Si, si, j'ai des amis de gauche.
Bon, OK, je n'ai aucune confiance dans leur jugement en politique, mais il n'y a pas que la politique dans la vie, il y en a qui savent faire un bon cassoulet.
Ceci étant dit, j'ai pensé à eux.
Ayant commencé la campagne électorale sarkoziste dubitatif, je l'ai terminé sarkoziste affermi, par la bêtise de la campagne de la gauche.
Quelques sommets de stupidité ont été atteints, un de ceux-ci étant à l'actif de la candidate
elle-même : la sortie, lors du débat, sur l'intégration des handicapés.
L'histoire très sexiste de "Votez pour moi parce qu'une femme fait de la politique autrement" n'était pas mal non plus. Elizabeth 1ère, Catherine II, Margaret Thatcher, Golda Meir, Angela Merkel n'ont pas fait, à ma connaissance, de la politique "autrement", et c'est très bien ainsi.
Une palme de bêtise revient aux intellectuels dont la rectitude morale auto-proclamée oscillait entre le grostesque et le pitoyable, en découlait des accusations stupides de "chasse à l'enfant", de "fascisme", les appels à la résistance, à prendre le maquis (!!!) et autres calembredaines. J'approuve l'article sur ce sujet d'Ivan Rioufol dans le Figaro, justement intitulé La gauche qui s'aime (trop).
Luc Rozencweig, journaliste du Monde à la retraite, faisait remarquer qu'à Paris, on peine à imaginer à quel point, dans le village de Haute-Savoie où il vit désormais, on tient dans le mépris le milieu intellectuel parisien ; du moins ceux qui le connaissent. Il y a quelques raisons pour cela.
Je me désespérais de trouver en France un socialiste intelligent, pondéré, en phase avec le monde. Je connaissais Pascal Lamy.
Cette inquiétude n'est pas feinte, il ne s'agit pas de ma part de commisération, je tiens pour indispensable à la bonne santé du pays l'existence de deux grands partis de gouvernement, responsables et ouverts sur le monde.
J'ai trouvé très peu de blogs de gauche soit-disant sérieux qui ne m'ont pas fait hurler de rire (la rubrique Sans commentaire de la revue Commentaires va être gratinée dans le prochain numéro).
Voici deux blogs qui changent, félicitations à leurs auteurs :
Fraise des bois, me voilà !
Claude Askolovitch
mardi, mai 08, 2007
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Cela commence bien !
RépondreSupprimerSarkozy, qui avait annoncé une retraite au sens religieux du terme pour "habiter la fonction" se conduit comme un gagnant de jeu d'argent qui claque en quelques heures un maximum de son gain (palace sur les Champs, avion privé, yacht de location des plus luxueux), ce grand gaulliste-résistant-antinazi sèche la cérémonie du 8 mai soi-disant pour laisser Chirac présider jusqu'au bout et cet adversaire de toute "repentance"va refaire surface pour co-présider avec Chirac la journée célébrant l'abolition de l'esclavage.
En face ce n'est guère mieux : simulacre d'insurrection de quelques jeunes peu commenté par les leaders de gauche, intarissables au contraire (ainsi que ceux de l'UDF) sur le train de vie de Sarkozy.
Alors qu'il y a une nouvelle échéance électorale toute proche. Or si on admet, et j'y suis personnellement disposé, que le comportement du futur président illustre bien son cynisme et le caractère fallacieux de sa promesse d'améliorer le sort des humbles, il n'y a rien d'autre à faire qu'une condamnation sobre et tranchante de ceux qui manifestent contre le verdict des urnes, assortie d'une lutte verbale de tous les instants pour faire vivre, enfin, le "tout sauf Sarkozy" en lui imposant des députés qui vont l'encadrer comme il le mérite.
Oui, il y a péril.
Oui, le temps manque pour redresser en fonction des leçons des présidentielles le fonctionnement et la ligne politique du PS, de l'UDF, du PCF et des Verts.
Conclusion : ou l'antisarkozysme de ces partis est de façade, ou ils se concertent pour essayer de présenter, dans chaque circonscription où l'UMP risque de l'emporter, un candidat commun.
