mercredi, mars 05, 2025

End the FED (Ron Paul)

Il n'y a que deux problèmes importants en politique : la démographie et la monnaie. Le reste est du commentaire.

Les peuples comprennent très bien. le premier (sauf endoctrinement universaliste « antiraciste ») et absolument rien au second.

Ce livre, publié en 2009 et souvent réédité, parle d'un monde qui n'est déjà plus le nôtre.

En effet, Ron Paul est réaliste (les choses comptent) alors que nous vivons dans un monde complètement irréaliste (seuls les discours sur les choses, les représentations, comptent).

Ainsi, d'un point de vue réaliste, le dollar de 2024 ne vaut plus rien mais, dans notre monde irréaliste, tant que les gens veulent du dollar, no problemo.

Le livre de Ron Paul est tout de même intéressant : il montre comment la FED nous a amenés à ce monde irréaliste (là dessus, Ron Paul est très clair : la banque centrale est le moteur du Mensonge, de l'Illusion, de l'Irréalisme). Et, si un jour nous redevenions réalistes (suite à une guerre perdue par exemple), il serait de nouveau d'actualité.

La nécessité d'un mauvais système

Les banques centrales sont émettrices de monnaie, manipulatrices de taux et sauveuses de banques commerciales faillies. Elles sont intrinsèquement inflationnistes, même (surtout ?) lorsqu'elles prétendent lutter contre l'inflation.

Les fonctions politiques des banques centrales

Les banques centrales sont rendues nécessaires pour deux mauvaises raisons :

> la réserve fractionnelle, le fait que les banques commerciales peuvent prêter beaucoup plus que ce qu'elles ont en caisse. Rappel : le métier d'un banquier est d'emprunter à court terme, ce sont vos dépôts (lorsque vous déposez de l'argent à la banque, il ne vous appartient plus, vous le prêtez à cette banque) et de prêter à long terme. Pas la peine d'avoir fait vingt ans d'études pour comprendre que le fait que les banques puissent prêter 10, 20, 30 fois et plus que ce qu'elles ont est fondamentalement générateur de crises bancaires. Le métier de banquier est donc extrêmement risqué, d'où la recherche d'un prêteur en dernier ressort pour sauver leurs petites fesses.

> la cupidité de l'Etat. Quel délice pour l'Etat de pouvoir « imprimer » de la monnaie en appuyant sur un bouton (dans la réalité, en causant aux copains-coquins banquiers centraux, qui viennent des mêmes milieux, qui ont fait les mêmes études, et avec qui on est à tu et à toi), notamment pour financer les guerres.

L'idée même de banque centrale est belligène, puisqu'on peut financer les boum-boum-pan-pan avec de la fausse monnaie (c'est d'ailleurs pour cela qu'elles ont été inventées).

Les deux guerres mondiales n'auraient pas duré aussi longtemps sans les banques centrales. Vous ne serez pas étonné qu'Hitler fût vivement opposé à l'étalon-or. Les Etats-Unis sont sans cesse en guerre depuis que la FED existe, ce n'est pas un hasard.

L'idée même de banque centrale entraine l'abolition de la démocratie, puisque l'Etat peut acheter l'approbation du peuple avec de l'argent fictif. Comme dit Ron Paul, avec la monnaie de singe des banques centrales, les politiciens peuvent tout promettre à tout le monde.

Vous remarquerez qu'il suffit de supprimer le système fou de la réserve fractionnelle et de mettre un frein à la cupidité de l'Etat (Afuera ! Afuera !) pour que la nécessité de banques centrales disparaisse instantanément.

Une longue histoire

Il y a eu deux premières  tentatives de banques centrales aux Etats-Unis, qui ont pris fin en 1809 et 1836, les mentalités n'étant pas mûres pour l'abolition de la démocratie (c'est bien ainsi que les opposants présentaient l'enjeu à l'époque. Et ils avaient entièrement raison).

La création de la FED est un des rares complots réussis attestés dans l'histoire.

En 1910, les choses sont claires : il y a une majorité au Sénat pour considérer qu'une banque centrale est anti-démocratique et, donc, s'y opposer. Les dirigeants de Wall Street se réunissent secrètement (sous des noms d'emprunts) à Jekyll Island (nom prémonitoire). Ils veulent une banque centrale aux mains d'intérêts privés, exactement pour les mêmes raisons que les opposants : parce que c'est anti-démocratique, mais, pour eux, c'est une qualité. Et aussi, bien entendu, parce qu'ils comptent en tirer d'énormes profits.

Ils mettent au point une stratégie simple et efficace qu'ils appliqueront à la lettre. Ils font campagne (ils ont évidemment la grande majorité de la presse à leurs ordres) pour un système de réserve fédérale absolument inacceptable mais les discussions autour de ce projet acclimatent l'idée de banque centrale, puis, quand le fruit est mûr, ils proposent, en opposition à ce projet inacceptable, un projet plus « modéré », qui a toujours été leur véritable but et qui passe comme une lettre à la poste. Ces gens-là sont vicieux, mais personne n'a jamais dit qu'ils étaient bêtes.

De plus, ils font élire Woodrow Wilson, professeur d'économie à la solde de Wall Street durant toute sa carrière, sur un programme anti-Wall Street (plus c'est gros ...).

