samedi, janvier 29, 2005

Non au specticisme sur les élections en Irak

Je crois qu'il faut hélas tempérer les espoirs.

La démocratie, ce n'est pas seulement, ni même peut-être principalement, le droit de vote. En ce moment, je m'intéresse beaucoup à la Révolution française et les questions de l'époque se posent encore en Irak (et en France) :

_ comment obtenir d'une assemblée la meilleure décision ?

_ quelles sont les conditions pour être citoyen ?

_ comment le peuple souverain peut-il s'exprimer librement tout en restant uni et préservé de la démagogie ?

_ comment faire pour que la représentation nationale ne confisque pas le pouvoir ?

_ comment faire pour que les dirigeants éclairent et décident tout en n'outrepassant pas leur mandat représentatif (question très actuelle en France) ?

D'après Raymond Aron, avant même le droit de vote, une caractéristique essentielle de la démocratie est l'alternance au pouvoir : l'homme qui exerce le pouvoir aujourd'hui sait qu'il le perdra un jour qui n'est pas trop lointain et que son successeur ne sera peut-être pas bienveillant à son égard. Cela empêche la plupart des folies.

Or, quand les citoyens ne se sentent pas suffisamment libres et détachés par rapport à leur origine ethnique, comme c'est le cas en Irak, les votes reflètent la structure ethnique du pays et non des choix politiques. L'alternance est alors quasiment impossible puisque la composition ethnique d'un pays évolue très lentement. Cela bloque dès le départ le fonctionnement démocratique : une majorité sûre d'être au pouvoir pour l'éternité et une minorité sûre d'être exclue du pouvoir, cette situation est néfaste.

Les différentes factions irakiennes vont "se compter" (comme on dit au PS à propos des courants lors du vote des motions, sauf qu'au PS ça frise le ridicule, alors qu'en Irak, il y a des morts tous les jours). Mais en quoi cela sera-t-il bon pour l'avenir du pays ?

Il reste à espérer que les électeurs seront plus intelligents que les prévisionnistes (c'est arrivé plus d'une fois) et qu'ils nous réservent une bonne surprise.

Mais, et c'est là où je voulais en venir, malgré mes doutes, il y a un point fondamental qu'il faut garder en mémoire : la construction de la démocratie dans un pays est un long processus et il n'y a pas d'autre solution pour avoir un pays juste et prospère (1). Il n'est jamais trop tôt pour commencer.

Les élections en Afghanistan n'ont pas été la catastrophe annoncée, mais une étape sur une route encore très longue. espérons qu'il en sera de même en Irak.

Cette conviction, cet espoir, est supérieur à tous les doutes.

J'ai peur que les Français, Chirac en tête, refassent l'erreur mitterrandienne (2) de préférer la stabilité à la démocratie (3).

(1) : c'est pourquoi je trouve la multipolarité chiraquienne dangereuse : en dehors de la démocratie, point de justice. Je suis plus proche du point de vue américain même si je n'apprécie pas les manières de Bush.

(2) : Chirac ressemble tant à Mitterrand que ça n'a rien d'étonnant

(3) : des gens qui égorgent leurs adversaires ne sont pas des résistants avec lesquels la discussion est possible, ce sont des terroristes qu'il faut buter jusque dans les chiottes, comme dit Vladimir.

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