vendredi, mars 10, 2006

L'amoralisme français : l'exemple des stages

Gérard Mermet estime que les Français sont la population d'Europe qui a le plus bas niveau d'exigences morales (grande tolérance à la fraude, à la corruption, indifférence aux autres, manque de respect, etc.)

Je pense que cela vient de l'infantilisation et de la déresponsabilisation des citoyens par l'Etat et ses filiales. Mais, sans débattre des causes, en voici un exemple dans le domaine économique et coté patronatnb.

Extraits de l'article Paul Fabra intitulé Un cruel bizutage social :

« Un nombre important d'entreprises profitent du manque de débouchés pour de moins en moins rémunérer les stagiaires tout en leur demandant d'être aussi productifs que des salariés. Certaines sociétés remplacent un salarié à plein temps par des roulements de stagiaires. Je ne généralise pas, mais ces pratiques existent et elles doivent être condamnées. »

On s'expliquait mal pourquoi nos grands groupes ne tiraient pas plus largement parti - sinon pour les expédier à Londres ou aux Etats-Unis - des capacités latentes d'innovation que représentent les nouveaux promus des grandes écoles. Pardi ! Ils ont trouvé le moyen de les faire travailler quasiment à l'oeil. Et cela sans avoir à les compter dans leurs effectifs salariés - un « avantage » qui, dans le système national, vaut tous les autres réunis !

Voilà une stagiaire qui a passé une année dans une grosse entreprise de l'agroalimentaire. C'est elle qui a piloté de bout en bout, à l'instar d'un véritable chef de projet, le lancement d'une nouvelle variété de yaourt. Gratification pour les douze mois bien remplis : 800 euros plus, il est vrai, un chaleureux « Vous avez fait un très bon boulot ! ».

Le système économique et social français (n'oublions pas l'économique, plutôt pire que le modèle social créé en réaction contre lui) a accouché là d'un de ses monstres. Il a fait de la pratique vertueuse des stages un instrument éventuel pour ramener, ponctuellement, le coût effectif du travail au niveau où il se situe dans l'Europe de l'Est. Pour redresser la barre, le Medef a envisagé de publier un code de bonne conduite. Selon Peter Drucker, le grand théoricien du management [lisez P. Drucker, il écrit clair, net, intelligent et humain], quand il faut un code spécial d'éthique pour le business, c'est la preuve qu'il continuera de s'écarter de la morale courante. Qu'il ignorera par exemple le principe selon lequel tout travail mérite salaire !

Julien, stagiaire multi-récidiviste : « Modèle anglo-saxon ou pas, en Angleterre où j'ai travaillé, on est toujours payé pour son travail ! Pas de bizutage social pour ceux qui entrent dans le monde du travail. »

1 commentaire:

  1. Francois,

    ce que les francais ne comprennent pas c'est que ces pratiques deplorables ne sont que le resultat d'un marche du travail deprimme. Si les pouvoirs francais se concentraient sur une reforme liberale au lieu d'ergoter sur les contrats de travails, ils auraient peut etre une chance d'ameliorer le score de l'economie francaise -l'une des plus mauvaises a convertir 1 point de croissance du PIB en emplois.

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