lundi, février 19, 2007

Papon : l'esprit de Vichy


N. Baverez, dans mon message précédent, parle de l'esprit de Vichy à propos de J. Chirac et de F. Mitterrand.

M. Papon, à l'occasion de sa mort et des commentaires qu'elle provoque, m'apparaît quelque peu comme un bouc-émissaire pour condamner cet esprit de Vichy. Guy Sorman s'interroge dans Les héritiers de Papon sur le fait de savoir si les leçons ont été tirées, si le culte de l'Etat, la "raison d'Etat" et le carriérisme politico-administratif les accompagnant, qui ensemble ont été les motivations de Papon, ont disparu.

Voici le commentaire que j'ai posté sur le blog de Guy Sorman :

C'est vrai que nous sommes bien en peine pour savoir comment nous réagirions dans une situation comparable.

Mais il me semble que nous avons un indice : depuis vingt ans, le chômage est un drame social en France, tout le monde en est d'accord.

Or, les solutions contre le chômage sont parfaitement connues grâce aux exemples étrangers.

Pourtant, aucun de nos énarques, de nos fonctionnaires, de nos gouvernants n'a ressenti assez de colère pour agir efficacement contre le chômage qui ne les touche pas, car il aurait fallu remettre en cause l'Etat et son fonctionnement, pire, l'idée comme quoi ce qui vient de l'Etat est nécessairement juste et généreux, bon pour le pays.

Ce n'est qu'un indice, mais pas très encourageant.

Tant que persistera l'idée que le service de l'Etat est noble et bon par essence (1) et ne saurait avoir de conséquences néfastes que par accident, tant qu'être fonctionnaire ne sera pas considéré tout à fait comme un métier comme un autre, à l'exception des missions risquées (militaires, pompiers, etc.); nous nous exposons à ce qu'il y ait abondance de Papon.

Il y a là, en plus de l'esprit de Vichy, l'esprit d'Ancien Régime dénoncé par Bernard Salanié, les deux notions se recouvrant en partie.

A l'heure où les principaux candidats à l'élection présidentielle donnent à croire, par leurs propositions, que la seule action qui vaille est l'action de l'Etat, il y a de quoi s'interroger et s'inquiéter.

(1) : idée totalement fausse : l'Etat n'est qu'un rouage de la société et le plus gros de risques d'abus et d'oppression.



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