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Il faut nuancer le propos de notre ami Bob :
1) Les héros du Thalys ont réussi parce qu’ils étaient en milieu confiné. C’est plus facile de choper la kalach d’un mec à 1 m qu’à 50 m. Cela n’enlève bien entendu rien à leur courage : celui-ci ne dépend pas de la réussite ou de l’échec. Il n’en demeure pas moins que, pour intervenir, il faut avoir une chance de réussite : la réaction la plus raisonnable face à une kalach, c’est de se carapater. Notons tout de même une réflexion de l’Anglais de l’affaire. Il s’est vite dit qu’entre mourir plus tard passivement et tenter quelque chose tout de suite, il était plus honorable d’essayer. Les terroristes, en convaincant leurs victimes que leurs attentats équivalent à une mort assurée, motivent leurs cibles à se bouger. Si nos politiciens faisaient leur boulot en expliquant aux Français qu’ils sont en guerre, cela les aiderait à se prendre en charge.
2) Les opposants au port d’armes citent les Etats-Unis comme contre-exemple. Mais, au Canada, il y autant d’armes et beaucoup moins de meurtres par armes à feu. Remarquons que, si aux Etats-Unis, il n’y avait que les blancs, ils en seraient presque au taux du Canada. Et la France ? Sommes nous encore assez civilisés pour qu’un port d’arme généralisé n’ait pas les mêmes conséquences qu’aux Etas-Unis ? Je le crois mais je doute.
Il me semble que la réflexion sur la liberté n'est pas morte :
Ne t’aide pas et l’Etat t’aidera !
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L’invention, en 1945, d’un système obligatoire de sécurité sociale a-t-il contribué à déresponsabiliser les Français ? Est-il aujourd’hui la principale cause du déclin national par le sentiment de sécurité inexpugnable qu’il nourrit, quels que soient les dangers auxquels le pays est exposé ? Est-il au coeur de l’aversion de la société française pour les réformes et l’adaptation aux évolutions du monde ? A-t-il érigé le principe de l’assistance en idéologie discrète mais tenace qui phagocyte en France l’esprit d’entreprise, ce que les militaires britanniques appelleraient le Fighting Spirit ? Et au fond, la sécurité sociale n’incarne-t-elle pas une préférence française pour une médiocrité collective et une allergie aux réussites individuelles ?
Ces questions provocatrices percutent évidemment de plein fouet le prêt à penser contemporain pour lequel l’éloge sans limite de la sécurité sociale constitue un passage obligé. Dans la perception collective, le fait que la France soit le pays industrialisé qui consacre la plus grande part de ses richesses à la protection des individus constitue une sorte de manifestation caractéristique de notre génie national éternel. Il prouve que la France occupe une place différente dans un monde capitaliste soumis à une concurrence effrénée, et qu’elle entend bien manifester de cette façon sa résistance à l’argent-roi qui domine l’Occident.
L’usage, l’étiquette pourrait-on même dire, veut que ce qu’on appelle le modèle social français soit sanctuarisé et épargné par les critiques. Il est le produit d’une sorte de consensus discret, forgé dans les « couches basses » de la conscience collective, et le seul inconvénient qui puisse lui être trouvé est de coûter trop cher. En dehors de ce défaut, il ne comporte bien entendu que des avantages et seuls les mauvais esprits ont l’insolence d’imaginer qu’il puisse porter préjudice au destin national.
Il n’est donc pas de bon ton de revenir au sens même de ce qu’est la sécurité sociale, ni à ses conséquences en termes de civilisation. Le fait que, dès sa naissance, chaque Français soit affilié à un système qui le prend en charge toute sa vie, qui veille à son éducation, qui lui assure une assistance quel que soit son comportement, jusqu’à la mort s’il le faut, apparaît aujourd’hui comme un fonctionnement normal de la société qui n’a plus besoin d’être discuté. L’obsession (prétendument, nous y reviendrons) égalitaire du modèle social français est telle qu’il semble normal, par exemple, que les Français qui choisissent d’habiter loin d’un centre ville de quelque importance bénéficie néanmoins à proximité de leur domicile d’une prise en charge hospitalière identique à celle d’un urbain. Et si cette prise en charge n’est pas possible, la règle évidente pour « le système » est que la collectivité prenne en charge quasiment sans limite non seulement les soins, mais le transport de l’assuré entre son domicile et l’hôpital où il est suivi.
La contrepartie de ce droit de tirage illimité sur l’assistance apportée par la collectivité réside dans l’obligation qui est faite à chaque Français (ou presque, nous y reviendrons) de se soumettre à ce système et d’y contribuer financièrement s’il a le malheur d’avoir un emploi payé correctement. La sécurité sociale est bonne mère pour ceux qui la sollicitent, mais elle est intraitable pour ceux qui n’ont pas besoin d’elle: elle les oblige à participer à son fonctionnement, et elle veut tout savoir de chacun. Aucun assuré n’a de secret pour elle: elle sait tout de ses revenus, de ses maladies, de ses tourments matrimoniaux, de ses enfants, de son patrimoine et elle traite en délinquant tous ceux qui chercheraient à dissimuler une part d’ombre.