Beaucoup d'électeurs ont voté Sarkozy parce qu'il les inquiétait mais que les inquiétait plus encore un siège vide à l'Elysée. Ils n'ont cru ni Bayrou ni Ségo capable de l'occuper, en raison soit de faiblesses personnelles, soit d'un entourage politique peu sûr. Effets d'un "star system" déplorable mais on ne peut, pour l'instant, que l'assumer. Maintenant qu'ils ont satisfaction, ces électeurs sarkozyens "de raison" peuvent s'ouvrir à une réflexion sur le rééquilibrage des pouvoirs -réflexion qui ne jurerait guère avec la tradition anti-plébiscitaire de la gauche française.
La démocratie est une conquête humaine récente et fragile, sa négation est partout, y compris dans les têtes des électeurs. Le "je vote Sarko parce qu'il va être élu" était une aberration très répandue. A présent elle est remplacée par "la démocratie veut qu'on lui donne sa chance et pour commencer une majorité législative" : une idée non moins pernicieuse, non moins sotte, non moins digne d'être confrontée aux actes et aux propos, jour après jour, de ce triste sire.
Aux urnes, citoyens !
J'ai toujours reproché à notre nouveau monarque ses incohérences.
RépondreSupprimerNéanmoins, je vous propose d'attendre septembre pour faire un premier bilan et voir si vos inquiétudes se sont concrétisées.
Pour l'instant, je pense que ce sont des fantasmes d'intellectuel qui joue à se faire peur.
Attention.
RépondreSupprimerJe vais jouer un atout important.
Je vais le faire en rappelant rapidement comment je joue, depuis des années. Historien de Hitler, je passe mon temps à dénoncer la plupart des identifications faites entre lui et d'autres politiciens, contemporains ou plus récents, comme Staline, Pétain, Milosevic, Saddam, Bush, Le Pen et bien d'autres. Le seul qui aurait un air de famille est Ben Laden (pour l'aspect calculé et esthétique du 11 septembre et de quelques autres actions), sauf qu'il n'est pas à la tête de la première puissance technique et scientifique de l'époque, et n'a pas des buts territoriaux aussi précis que gigantesques.
Je pourrais donc vous expliquer longuement en quoi, face à ce sombre créateur d'un système cohérent et assumé, Sarkozy m'apparaît comme un tout petit opportuniste qui ne croit qu'en lui-même.
En espérant qu'on n'oubliera pas tout de suite ce qui précède, voici mon atout : devant ce qu'a déjà montré l'individu, tant par sa retenue pour conquérir le pouvoir que par sa démesure depuis qu'il est assuré de l'avoir, ceux qui parlent d'attendre septembre pour juger ressemblent à ceux qui ont demandé qu'on fasse crédit à Pétain en juin 40.
Il y a le feu, vous dis-je, et tous nous avons un bulletin de vote de nature à le circonscrire radicalement.
Merci Fabrice d'avoir mis le lien de l'article du Figaro. J'aime pas trop le Figaro (moins rigolo que Libe ces derniers temps). Cependant, le paragraphe sur le pacte AC Le Feu m'a proprement sidéré ! Je lis en ce moment "renouveler la démocratie" De Boudon (toujours aussi excellent ce mec) et en matière de relativisme c'est une lecon admirable qu'il donne.
RépondreSupprimerPar ailleurs, le blog (de gauche) de Fraise des bois est effectivement assez sympa, j'y vais souvent.
Pierre Robès, j'admire la pugnacité avec laquelle, depuis que vous commentez ce blog, vous persistez à appeler Franck Fabrice ; votre engagement dans ce combat m'a fait dire non à la drogue.
RépondreSupprimerM. Delpla, l'argument est certes facile, mais vous me l'accorderez : la différence entre une politique et une administration est cette infime (ou totale) espérance en la personne qui est amenée à diriger la susdite politique. Il y a très certainement une part de dévotion dans tout ça.
En cela, il est normal que les électeurs qui ont voulu faire de Sarkozy le représentant du peuple français lui fassent crédit de leur confiance un minimum de temps.
Regardez Mitterrand : son bilan n'a pas survécu à son image et, aujourd'hui encore, certaines élites s'en remettent à ses idées.
Si ça n'est pas de la confiance aveugle...
Pour Pierre, je ne m'appelle pas Fabrice mais Franck.
RépondreSupprimerPour FD
Quand je dis que vous jouez à vous faire peur !
