Vous l'avez je pense compris, je me sens ces temps-ci particulièrement étouffé par la politique française, de quelque coté que ça soit.
C'est pourquoi je m'évade dans les "Vu d'ailleurs", mais généralement en Anglais, alors, aujourd'hui, je vous fais une fleur : un article en Français.
J'ai beaucoup tapé sur les anti-CPE, que je prends, je l'avoue, pour des cons quand ils sont jeunes, des enfoirés quand ils sont vieux, mais comme Villepin ne mérite guère plus de compliments j'ai mis en exergue quelques parses qui consoleront mes lecteurs anti-CPE.
LA BATAILLE DU CPE
La presse européenne devant le spectacle d'une France bloquée
Après la vague de manifestations du 18 mars et face à la surdité du gouvernement, la mobilisation contre le contrat première embauche ne faiblit pas. La presse européenne réagit à cette énième confrontation franco-française opposant l'arrogance du pouvoir à la colère de la rue.
"Plus de 1 million d'étudiants, de lycéens et de sympathisants ont rejoint les manifestations majoritairement pacifiques et joyeuses contre le CPE dans 160 villes françaises le samedi 18 mars. Mais, à Paris, des batailles de rue mouvementées ont duré pendant six heures après la fin des manifestations. Un de ces affrontements, près de la place de la Nation [lieu d'arrivée de la manifestation], semblait impliquer des bandes multiethniques issues des banlieues défavorisées qui cassaient des vitrines de magasins et brûlaient des voitures", rapporte The Independent de Londres.Les syndicats français ont adressé un ultimatum au gouvernement de Dominique de Villepin pour qu'il retire sa loi avant lundi 20 mars au soir. Dans le cas contraire, une grève générale ou "interprofessionnelle" sera lancée.
"Nous ne voulons pas devenir la génération low cost." Des lycées de banlieue à ceux des quartiers bourgeois, ce sont partout les mêmes slogans. 22 % des jeunes Français de moins de 26 ans sont actuellement au chômage, chiffre qui atteint 50 % dans les banlieues. C'est le record d'Europe", note le Corriere della Sera. Le quotidien italien cite le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour qui la réforme du marché du travail est inéluctable : "On ne peut pas continuer à vivre dans l'illusion que l'on peut garantir les choses comme elles étaient dans le passé. On doit réformer, mais dans le dialogue, avec les partenaires sociaux."
Dans un article intitulé "Le pouvoir des lycéens", la Frankfurter Allgemeine Zeitung s'étonne qu'en l'espace de quelques semaines "une minorité d'étudiants et de lycéens bien organisés ait réussi à transformer une réforme limitée du marché du travail en un symbole du destin de toute une génération". La "réinterprétation idéologique" du CPE comme "sacrifice d'une génération sur l'autel de l'arbitraire des employeurs" est le fait "d'organisations très actives dont la sphère d'influence comprend même les lycées", estime le quotidien libéral allemand, selon lequel les événements actuels sont le résultat d'une crise chronique de l'éducation qui remonte aux années 1970, lorsque le président Giscard d'Estaing a commencé la "politique de nivellement par le bas dans l'éducation publique".
Le CPE, c'est "une bombe à retardement pour la droite", titre El País. "Normalement, le grand bénéficiaire, dans le camp de la droite, devrait être le rival de Villepin, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui verrait ainsi s'enfoncer le candidat de Jacques Chirac et s'ouvrir le chemin vers la candidature présidentielle. Mais ce n'est pas le cas", note le quotidien national espagnol de centre gauche. "Parmi les sarkozystes, on craint que la chute de Villepin n'entraîne leur champion ou que Chirac lui fasse le cadeau empoisonné de le nommer au poste de chef du gouvernement. C'est pourquoi la consigne est : nommons Michèle Alliot-Marie [la ministre de la Défense], la dernière chiraquienne."
"La rue est un vecteur d'expression sociale et politique", estime Le Jeudi, journal luxembourgeois, dans un éditorial. "Par contre, le fait que dans une vieille démocratie elle joue ce rôle quasi systématiquement et s'impose comme un complément des débats parlementaires est plutôt exceptionnel. La France en est l'exemple type. L'annonce d'une réforme suffit à lancer les cortèges de protestation. C'est peut-être ce qui fait le 'charme' de la France, même si, vue de l'extérieur, la multiplicité des conflits laisse l'observateur perplexe. Il en est ainsi du contrat première embauche (CPE), une réforme de lutte contre le chômage lancée par le gouvernement de Villepin et adoptée par les députés. Pourtant, elle jette les étudiants – qui y voient une institutionnalisation de la précarité – dans les rues." "Ce n'est pas le CPE en soi qui pose problème, mais bien plutôt le fait qu'il ouvre une brèche dans un dispositif légal et réglementaire fondamentalement dissuasif pour l'emploi", écrit La Tribune de Genève. "Car, si la France connaît un taux de chômage élevé, et particulièrement chez les jeunes, ce n'est pas que sa main-d'œuvre serait moins qualifiée qu'ailleurs, mais uniquement que les employeurs hésitent à embaucher des travailleurs qu'il leur sera ensuite très difficile de licencier." Le quotidien suisse stigmatise le Code français du travail, "l'une des législations les plus rigides qui soient".
Dans le quotidien britannique de gauche The Guardian, Stuart Jeffries défend un point de vue différent. "Pourquoi les Français sont-ils si prompts à descendre dans la rue ? Peut-être parce que, à la différence des Britanniques, ils ont encore quelque chose à perdre."
Courrier international
VU PAR LA GAUCHE BRITANNIQUE - Villepin et les jeunes manifestants renvoyés dos à dos
L'hebdomadaire britannique New Stasteman distribue les points dans la bataille du contrat première embauche (CPE) et s'en prend à Dominique de Villepin, le Premier ministre français, et aux jeunes manifestants, qu'il juge avec autant de sévérité en dépit de ses sympathies de gauche.
"Ce n'est jamais une bonne idée de confier le gouvernement à des mandarins de l'administration. Ils trouvent des solutions, mais ils ignorent les règles du jeu politique, ce qui inévitablement se retourne contre eux. Voilà la triste histoire de Dominique de Villepin", analyse l'hebdomadaire. Le CPE vise à encourager les employeurs à embaucher des jeunes de moins de 26 ans en facilitant les règles de licenciement. "Tout juste ce qu'il fallait pour briser le chômage qui frappe la jeunesse française, pensait le patricien Villepin, et aider les entrepreneurs à embaucher." "Hélas ! Villepin n'a pas pensé à la peur française de la précarité au travail, une méfiance aujourd'hui exacerbée au point que les jeunes rejettent le cadeau du Premier ministre. Carte blanche pour des renvois sans motif ! De la discrimination sur le marché du travail ! La réponse qui vient le plus naturellement aux Français face à l'insécurité de l'emploi est de se réfugier derrière le filet de protection sociale de l'Etat." Pourtant, au Royaume-Uni, "des règles bien plus souples que le CPE n'ont pas arrêté des milliers de jeunes Français qui viennent prendre des petits boulots ce côté-ci de la Manche", remarque New Stasteman. Mais en même temps, "les trois quarts des jeunes Français sans formation particulière les préparant à l'emploi aspirent à travailler pour la fonction publique", rapporte l'hebdomadaire qui cite un récent sondage. New Stasteman voit dans le climat actuel en France "une convergence incroyable entre un conservatisme apeuré et un radicalisme de gauche". Le manque de sensibilité de Villepin aux réalités du terrain n'est pas fait pour apaiser cette "guerre qu'il a lui-même lancée".
samedi, mars 25, 2006
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