dimanche, mai 07, 2006

La non-affaire Clearstream, hélas !

A ce stade de l'affaire Clearstream, deux hypothèses :

> D. de Villepin a suscité un corbeau (JL Gergorin ou Imad Lahoud (0)) dénonçant faussement N. Sarkozy puis a chargé le général Rondot de découvrir ce qu'il avait organisé et l'affaire se retourne contre lui.

> D. de Villepin a su qu'il y avait un corbeau (JL Gergorin ou Imad Lahoud(0)) dénonçant faussement N. Sarkozy puis a chargé le général Rondot de découvrir ce qu'il savait déjà et l'affaire se retourne contre lui.

Ce sont les hyopothèses que je fais en l'état actuel du dossier, mais il peut y en avoir bien d'autres.

Cette affaire Clearstream est-elle importante ? Là, je n'hésite plus : non. Qu'y apprenons nous ? Que le pouvoir chiraquien se préoccupe surtout de basses querelles de personnes et que l'exécuteur attitré des sordides magouilles est D. de Villepin. Où est la nouveauté, où est l'information ? Déjà, l'affaire des écoutes miterrandiennes nous avait amplement montré les dérives dont est grosse la mnarchie républicaine à la française. Qu'auncune leçon n'en ait été tirée est une autre histoire (1).

Je pense que cette affaire Clearstream est de la mousse médiatique, une sorte de diversion, qui permet de ne pas parler des authentiques difficultés de la France, sujet qui dérange à peu près tout le monde (2) dans son petit confort douillet (sauf que le confort des RMIstes et des chomeurs n'est pas douillet). Le panurgisme de la presse, passé en peu de mois de Villepin, qui était beau, parlait bien, nageait bien à Villepin, affreux menteur, âme damnée, est lamentable et participe de cet état effrayant de déliquescence intellectuelle.

L'affaire Clearstream, c'est l'orchestre du Titanic.

Ce début de compagne présidentielle 2007 confirme mes pires craintes. Il est intéressant de réfléchir à la manière dont les journalistes choisissent leurs sujets (car ce qui n'est pas dans les médias n'existe pas).

Dans le Figaro d'aujourd'hui, un article dit que nous avons des hommes politiques poltrons parce que les Français sont hors d'état de supporter un homme politique courageux, ils le considéreraient aussitôt comme un brutal, un fanatique (voir Juppé en 1995) ; que les Français accepteront un dirigeant courageux quand ils auront plus peur de la déchéance que du changement.

Je suis assez d'accord avec cette analyse, à laquelle j'ajoute une autre analyse du Monde : les Français ne connaissent pas la France (3), ce qui les empêche de comprendre la situation. Je retombe sur mon exigence de plus de vérité, de lumière.

(0) : que viennent faire ces "industriels" dans cette affaire ? Je mets industriels entre guillemets car ce sont des industriels à la française : plus compétents pour tirer les ficelles de l'Etat et pour faire jouer le carnet d'adresses que pour faire de l'industrie.

(1) : Je suis convaincu que la France est l'un des pays occidentaux dont le fonctionnement est le moins démocratique (absence de contre-pouvoirs, uniformité du personnel médiatico-politique, absence de relais et de "think-tank"). De ce point de vue, je suis un admirateur de nos amis d'outre-Manche.

(2) : au fait, si on remettait vraiment à plat les conservatismes, les clientélismes et les blocages de la société française, en ayant pour balance le bien commun, que deviendrait l'abattement fiscal des journalistes ?

(3) par exemple, dans la récente histoire du CPE, tout le monde ou presque a oublié les "grandes" écoles. Or c'est bien le coeur du problème : un système efficace (et sélectif, efficace car sélectif) cohabite avec un système où la non-sélectivité affichée est un leurre. Privilégier le refus de la sélection à l'entrée de l'université comme le font les syndicats étudiants et, semble-t-il, les Français sondés est une bêtise : la sélection se fait quand même, sauf que les exclus ont perdu un ou deux ans la possibilité de s'orienter dans une voie plus adaptée et le moral. Encore faut-il savoir comment ça marche (pour les sondés) et être de bonne foi (pour les syndicats étudiants).

4 commentaires:

  1. Une chose me chiffonne : il est où, Sarkozy, dans vos hypothèses ?

    Je ne vous reprocherai pas de ne pas formuler celle qu'il pourrait bien lui-même, à l'origine, avoir piégé tout le monde. Si c'était le cas, il aurait été probablement plus soigneux que les autres d'effacer les traces. Donc, impossible de faire un pas sur cette piste. Mais il reste une évidence accusatrice, c'est le cas de le dire : la plainte.

    Enfin un ministre qui a le courage de porter le fer dans la plaie en faisant défendre par la justice son honneur de citoyen contre toute autorité, si haut placée soit-elle : voilà l'hymne actuel du Monde et du Point. Est-ce le vôtre ?

    Pour ma part, vous savez que je ne suis guère révérencieux, et vous pouvez vous douter que j'aimerais des gouvernants plus honnêtes et plus punissables, mais là j'avoue mon trouble. C'est le mot. Je ne saurais formuler les choses plus clairement. Je ne me vois pas en tout cas faire une apologie du cynisme, ou raconter qu'une certaine dose de délinquance est indispensable pour bien mener les hommes. En même temps je n'aime pas beaucoup les Savonarole. Mieux vaut des purs, certes, au sommet, mais à conditions qu'ils ne se gargarisent pas de leur pureté. Un certain type de purs, style de Gaulle, ne s'en laissant pas conter et n'hésitant pas à mettre les mains dans le cambouis... Mais Sarkozy ?? !! L'homme du kärcher, de la racaille et encore dernièrement de "on l'aime ou on la quitte", bref de numéros assez minables pour produire des effets sondagiers, calculette en main. Lui, dans le rôle de la pure victime ? Allons donc !

    Vous l'approuvez, vous, sa plainte ? Vous pensez qu'elle va dans le bon sens pour nous sortir du trou ? Et pas plutôt qu'elle ajoute un couac insurpassable dans l'orchestre du Titanic ?

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  2. "Je ne vous reprocherai pas de ne pas formuler celle qu'il pourrait bien lui-même, à l'origine, avoir piégé tout le monde."

    Ce me paraît un peu tordu, aucun élément ne pointe vers ça, mais bon, pourquoi pas ?

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  3. Moi non plus je n'y tiens pas, à cette hypothèse, d'autant que le drôle a la gâchette facile et que, s'il doit profiter de sa future éventuelle puissance pour essayer de me chercher noise, j'aime autant que ce soit sur l'essentiel.

    Je me contente donc de dire qu'on ne sait pas qui a dégaîné le premier... et de stigmatiser le fait qu'il porte plainte contre X ministres tout en daignant gouverner la France avec eux.

    Et vous ?

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  4. Dans ce domaine, je suis agnostique : ou l'on prend au premier degré et l'on pêche par naïveté, ou l'on s'embarque par excès de complexité dans des théories du complot incongrues.

    Laissons du travail aux historiens du futur, qui attendront avec impatience l'ouverture des archives (un thésard de 2050 s'intéresera peut-être à l'affaire Clearstream).

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