«Si la droite est une version libérale de la gauche, elle mourra»
Gueniffey : la France, Waterloo et les pièces de deux euros
Il a en effet été reproché à Jacques Chirac de boycotter les cérémonies marquant le la victoire d'Austerlitz. Pourquoi cette autoflagellation ?
Une partie des Français a-t-elle honte de son histoire ?
C'est un trait typiquement français: de Chirac [le politicien le plus néfaste de la Vème république, Mitterrand compris] à Hollande inclus, nos élites détestent la France, les Français et leur histoire. Depuis les
attentats du 11 janvier, notre nouveau « Clemenceau » s'est lancé dans un revival républicain -pour des raisons purement politiciennes et
qui ne tiennent en rien à des convictions. D'où cette manifestation d'orgueil face à ce qui pourrait être perçu négativement comme la
célébration d'une défaite. Tout cela est en réalité conjoncturel : s'il s'agissait de célébrer une victoire, il n'y aurait personne, puisque
l'histoire de France est perçue comme foncièrement détestable par nos élites. C'est cela le fond de l'affaire.
Cette perception négative de l'histoire de France est-elle récente ?
On pourrait la dater des années 1980, où l'on commence à penser que la France incarne des valeurs universelles positives qui ont vu le
jour à travers une histoire négative. Là est le paradoxe: considérer que la France se résume à des valeurs, qui sont forcément nées
historiquement, mais que cette histoire est entièrement mauvaise.
C'est un peu le drame français.
Cette posture est adoptée dans le souci réel de proposer une version de notre histoire acceptable par toutes les composantes d'une
population de plus en plus diverse. Pour ne fâcher personne, on épure l'histoire jusqu'à ce qu'il n'en reste que des valeurs. Alors
effectivement on ne célèbre plus aucun évènement, sauf ceux qui ont une portée morale qui permet de les détacher de tout contexte
historique. Il en reste une histoire qui se confond avec la morale, mais qui n'est plus de l'histoire. On ne garde ainsi que des choses qui
incarnent soit le bien, par exemple la déclaration des droits de l'homme de 1789, soit le mal, comme Vichy. C'est un phénomène
relativement récent: François Mitterrand par exemple, très proche de de Gaulle là-dessus, portait un jugement plus nuancé sur notre
histoire.
samedi, mars 14, 2015
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