Il est rare que je cite in extenso le billet d'un autre blog, mais celui-ci me paraît à la fois important et juste.
On remarquera que dans cette affaire François Hollande reste fidèle à lui-même, l'enculé mielleux et fourbe que ses connaissances décrivent. Moscou-Vichy aussi est mielleux et fourbe.
Grexit: pourquoi la France a lâché Tsipras
Les cinq mois de pouvoir exercé par Tsipras, émaillés d’un jeu complexe de stop and go dont il apparaît aujourd’hui qu’il aura plus coûté aux Grecs qu’il ne leur aura rapporté, n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Parmi eux, le rôle exact joué par la France de François Hollande ne manquera d’attiser d’innombrables commentaires enflammés et contradictoires.
Tsipras, le syndrome Hollande?
Lorsque François Hollande s’était fait l’apôtre, lors du discours du Bourget, de la lutte contre la finance, il avait englobé dans son combat électoral cette Europe de l’austérité qu’Alexis Tsipras a dénoncée à son tour, et dont il avait promis la fin en arrivant au pouvoir. En réalité, ce qu’on appelle l’austérité n’est guère que le retour plus ou moins strict aux critères de Maastricht. Mais une mode s’est emparée de la gauche européenne qui avait appelé à voter oui au referendum de 1993: celle de nier aujourd’hui les conséquences pourtant simples d’un choix opéré en toute connaissance de cause il y a vingt ans.
Toujours est-il que, souvenons-nous en, en 2012, à peine élu, François Hollande a entrepris de combattre le mini-traité préparé avant son arrivée, qui durcissait le respect (très théorique, au demeurant) des 3% de déficit public. Dans la foulée, il avait revendiqué un plan de relance de 1.000 milliards d’euros, plusieurs fois remis au goût du jour au gré des arrivées électorales: avec Matteo Renzi, en Italie, puis avec Jean-Claude Juncker à la Commission.
Ces revendications françaises se sont toutes échouées comme un vieille baleine sur une plage de la mer Baltique: Angela Merkel n’a jamais voulu en entendre parler et François Hollande est chaque fois retourné dans sa niche sans obtenir la moindre concession des Prussiens.
Cette obstination dans l’échec donnait un avant-goût des mésaventures que Tsipras vient de subir. Hollande a eu l’intelligence de comprendre rapidement qu’il valait mieux embrasser la main qui donnait à manger, plutôt que de chercher à la mordre.
Tsipras victime d’une trahison de Hollande?
C’est que Tsipras n’a pas forcément vu clair dans le jeu tordu de François Hollande. A peine élu, Tsipras a imaginé que la France pourrait l’aider et qu’elle prendrait le flambeau d’une croisade européenne contre l’Allemagne austéritaire. François Hollande, fidèle à ses pratiques acquises au parti socialiste et à l’ENA, ne l’a surtout pas détrompé.
Très vite, Tsipras a envoyé des émissaires en France (Varoufakis en l’espèce) pour proposer une alliance hostile à l’Allemagne. Le double jeu de la France a alors astucieusement commencé. D’un côté, la France (Moscovici compris) n’a eu de cesse d’expliquer qu’un accord était possible, voire très proche, et qu’au fond les Grecs n’avaient pas à s’en faire: tout finirait par s’arranger, sans modifier les lignes rouges énoncées très tôt.
En particulier, la France a toujours laissé croire à Tsipras que l’Allemagne, sous l’influence de Hollande, se rallierait à un nouveau plan d’aide n’incluant pas une réforme des retraites ni une augmentation de la TVA.
Dans le même temps, Tsipras n’a pas vu que la France négociait pour son propre compte dans son dos, sous une forte pression allemande. L’absence de réforme structurelle en France pose en effet un vrai problème de déficit public, très supérieur à 3% et sans issue réaliste. Par ce point faible, l’Allemagne et la Commission ont habilement neutralisé la position française: en échange d’une absence de sanction infligée à la France pour ses propres débordements budgétaires, l’Allemagne a obtenu que la France ne s’oppose pas à une ligne dure sur la question grecque.
On imagine la désillusion de Tsipras lors du referendum lorsqu’il a compris que la France le lâchait pour sauver ses propres abattis.
L’absence française en Europe
Pour la France, le levier dont l’Allemagne dispose à cause de nos déficits publics excessifs (que François Hollande maintient pour préserver la paix sociale) s’avère politiquement désastreux.
Certes, il permet à Hollande d’espérer une réélection en 2017, parce qu’il épargne les fonctionnaires et évite des suppressions trop massives de dépenses publiques. En termes de présence internationale, toutefois, et singulièrement européenne, la France paie le prix fort pour son incurie.
Aux yeux de nos partenaires, la France est, avec la Grèce, l’homme malade de l’Europe, avec un secteur public boursouflé et incontrôlable. L’absence de véritable réforme de l’Etat, la prime donnée, comme en Grèce, à une fonction publique politisée, dépensière et technophobe, sont autant d’indices qui ruinent nos positions dans le jeu multilatéral.
A long terme, les trahisons auxquelles cette position défavorable nous oblige nous coûteront très cher. Les Grecs ne sont probablement pas prêts d’oublier la bonhomie avec laquelle François Hollande a lâché Tsipras en lui expliquant que son salut viendrait d’un accord donné aux créanciers sur l’austérité. Les fonctionnaires français qui ont prêté la main à ce renoncement resteront longtemps dans les annales comme des exécuteurs pires que les technocrates de la Troïka.
Jusqu’où la France pourra-t-elle ruiner son patrimoine diplomatique pour préserver le calme dans ses frontières? C’est probablement la seule question qui se posera en France dans les années à venir.
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