dimanche, mai 10, 2015

Démembrer l'Allemagne ?

«Démembrer l'Allemagne», c'est le titre décapant d'un article d'Eric Verhaeghe.

Je pense de plus en plus que l'hégémonie allemande en Europe est une catastrophe historique et que l'UE est devenue l'instrument de la poursuite de l'impérialisme allemand séculaire par d'autres moyens.

Voici comment Georges-Henri Soutou définit le but de guerre principal des Allemands en 1914 :

« Comme la voie des annexions territoriales avait ses limites, l'instrument privilégié serait une union économique de l'Europe centrale (Mitteleuropa) permettant à Berlin d'exercer ce que nous appellerions aujourd'hui un soft power, sur l'Europe, centrale et occidentale, en fait son protectorat sous l'apparence d'un simple contrôle économique. Y participeraient, au minimum, l'Autriche-Hongrie, la Belgique et les pays arrachés à la Russie».

Et aussi comment Paul Appell, à la rentrée de l'Académie des sciences du 26 octobre 1914, décrivait les buts de guerre allemands vus par les Français :

« un monde organisé comme un cuirassé, où tout se ferait avec méthode, régularité et soin, les autres peuples étant admis à vivre en vassaux dociles dans une prospérité sans dignité et sans honneur».

Même en faisant la part de la propagande, les échos contemporains sont évidents.

C'était bien la peine de faire deux guerres mondiales pour finir par accomplir le but de guerre allemand de 1914.

La riposte française est elle aussi séculaire : conquête ou contrôle de la rive gauche du Rhin, indépendance du Hanovre et de la Bavière, rapprochement avec les Allemagnes rhénanes et méridionales, alliances de revers polonaise et russe (même si elles sont contradictoires), alliance anglaise (avec prudence).

La transposition moderne est aisée : sortie de tous les machins et de tous les bidules supra-nationaux qui nous paralysent, au lieu de ligoter l'Allemagne comme nous l'espérions (à commencer par l'Euro), rattachement de la Wallonie, alliance russe (et donc chinoise par ricochet (1)).

Démembrer l'Allemagne n'est pas réaliste. En revanche, prendre des moyens radicaux pour diminuer l'influence allemande l'est encore. C'est même plus que cela : c'est indispensable.

Nous en sommes pourtant très loin et une telle politique paraît aujourd'hui relever du fantasme.

Mais c'est seulement parce que la France est tétanisée à l'idée d'utiliser la seule supériorité qui lui reste sur l'Allemagne, la supériorité militaire. Quelques manoeuvres judicieusement choisies suffiront. Il faut bien que les chars Leclerc sortent de temps en temps du garage.

Le gendarme américain fera les très gros yeux, mais l'alliance asiatique sera un contrepoids.

Ce n'est pas parce que c'est difficile que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas que c'est difficile.

Oui, c'est du lourd, je vous parle de choix et d'actes qui engagent le pays pour un siècle au moins. Mais quoi ? Les énarques et autres technocrates ne vivent pas des vies de nababs à nos frais dans les palais de la république seulement pour inaugurer les maisons de retraite. Du moins, j'ai la naïveté de le croire.



Nota : Allemagne: les espions sont-ils hors de contrôle ?

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(1) : la Chine a interdit la barbe, le ramadan et le port du voile dans les régions islamistes. Pas de protestation des anti-islamophobes ? Encore un domaine où nos intérêts convergent.

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