Ces vérités cachées, ignorées ou refoulées
par maximetandonnet
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1) La réforme des retraites qui est proposée est de nature foncièrement idéologique: elle consiste à supprimer 42 régimes particuliers pour les fondre en "un système à points" unique. Cela concerne les cheminots, certes, mais aussi les médecins, les agriculteurs, les notaires, les militaires, les avocats, les ouvriers agricoles, professions libérales, professeur de l'enseignement privé, etc. Une étrange logique de la table-rase et du nivellement, bien socialiste, au pire sens du terme, vise à interdire aux professions de s'organiser en tenant compte de leurs spécificités, et ainsi à imposer une uniformisation bureaucratique. 42 régimes, pages 20 et 21.
2) Son caractère discriminant est paradoxalement incompréhensible: elle devrait concerner (comprend-on), les personnes nées après 1975 et épargner les classes d'âge antérieures à cette année. Le clivage ainsi opéré semble indiquer qu'un effort d'adaptation serait imposé au moins de 45 ans tandis que les plus de 45 ans en sont exonérés. Une discrimination reposant sur l'âge se substitue ainsi aux catégories fondées sur les métiers. A la guerre comme à la paix, ce sont les jeunes qui payent pour les anciens. Quelle plus insupportable injustice? Dans l'histoire, aucune réforme fondée sur un traitement inéquitable, frappant la jeune génération et protégeant l'ancienne, n'a d'ailleurs jamais abouti.
3) Cette réforme qui focalise toute l'énergie du pays, passe à côté de l'essentiel: elle ne présente aucun avantage pour le règlement des fléaux qui ruinent la France, c'est-à-dire l'écrasement fiscal du pays, sa dette vertigineuse, la crise de l'autorité de l'Etat, la violence, le communautarisme, la chute du niveau scolaire, la désindustrialisation, le chômage qui recule partout, sauf en France, la perte de crédit dans le monde l'effroyable effondrement de la confiance dans le politique.
4) Son succès dans quelques milieux, surtout de droite traditionnelle, tient à l'émotion plutôt qu'à la raison, l'instinct de revanche contre les cheminots et leurs syndicats... L'idée de les voir mordre la poussière produit, dans ces milieux, une sorte d'étrange jubilation et d'excitation: celle que produit le chiffon rouge dans l'arène. Le soutien de droite à la réforme ne tient pas à autre chose: l'abattage de la "bête immonde"ou la logique du bouc émissaire. Cette euphorie malsaine couvre tout le reste, le fond d'une réforme qui n'intéresse personne. Et cela pour des avantages économiques non évalués, mais sans aucun doute infimes, voire inexistants, compte tenu du déséquilibre démographique qui subsistera, des dérogations liées à l'ancienneté et de la hausse progressive de l'âge de la retraite des cheminots, déjà à l'oeuvre.
5) Le fond de l'air a quelque chose de monstrueux. Le niveau de mépris de la classe dirigeante pour les "sans-dents" atteint un niveau paroxystique qui n'a sans doute sans précédent dans l'histoire contemporaine. D'un côté, une infime caste qui bombe le torse et redouble de coups de menton en s'enfermant dans une posture de fermeté aux accents radicalement narcissiques, voire électoralistes; de l'autre les salariés, les étudiants, les enfants et les mères de familles, plongées dans un chaos indescriptibles, obligés de se battre pour s'entasser dans un autobus ou un métro. Quelle pire image qu'un pouvoir politique qui accule les Français à se battre les uns conte les autres?
6) Les coups de menton des uns et des autres n'y changeront rien. La crise est sans fin. Elle n'aura ni vainqueur, ni vaincu. D'ailleurs, depuis les lois Valls de 2016, la bataille de NDDL, suivie des Gilets Jaunes, des violences des Black blocs, et des troubles sociaux actuel, la France est plongée dans un désordre permanent et croissant auquel les Français finissent par s'habituer. Ne parlons pas des attentats islamistes qui ont fait 260 morts en cinq ans. Les troubles autour de la réforme des retraites vont ronger le pays pendant des mois, des années. Peu à peu, de concession en concession, cette réforme idéologique va tomber en déliquescence, par détricotage subreptice. Evidemment. Déjà, les policiers et les magistrats... Enfin, quand je dis, "ni vainqueur, ni vaincu", c'est faux: il y a déjà une grande vaincue, malheureuse, humiliée, traînée dans la boue, risée de toute la planète: la France.
Maxime TANDONNET
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