Alexandre Soljenitsyne, dans cet opuscule, assassine Nicolas II. Les vertus privées peuvent venir en contradiction des devoirs publics, qui seuls comptent pour un prince. C'est aussi la thèse de Jean Dutourd dans Les taxis de la Marne. Un père aimant sa famille, c'est bien en temps ordinaires. Mais un tsar menacé de révolution doit avant tout songer à sauver son trône. De même, il était du devoir de Louis XVI d'ordonner quelques bonnes charges de dragons dans les rues de Paris et de Versailles à l'été 1789. Comme Nicolas II, en trahissant ses devoirs d'état par un bas sentimentalisme bourgeois, ce prétendu humaniste a plus ajouté au malheur de son pays et du monde que le pire satrape oriental.
Car, l'ordre a une grande valeur, il est la condition de la paix. Il eut mieux valu quelques centaines de morts à Paris et à Petrograd que les guerres de Vendée, les guerres napoléoniennes, les rouges et le goulag. Si la politique a quelque grandeur, c'est que l'homme qui dirige est obligé à une morale différente de l'ordinaire.
Je préfère Clemenceau faisant tirer sur les vignerons à Chirac et Juppé reculant devant les cheminots.
Ce défaut d'élévation atteint tous nos politocards : si Nicolas Sarkozy avait moins cédé au souci de plaire et au plaisir de la combinazione et s'était élevé aux devoirs de sa charge, il aurait pu réformer la France en deux ans. Ces deux ans de troubles, nous les regretterons quand seront venus les dix ans de malheur provoqués par la banqueroute.
Si, pour notre plus grand malheur, la fonction de président de la république française échoyait à François Hollande, rappelons qu'il est le genre d'homme à ne même pas sentir qu'il existe des devoirs supérieurs (que peut y comprendre un énarque ?), la France éternelle est toute à plein au-dela de son horizon, et qu'il ne se croirait tenu qu'au conformisme du moment, c'est-à-dire au politiquement correct, une trahison de tous les instants de la France qui doit être défendue.
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