Poutine, Hollande et les Mistral perdants
Je ne partage pas l'enthousiasme poutinien de certains Français parce que je ne suis pas sûr que Vladimir Poutine fasse plus de bien que de mal à son pays, ce qui est tout de même le premier critère sur lequel on devrait juger un chef d'Etat.
Cependant, je ressens la soumission de la diplomatie française à la vision américaine, droit-de-lhommiste à géométrie variable, et anti-russe comme une catastrophe et comme le symptôme d'une catastrophe encore plus profonde.
La catastrophe, c'est que l'intérêt de la France est de travailler à une entente européenne de l'Atlantique à l'Oural tandis que les intérêts américains, de plus en plus orientés vers une confrontation avec la Chine, sont différents.
Cette politique vient de loin. Elle a toujours été complexe, les périodes d'entente avec la Russie alternant avec les périodes de tensions ou de guerre. Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, notre intérêt est à l'entente, pour faire contrepoids à la Chine d'un coté, aux Etats-Unis de l'autre. Nous n'en prenons pas le chemin.
François Hollande est en train de faire avec la Russie le même genre d'erreur dramatique que Nicolas Sarkozy avec la Libye. Et pour les mêmes raisons : absence de culture historique, absence de de vision stratégique, manque de profondeur temporelle (une semaine, c'est long), excitation médiatique, sentimentalisme ridicule, confort du prêt-à penser atlantiste. Bref, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont un point commun en tant qu'hommes d'Etat : la nullité crasse, qui nous fait honte.
Mais le mal est encore plus profond : en perdant son indépendance militaire (1) (on préfère subventionner les bons-à-rien et les djihadistes potentiels, c'est souvent les mêmes) et sa souveraineté juridique, économique et sociale abandonnée à Bruxelles, la France a perdu sa souveraineté tout court.
Sa faiblesse l'oblige à se trouver un protecteur. Tout le reste est baratin. Et puis, c'est si confortable de ne plus penser, de ne plus décider, de ne plus agir, de ne plus tenter de se tenir droit. Juste se laisser aller à adopter la vision élaborée par d'autres, à les suivre mollement, seul effort : baratiner les journalistes et le public, pas bien difficile. La soumission a ses délices, surtout pour les hommes de peu que sont nos politiciens et nos hauts fonctionnaires.
L'alternative ? Rebâtir le puissance de la France dans tous les domaines et secouer le joug. Vous n'y pensez pas ! Trop d'efforts ! Nous sommes déjà morts alors à quoi bon essayer de ressusciter ?
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(1) : faute d'investissements, la France ne peut mener d'opération militaire en toute indépendance au-delà de ce qu'elle fait en ce moment au Mali, où les nombres de Rafale, de Tigre et de Caracal engagés se comptent sur une main de menuisier maladroit.
Seules les forces nucléaires conservent une véritable indépendance. Cependant, grandit la tentation d'attaquer leur budget pour gagner à court terme quelques sous faciles. Mais aucun politicien ne pense au-delà du court terme.
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