mercredi, janvier 26, 2005

Fitna, la guerre au coeur de l'islam (G. Kepel)

FFF

Kepel considère que l'islamisme terroriste est une forme de guerre civile à l'intérieur du monde musulman, suite à l'échec de l'islamisme politique.

En lisant son livre, on peut renvoyer Américains et Européens dos à dos :

_ les Américains, aveuglés par l'idéologie neo-conservatrice, ont subi une défaite intellectuelle majeure en étant incapables d'analyser la situation orientale dans toute sa complexité. Ils ont attaqué l'ennemi (l'Irak) qui convenait à leur puissance (une armée classique) à la place de leur véritable ennemi (Ben Laden & Co) en réformant leurs forces pour s'y adapter. Pour Kepel, c'est une transposition stupide de la pensée de la guerre froide : islamisme = communisme, Moyen-Orient = pays de l'est, Irak = URSS.

_ les Européens, pour leur part, font preuve d'aveuglement en sens inverse : ils ne se rendent pas compte, malgré les attentats de Madrid, que la guerre contre l'islamisme terroriste les concerne tout autant que les Américains -quelques idiots inconscients se réjouissant même plus ou moins d'un possible échec américain en Irak- et que le résultat de cette guerre se joue chez eux, dans la capacité de leurs populations musulmanes à élaborer une doctrine compatible avec la vie moderne.

Kepel me paraît assez effrayé par les capacités d'endoctrinement des intégristes dans les banlieues françaises et invitent clairement à ne pas céder au chantage médiatique aux droits de l'homme, au droit à la différence et tout ce qu'on nous ressort dans les affaires de voile.

Ils qualifient les écolos, les catholiques et les gauchistes qui croient lutter pour la liberté de choix en défendant le voile d' "idiots utiles" (utiles aux islamistes), comme au bon vieux temps du communisme triomphant. En effet, la pression sociale et familiale est tellement forte que la liberté de ne pas choisir le voile est quasi-inexistante pour celles qui sont face au problème.

Le tableau est assez sombre : Al Quaida est dans une impasse politique qui le force à l'escalade de la violence et les gouvernements occidentaux se sont laissés aller à une dérive sécuritaire, dommageable pour le rayonnement des idéaux démocratiques , sans que l'efficacité de celle-ci soit prouvée.

Il reste un espoir au moyen-orient, tout entier basé sur une évolution positive de la majorité irakienne chiite, mais cet espoir d'amélioration est bien mince.

Kepel ne s'attarde pas sur le conflit israelo-palestinien : il semble penser que c'est une question fondamentale mais qu'elle est suffisamment connue en long en large et en travers pour ne pas y revenir.

Je pense qu'une politique forte à mettre en oeuvre chez nous est un programme forcené de substitution du pétrole, afin de ne plus être vulnérable de ce coté-là aux soubresauts orientaux et de couper les pétro-dollars aux islamistes de tout poil. Hélas, pour des raisons que je comprends mais qui ne me semblent pas à hauteur des enjeux,les gouvernements occidentaux répugnent à s'engager dans cette voie.

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