On connait bien les « Résistants de septembre », les arrivistes qui se sont déclarés Résistants en septembre 1944.
Plus intéressant : les Résistants de juin. 1940, évidemment.
Dans L'appel du 18 juin 1940, François Delpla dresse une liste désespérante de tous ces Français de Londres qui rejoignent New-York en juin 1940.
Il y a des traitres patentés, comme Jean Monnet (« un petit financier au service des Américains », disait De Gaulle, jugement sévère confirmé par les archives). Ceux-là sont finalement les plus faciles à comprendre. Il y a toujours eu des Iago, des tordus, des vicieux. Des sociopathes, comme on dit de nos jours. On peut citer un Alexis Léger (Saint-John Perse en poésie, l'homme qui a produit de faux documents pour son édition dans la Pléiade).
Il y a aussi les imbéciles, style Saint Exupéry. J'ai beaucoup de respect pour l'homme et pour l'écrivain, mais ses analyses politiques ne sont pas éblouissantes (litote). Un homme qui avait beaucoup de courage physique mais pas un tempérament de guerrier. C'était un doux, et donc un inapte politique.
Bon, les traitres et les imbéciles, c'est facile.
Mais que dire des Geneviève Tabouis, Henri Guéraud, Henri de Kérillis (1) ? Ni vicieux, ni bêtes, anti-nazis précoces, il se sont carapatés à New-York.
Bien sûr, il y a l'explication sociologique : ce sont des établis, des importants, ils ont quelque chose à perdre : réputation, position sociale et patrimoine.
Mais je crois que l'essentiel est une question de caractère : ils n'avaient pas le tempérament aventurier, don-quichottesque (raison pas contradictoire avec l'explication sociologique). Peut-être aussi se prenaient-ils trop au sérieux ? Quand je lis les Mémoires d'un agent secret de la France libre de Rémy, je suis frappé par l'humour qui court tout du long.
Et ils n'avaient peut-être pas non plus l'esprit de sacrifice.
Peut-être aussi ont-ils manqué de jugeote sur De Gaulle : beaucoup l'ont pris pour un apprenti dictateur, avec, comme Albert Lebrun, un attachement excessif, ridicule en de telles circonstances, au respect des formes (ce qui est, bien sûr, de la pusillanimité sophistiquée, autrement dit, une incapacité à s'élever à la hauteur des circonstances).
Je ne sais.
Pour suivre De Gaulle, il fallait les trois courages : physique, intellectuel, moral. Il y eut peu d'élus.
Bien sûr, il est plus facile pour les jeunes, les Messmer, les Lefranc, les Poype, de partir à l'aventure. Mais, en 1940, Rémy avait 36 ans et 4 enfants, Marc Bloch 54 ans.
Si la question des motivations des premiers Résistants m'intéresse, c'est qu'il est à nouveau dangereux d'avoir des idées patriotiques de résistance à l'Europe allemande et de défense de la liberté nationale (Amazon met à la porte des salariés pro-Gilets jaunes).
ALAIN JUPPÉ AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL : UNE GRANDE EXPÉRIENCE DU DROIT PÉNAL …
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Conclusion
L’arrivée d’un politicien incompétent et au lourd passé judiciaire au Conseil Constitutionnel est un scandale de plus pour ce pouvoir. Qui témoigne répétons-le d’une totale absence de principe et d’une volonté d’instrumentaliser notre cour suprême. Et cette mesure est soutenue voire applaudie, par tous ceux qui avaient fait des gorges chaudes contre la nomination à la cour suprême des États-Unis par Donald Trump d’un magistrat respecté, à qui on reprochait sans preuve des paroles soi-disant inconvenantes prononcées 50 ans plus tôt, à l’âge de 17 ans dans une surprise-partie.
Ces gens-là sont prêts à tout.
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Bien sûr, je me suis assez moqué des Résistants-avec-70-ans-de-retard pour ne pas jouer le même sketch (d'ailleurs, où sont-ils passés, quand il y a des coups à prendre ?), mais nous dérivons tout de même vers une authentique tyrannie. Certes « le silence des algorithmes a remplacé le bruit des bottes », mais cela ne change rien au fond de l'affaire.
Il est instructif de méditer les précédents. Le Résistant est isolé, car la Résistance n'est pas un sport de masse (jusqu'à ce que la victoire se dessine), mais rarement seul : la solidarité des rares qui s'embarquent dans l'aventure n'est pas un vain mot.
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(1) : Kérillis est un cas intéressant. Ancien combattant, intelligent, ayant compris très tôt qu'Hitler n'était pas un imbécile. Gaulliste au début puis s'éloignant assez vite, il tourne anti-gaulliste farouche en 1943 (il est évidemment giraudiste) quand il s'aperçoit que le projet de De Gaulle est politique et pas seulement militaire. Il finit par mettre la mort de son fils, tué par la milice, sur le dos de De Gaulle, personnellement, ce qui montre à quel point il a quitté le domaine du rationnel.
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