Je vous reproduis ci-dessous l'éditorial des Echos pour mémoire. Cela fait longtemps que je redoute que la moindre hausse des taux d'intérêt mette à nu l'impuissance de l'Etat français, paralysé par sa dette.
C'est d'autant plus dramatique que les dépenses en question ont été des dépenses de fonctionnement et non d'investissement : d'un coté, il y a trop de fonctionnaires, peu productifs, mal organisés, pour des missions qui pourraient être mieux faites par d'autres, d'un autre coté, on s'est épuisé en "traitements sociaux" (du chomage, de la pauvreté, du logement etc.), autrement dit, on paye les gens pour qu'ils ferment leur clapet plutôt que de prendre les problèmes à bras le corps.
Bref, on a beaucoup dépensé pour acheter la "paix sociale" : le confort de quelques-uns (tout de même plusieurs millions) fort bruyants et l'atténuation du malheur de quelques autres.
Je partage entièrement l'analyse de Nicolas Baverez et de Jacques Marseille : aujourd'hui, l'Etat est non plus l'assurance de dernier recours mais le principal risque qui pèse sur l'économie française. D'ailleurs, quand on regarde au-delà des fanfaronnades et anathèmes étatistes, on voit bien que les Français en ont conscience, sinon pourquoi épargneraient-ils autant ?
Va-t-on en parler avant mai 2007 ?
Le piège de l'endettement
Françoise Fressoz pour Les Echos
Après l'échec du CPE, Dominique de Villepin va s'y prendre à deux fois avant de réformer. Il y a pourtant un chantier qui ne souffre aucune attente : le mur de la dette. Oser s'y attaquer constituerait une oeuvre de salubrité publique dont la collectivité tout entière et les jeunes en particulier ne pourraient que lui être gré. Car, malgré toutes les belles promesses de ces derniers mois, le pays continue de faire exactement le contraire de ce qu'il devrait faire : il s'épuise à solder les facilités qu'il s'est accordées au lieu de dégager les marges de manoeuvre qui lui permettraient de préparer l'avenir : sous l'effet de la hausse des taux d'intérêt, l'Etat va devoir débourser cette année, au moins un demi-milliard d'euros supplémentaires pour honorer les intérêts de sa dette. Un demi-milliard qui va rendre la réduction du déficit budgétaire plus difficile que prévu. Un demi-milliard qui s'ajoute à un poste de dépenses devenu, au fil des ans, le deuxième de l'Etat, derrière celui de l'enseignement scolaire. C'est suicidaire et pourtant la fuite en avant continue : la dette des administrations publiques atteignait à la fin de l'année dernière 1.138 milliards d'euros, soit 66,8 % du PIB. Un record absolu, alors que Bercy promettait un début de maîtrise.
Hormis le courage, on ne voit pas très bien ce qui manquerait au gouvernement pour agir. L'expertise, dans ce domaine, a été largement faite et elle n'est guère contestée : « En vingt-cinq ans, la dette financière des administrations publiques est passée d'un cinquième aux deux tiers de notre production nationale annuelle. La poursuite des tendances actuelles conduirait à des taux d'endettement public astronomiques : 130 % en 2020... Près de 400 % en 2050, qui feraient perdre aux administrations publiques la maîtrise de leur situation financière », constatait en décembre dernier le rapport Pébereau. La prise de conscience politique est plus profonde qu'on ne le pense : à droite et à gauche, il ne se trouve plus guère de responsable politique pour trouver raisonnable que sur chaque Français pèse une charge de 17.000 euros, parce que l'Etat et les administrations publiques n'ont pas réussi à maîtriser la dépense. Le chemin du redressement existe : il a été tracé en janvier dernier par Dominique de Villepin en personne, qui n'a pas hésité à présenter un plan de rigueur pour... l'après-2007 : fin des baisses d'impôts, réduction des dépenses de l'Etat, contrôle des dépenses des collectivités locales. Désormais trop bas dans les sondages pour espérer se projeter dans l'après-présidentielle, le Premier ministre s'honorerait en agissant tout de suite. Les derniers indices malheureusement ne vont pas dans ce sens. Pour solder la crise du CPE et pour calmer les restaurateurs qui n'ont pas obtenu de Bruxelles la baisse de leur taux de TVA, de nouvelles dépenses budgétaires ont été engagées ces derniers jours, qui s'ajoutent à la facture des intérêts de la dette. De nouvelles dépenses plutôt que des économies. Les vieilles habitudes ont la vie dure. Surtout en période préélectorale.
mardi, avril 18, 2006
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire