais, dans ce cas, la solution cohérente, c'est la nationalisation.
Or, les gouvernements essaient de naviguer dans une solution intermédiaire, la reprise ou la garantie des dettes, qui ne résout pas la crise tout en épuisant leurs munitions. C'est l'avion à voile.
Et je redoute de plus en plus ce qui serait pour le coup un authentique risque systémique : la banqueroute des Etats les plus fragiles, ayant repris les dettes de banques qu'ils auraient du laisser couler.
On parle de la banqueroute de l'Islande. Mais ce n'est pas la seule concernée : je vous rappelle que le gouvernement français envisage de débloquer pour les banques 50 md d'€, soit une année de déficit budgétaire (1). On est en pleine folie furieuse. Mon espoir est que, fidèles à leur habitude, nos gouvernants ne tiendront pas cette promesse.
Et, pour bien ajouter à la confusion et à la défiance, les gouvernements (français en tête, comme de juste dès qu'il s'agit de faire une connerie économique) parlent de suspendre la «mark-to-market» pour les comptes du 3ème trimestre.
Si ce mécanisme infernal, la banqueroute des Etats succédant à la chute des banques, s'enclenchait, on aurait une confirmation de la phrase d' EC Prescott, qui choque tant certains d'entre vous, «Les Etats ont un singulier talent pour transformer une crise, naturelle, en récession aggravée», de la même façon que l'explosion d'Hiroshima a confirmé la puissance de l'atome.
Ronald Reagan ne se doutait peut-être pas à quel point il avait raison quand il disait que la phrase la plus terrifiante est : «Je viens de la part du gouvernement pour vous aider.»
Néanmoins, il existe un scénario, non pas rose, mais moins noir, où les faillites des banques en danger vont plus vite que les efforts des gouvernements pour les sauver.
(1) : c'est là où on voit la supériorité des Etats vertueux. Ils ont une marge de manœuvre très supérieure à la nôtre. C'est ce que ne cessent de répéter depuis des années ceux, dont je suis, qui considèrent la dette publique française comme une catastrophe : la dette et son service coupent les ailes de notre politique. Quand on est surendetté, on n'est pas libre.
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Nous sommes dans une période pleine de paradoxes. L'interventionnisme d'Etat actuel (qui est quand même général, gouvernements libéraux ou pas, il faut le noter) n'est ni libéral ni d'ordre communiste : en effet les Etats aident les banques en taxant le contribuable, donc aident des riches au détriment des classes moyennes ... libéral ou étatico-communiste ? Je pense : ni l'un ni l'autre, mais avant tout nationaliste et protectionniste ...
RépondreSupprimerC'est hallucinant ...
Ma question est très simple : quand parviendra-t-on (si c'est possible) à faire évoluer les mentalités en France pour tout ce qui touche à l'économie, à faire comprendre que la seule façon de faire du "social" c'est d'augmenter la richesse nationale, pas de ponctionner les classes moyennes et à faire comprendre que l'état est tout sauf la solution?
RépondreSupprimerIl y a quelque années, à la demande du PS, Tony Blair était venu parler aux parlementaires français. Il leur a dit en substance : "il n'y a pas une gestion de droite ou de gauche, il y a une bonne ou une mauvaise gestion". Bien sûr, l'UMP exultait, lui dont le chef a fait 600 milliards de déficit public en 12 ans de pouvoir.
RépondreSupprimerIl n'y a pas 36 façons de gérer un budget correctement (j'en sais quelque chose, je suis passé par là), il n'y en a qu'une, consistant à ne pas dépenser plus que ce que l'on a. Demander aux hommes de l'Etat d'être un peu (au moins un peu) responsables est totalement illusoire puisque ce n'est pas avec leur pognon qu'ils jouent, mais celui des contribuables.
C'est la peur, comme soulignée dans l'article, qui mène le traitement par les Etats de cette crise.
RépondreSupprimerA savoir, qu'ils ont peur nos gouvernants de laisser tomber les banques et d'enclencher une réaction en chaîne qui pourrait mettre en péril tout le système. Et effectivement, à force de marcher à reculons, les Etats vont finir par toucher le fond. Et là, le risque serait vraiment "systémique"
Il est vraiment "amusant" de voir l'Etat français annoncé qu'il va débloquer 50Mds€ alors qu'il bataillait y'a 2 mois de cela à rassembler le milliard nécessaire au RSA. Avec 50Mds€, on sera loin, très loin, de la taxe à 1%
Tout à fait d'accord avec le titre du fil.
RépondreSupprimerComment la fine fleur de la finance mondiale pourtant conseillée par les staliniens repentis et les poids lourds des think tanks a-t-elle pu en arriver là ?
"Planète de cons !" dirait notre ami le psy-ttaciste.
French Wanderer a dit...
RépondreSupprimer"Il est vraiment "amusant" de voir l'Etat français annoncé qu'il va débloquer 50Mds€ alors qu'il bataillait y'a 2 mois de cela à rassembler le milliard nécessaire au RSA. Avec 50Mds€, on sera loin, très loin, de la taxe à 1%"
Le bon côté de la crise c'est que certains finissent par comprendre que les déficits publics -si commodes pour justifier la répression sociale- n'existent pas. La pensée libérale va pouvoir enfin évoluer !
Qu'est-ce donc que la répression sociale ? Le fait de mettre des grévistes dans des camps de concentration comme le préconisait en 1920 votre étalon du gauchisme ?
RépondreSupprimer"Qu'est-ce donc que la répression sociale ?" s'interroge théo2toulouse.
RépondreSupprimerC'est, par exemple, m'expliquer sur un ton sententieux que je dois travailler trois ans de plus parce que les "caisses sont vides" ou que je dois accepter de perdre 15 à 20% de mon -pauvre- pouvoir d'achat pour le même motif. Dans mon dictionnnaire capitalol-français, "les caisses sont vides" signifie "laisse le flouze aux banquiers !"
"Il y a quelque années, à la demande du PS, Tony Blair était venu parler aux parlementaires français. Il leur a dit en substance : "il n'y a pas une gestion de droite ou de gauche, il y a une bonne ou une mauvaise gestion". "
RépondreSupprimerTony devrait revenir parler sur ce ton prophétique, on manque d'occasions de rire ces temps-ci !
Merci Franck pour votre blog.Entre les cocainomanes des marchés qui paniquent comme des dindes sous l'orage et les étatistes qui exultent de ruiner le contribuable pour prendre leur revanche sur le grand méchant libéralisme, j'avais besoin d'un antidote qui me montre que des gens pensent encore.
RépondreSupprimer«les cocainomanes des marchés qui paniquent comme des dindes sous l'orage»
RépondreSupprimerMon petit doigt me dit qu'il y a des banquiers qui doivent regarder tout cela avec une certaine satisfaction.
Tout le monde n'est pas piégé, et pour ceux-là, la dégringolade des actifs sonne comme une promesse de profits futurs.
«les étatistes qui exultent de ruiner le contribuable pour prendre leur revanche sur le grand méchant libéralisme»
L'étatisme n'ayant jamais été une politique à la pointe de l'intelligence (euphémisme), il eut été étonnant que les étatistes se montrassent particulièrement éclairés en ces circonstances.
Je maintiens mon analyse : la crise financière a atteint son paroxysme, nous allons vers une récession qui sera sans doute courte.
Le danger est que les Etats surendettés fassent n'importe quoi, s'endettent encore plus pour intervenir à tort et à travers au lieu de laisser les choses se faire et deviennent un véritable risque systémique.