Quand George Orwell avait imaginé son Big Brother, il lui avait prêté les traits d’un Etat policier surveillant la vie de chacun. La sécurité sociale lui a donné un autre visage: celle d’une mère possessive qui est le plus souvent là quand on a besoin d’elle, mais qui, en contrepartie de sa disponibilité, tyrannise ses enfants jusqu’à ne tolérer de leur part aucune forme d’autonomie. C’est le prix à payer pour la sécurité : elle étouffe la liberté.
Comment la France, pays des Droits de l’Homme, a-t-elle pu accepter sans coup férir une telle intrusion d’une instance publique dans la vie privée des citoyens ? Bien entendu, la dimension bifide de la sécurité sociale: dispensatrice de soins en même temps qu’observatrice de tous les secrets, a constitué l’astuce par laquelle les Français ont accepté avec une sorte de satisfaction résignée le principe d’une surveillance publique généralisée et d’une abolition de fait du principe de responsabilité. Et c’est précisément la grande ruse du modèle social français que d’utiliser les bienfaits du système pour faire admettre ses inconvénients. La promesse d’une sécurité à toute épreuve a anesthésié les résistances individuelles et l’aspiration collective à la liberté.
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Vous me direz, il n'y a rien là de nouveau : tout le monde connaît (ou devrait connaître) les pages extraordinaires de Tocqueville sur la tyrannie douce de l'Etat tutélaire. Mais ça fait du bien de le redire.
Addendum, toujours sur le même fil bilgerien :
Étonnant, cette idée qui voudrait qu'interdire les armes rendrait la vie plus sûre.
La vente d'armes à feu est très réglementée en France.
Cela n'a pas empêché Merah, les Kouachi, Coulibaly, pour ne citer que les plus connus, de s'en procurer avec les résultats que l'on sait.
Quant à Breivik...
La vente d'armes à feu est très réglementée en France.
Cela n'a pas empêché Merah, les Kouachi, Coulibaly, pour ne citer que les plus connus, de s'en procurer avec les résultats que l'on sait.
Quant à Breivik...
On cite toujours les USA comme contre-modèle.
Mais outre le fait, souligné avec raison par Marchenoir, que la société américaine est violente parce que multiraciale (même constat au Brésil d'ailleurs, mais ce pays n'est bizarrement jamais cité), il y a au moins deux sociétés occidentales surarmées où les armes, détenues légalement ou pas, ne provoquent que très rarement des violences domestiques.
La Suisse et Israël.
A propos de la Suisse :
"Selon les chiffres publiés en décembre 2010 par l’Office fédéral de la statistique avant le passage en votation de l’initiative sur les armes, le nombre de morts par balle a baissé de manière constante en Suisse dans les premières années du 21e siècle, passant de 466 en 1998 à 259 en 2008 (dernières données complètes à disposition).
Les tueries de masse sont plutôt rares dans ce pays où les armes sont pourtant si répandues. La plus grave a eu lieu en septembre 2001: un forcené en conflit avec les autorités a abattu 14 élus dans le bâtiment du parlement du canton de Zoug. La dernière remonte au 2 janvier 2013 : trois morts et deux blessés dans le village valaisan de Daillon par un homme qui voulait «régler un problème familial».
Si la violence des armes fait aussi peu de bruit dans les medias helvétiques, c’est que l’immense majorité des cas sont des suicides, événements dont la presse, par principe, ne parle pas. En 1998, 413 personnes s’étaient ôté la vie avec une arme à feu. En 2008, le chiffre a baissé à 239, alors même que le nombre total de suicides est resté relativement stable, entre 1300 et 1400 par année. La Suisse n’en reste pas moins deuxième au classement mondial du taux de suicide par arme à feu, derrière les Etats-Unis."
Je le remets rien que pour le plaisir :
Question posée aux policiers...
Vous marchez dans une rue déserte avec votre femme et vos deux enfants. Soudainement, un "jeune" (c'est comme ça que les médias les appellent) arrive devant vous avec un énorme couteau et vous regarde droit dans les yeux
en éructant injures et obscénités. Il lève le couteau et charge sur vous.
Vous avez votre arme de service 9 mm sur vous.
Vous n'avez que quelques dixième de secondes pour réagir avant qu'il ne vous atteigne. Que faites-vous ?
- BANG BANG BANG BANG BANG BANG BANG BANG BANG BANG click click click click » !!
.........................
- Est-ce que le port de ce couteau est autorisé ?
- Est-ce que cela va avoir un impact sur mes chances d'une promotion ?
- Est-ce que les médias vont en faire une victime ?
- Est-il un "jeune" de quartier incompris par la société ?
- Est-il un nouvel individu en probation qui a mal été réinséré dans la société ?
- Est-ce que cela va être vu comme du racisme s'il fait partie de la "diversité" ?
- Est-ce que la ville va être ensuite mise à feu et à sang par les "jeunes" des quartiers ?
- Est-ce que je vais être poursuivi par la Halde, le MRAP, SOS Racisme ?
- Est-ce qu'on va parler de "bavure" dans les médias et me condamner lourdement ?
- Est-ce que je vais perdre mon emploi pour que l''Etat puisse acheter la paix sociale dans les « quartiers » ?
@ sylvain | 26 août 2015 à 14:35