« Il est l'or, Monsignor. »



Ce graphique (attention, l'échelle est logarithmique) suffit à illustrer l'admirable dicton « La monnaie, c'est l'or. Le reste c'est du papier. ».

Pour être tout à fait complet, il faudrait y ajouter l'argent, tant le bi-métallisme parait être le système le plus efficace : à la fois souple et rigoureux.

Toujours est-il qu'en tant que réserve de valeur à long terme, l'or bat les monnaies-papiers à plate couture.

Surtout l'étalon-or a une vertu cardinale : il met un frein physique aux délires de puissances des hommes de l'Etat. C'est pourquoi ils le détestent.

Aux Etats-Unis, ce pays de la liberté, il était interdit, entre 1933 et 1975 aux particuliers de détenir de l'or, sous la menace de très lourdes peines.

Le 15 août 1971, la fin de la convertibilité du dollar en or, est donc une date très importante.

***************
Digression franchouillarde : les imbéciles qui nous tympanisent avec la loi de 1973 « Pompidou-Rotschild » (notez la discrète, si discrète, allusion judéophobe) ne sont que cela, des imbéciles.

Non, il n'y avait pas, au milieu de la cour de la Banque de France, un arbre magique sur lequel poussait l'argent gratuit et qui aurait été coupé par les méchants juifs. La « planche à billets » se payait toujours par l'inflation, qui pénalisait les pauvres, et la loi de 1973 n'a eu aucun effet sur ce processus. Et ce que l'Etat ne payait pas en intérêts, il le payait en dévalorisation de ses actifs. D'ailleurs, pourquoi me préoccupè-je de ces crétins ?

Il faut vraiment être le dernier des cons pour croire qu'il y a eu un jour un moyen facile, indolore et sans conséquences funestes de financer l'Etat de manière illimitée. Croire dans le socialisme, c'est croire au Père Noël pour les adultes.
***************

La FED et la politique

Congressman expérimenté (3 mandats entre 1976 et 2013), Ron Paul explique :

> Le Congrès se désintéresse totalement des questions monétaire, et même économiques, y compris dans les commissions spécialisées. Paul raconte cette anecdote qu'il apprend à un collègue de la commission monétaire que le dollar est détaché de l'or ! Tout ce qui passionne les congressmen, c'est d'avoir de l'argent à distribuer sans limite.

> il n'y a pas d'administration plus politique que la FED. Pour Paul, toutes ses décisions sont politiques, destinées à influer des élections.

La querelle des universaux toujours recommencée

En 1141, Bernard de Clairvaux atomise de manière fort peu charitable Abélard dans la querelle des universaux (réalisme par opposition au nominalisme), mais il donne ainsi trois siècles de répit à l'Eglise.

La question est toujours la même : les choses ont-elles une existence en dehors des mots que nous employons pour les désigner ?

Le catholicisme est profondément réaliste.

« Ce bout de papier vaut un dollar parce que la FED le dit » est de même nature philosophique nominaliste que « Roger est une femme parce qu'il dit qu'il est une femme ».

Il n'est donc pas étonnant que le règne de la monnaie flottante, totalement désancrée du réel, commence à la fin du bouleversement anthropologique des années 60, quand les églises se vident et le féminisme, ce précurseur du transgenrisme, triomphe.

Les civilisations sont cohérentes, même dans leur décadence.

Sans banque centrale

Ron Paul ne se fait pas d'illusions. Il sait qu'il ne sera pas facile de supprimer les banques centrales. Quand il écrit (2009), il dit même que l'intérêt des banques centrales est de pousser à la guerre. Après qu'elles aient provoqué tant de catastrophes, peut-être aura-t-on la sagesse de les supprimer.

Quand on interroge Ron Paul, « Par quoi remplacerait-on les banques centrales ? », il répond « Est-ce qu'on remplace les tumeurs cancéreuses ? ».

Si on supprimait les banques centrales, que se passerait-il ? Les banques et les Etats mal gérés feraient faillite, les monnaies de singe seraient remplacées par des monnaies plus solides.

Un moment très douloureux, mais l'assainissement moral, politique et financier est à ce prix.

Ensuite ? Très simple, on ferait comme avant les banques centrales.

La Monnaie de Paris existe depuis 864, la Banque de France depuis seulement 1800. Autrement dit, la France a vécu pendant plus de mille ans de banque centrale (baptême de Clovis 496).

L'émission monétaire serait gagée sur l'or (ou l'or et l'argent, encore mieux), on émet autant de monnaie qu'on a d'or. Simple, clair, sans entourloupe (mais pas sans tentative de rognage des monnaies, mais, au moins, c'est au grand jour).

Sans prêteur en dernier ressort, les banques auraient une forte incitation à la bonne gestion et les clients seraient obligés de se renseigner un peu.

Quant aux hommes de l'Etat, la distribution de friandises « gratuites » pour acheter les voix, finito.

Une vie économique et politique plus réaliste, plus saine. Et plus démocratique.

Enfin, je laisse le dernier, profond, à Javier Milei :

« Croire qu'imprimer plus de monnaie crée de la richesse, c'est comme croire qu'imprimer plus de diplômes crée de l'intelligence. »

Je dis que ce mot est profond parce qu'il y a effectivement des gens qui croient (tous les gauchistes par exemple, voir les 80 % d'une classe d'âge au bac de Chevènement) qu'imprimer plus de diplômes crée de l'intelligence.