Elisabeth de Miribel est de ces caractères en acier trempé qui manquent tant à la jeunesse française d'aujourd'hui (je peux aussi citer, au hasard, Brigitte Friang ou Jeanne Bohec).
Elle est connue pour avoir dactylographié l'Appel du 18 juin, mais elle vaut mieux que ça.
Issue d'une famille de militaires, descendante directe de Mac Mahon, à 22 ans (née en 1915), elle part en Suisse s'occuper d'enfants handicapés mentaux après que sa famille lui eut expliqué qu'une jeune fille de bonne famille ne fait pas ces choses là (les Résistants de 1940 sont souvent des rebelles dans l'âme).
Elle randonne et varappe en Autriche et découvre les joies du nazisme.
Comme elle demande à faire oeuvre utile en 1939, on l'envoie à la mission française de Londres et c'est naturellement, alors que tous les autres commencent à se débiner, qu'elle se retrouve à taper l'Appel.
A 27 ans, elle est nommée représentante de la France Libre au Québec, très pétainiste. Elle reçoit une lettre de reproches de sa mère (une jeune fille de bonne famille, etc). Elle fait quelques tournées de propagande aux Etats-Unis.
C'est trop calme, elle demande à être envoyée comme correspondante de guerre en Italie. Puis à suivre Leclerc. Qui lui répond qu'il ne veut pas s'encombrer de journalistes et encore moins de femmes, mais que, si elle arrive à le rejoindre, il la gardera. Qu'à cela ne tienne, elle saute dans le bureau de de Gaulle et en ressort avec une lettre de recommandation, puis c'est la course poursuite dans la France en guerre qui lui permet d'arriver juste à temps pour la libération de Paris. Elle assiste à la bataille de la Croix de Berny, de Fresnes et d'Antony.
Dans Paris en folie, elle a un accident de voiture avec un convoi de la garde républicaine. Ce qui lui vaudra par la suite de toujours connaître au moins un garde républicain lors des réceptions officielles !
Elle est ami avec Malraux, à qui elle en bouche un coin. De Gaulle la tenait en haute estime, ce qui est suffisamment rare pour être signalé.
En 1949, elle entre au Carmel. Elle en ressort en 1954, officiellement pour raisons de santé. En réalité, elle s'est trouvée sous la coupe d'une prieure manquant singulièrement de finesse, qui l'a épuisée, au physique et au moral.
Elle reprend son poste au ministère des affaires étrangères.
L'administration du Quai d'Orsay mettra 17 ans à reconnaître ses services pendant la guerre (les bureaucrates attentistes et pétainistes se vengent des gaullistes). C'est bien entendu le retour au pouvoir de de Gaulle qui débloquera la situation : les bureaucrates sont mesquins et méchants, mais pas très courageux.
Elle finit sa vie en écrivant quelques livres.
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