Vous devenez pathétique. Ouvrez les yeux, éveillez vous de vos cauchemars.
Sur ce blog, j'ai souvent fait une comparaison entre la France contemporaine et celle de 1940, notamment en me référant à L'étrange défaite.
Vous contestiez cette analogie en arguant qu'on en oubliait la facteur extérieur, Hitler.
Je vous retourne l'argument, où est le cataclysme équivalent à la défaite de 1940 qui a amené la révolution nationale et qui justifierait le parallèle Pétain-Sarkozy ? Votre comparaison est incomplète et inexacte.
N. Sarkozy est un président démocratiquement élu comme le seront les députés. Les institutions fonctionnent et il remettra son mandat en jeu dans cinq ans.
S'il est vrai que la France manque de contre-pouvoirs, on ne peut en blâmer le nouvel élu.
Mettons les choses au pire : admettons qu'il abuse de cette absence de contre-pouvoirs. Cela s'est déjà produit par le passé, notamment avec un président qui se disait socialiste, la France n'en est pas devenue dictature pour autant, juste un peu plus république bananière.
De plus, mon intime conviction est est que NS a fait tellement de promesses, qu'il a répétées le soir de son élection, que l'opinion fera contre-pouvoir, l'attendra au tournant.
Vous devriez lire les blogs que j'ai mis en lien, le second notamment.
L'auteur y explique très bien comment la gauche en agitant l'épouvantail "Sarko fasciste" se fait plaisir, se conforte dans son auto-satisfaction, mais se ridiculise auprès des électeurs les plus modérés et perd des voix.
Considérez Sarkozy comme un président légitime et jugez le à l'aune de ses promesses, vous aurez des arguments autrement plus forts que vos fantasmes qui, sauf votre respect, vous ridiculisent.
Merci à tous de m'avoir révelé la verité : Fabrice est franck.
RépondreSupprimerAprés enquète, je sais d'ou vient cette petite confusion.
Pas trop grave.
J'arrête la moquette des ce soir. Promis
Je vous entends bien. Mais ça ne me semble pas réciproque.
RépondreSupprimerJe me suis moi-même insurgé contre les caricatures de Sarko, à une exception près, j'ai dit moi-même qu'elles lui faisaient gagner des voix. Cependant j'en appelais contre cela, non à une adhésion à ses prêches contradictoires, mais à leur démystification honnête, fine et patiente, à laquelle je me suis efforcé de contribuer.
A présent que fais-je, en ayant bien conscience d'être ridicule si j'ai tort, et en jugeant de mon devoir d'en accepter le risque ?
Je ne compare pas des hommes, où avez-vous pris cela ? mais des situations. Pas de Hitler certes aujourd'hui, ni en France ni ailleurs, cela aussi je le serine y compris dans le texte auquel vous dites répondre. En revanche, des urgences, dans le pays et sur la planète. Une croisée des chemins : se laisser docilement guider par Ben Laden vers des crispations identitaires généralisées, ou décrisper tout partout.
Le comportement de Sarko depuis dimanche achève de démontrer qu'il a fait main basse sur le pouvoir pour s'en servir à sa guise. Ca ne veut pas dire établir une dictature militaire ou policière, mais faire monter d'un cran toutes les tensions et, surtout, ne pas faire ce qu'il faudrait pour les faire tomber, ne pas continuer sur ce point les timides pas de Chirac.
Donc, même si c'est difficile, il faut tout mettre en oeuvre pour que le contre-pouvoir, ce soit les députés.
S'inscrire à contre-courant de l'évidence béate qu'il faut lui donner sa chance, et donc une majorité législative pour 5 ans.
C'est aussi simple que cela.
"Le comportement de Sarko depuis dimanche achève de démontrer qu'il a fait main basse sur le pouvoir pour s'en servir à sa guise."
RépondreSupprimer"il a fait main basse", il a été élu et bien élu, non ?
"pour s'en servir à sa guise" que voulez-vous qu'il fît d'autre ? qu'il s'en servît à la guise des socialistes ? Ils en seraient bien embêtés, les pauvres, qui ne savent même plus ce qu'ils pensent.
Au fond, si je vous comprends bien, vous redoutez qu'un homme de droite fasse une politique de droite ?
Mais si c'était justement pour cela qu'il avait été élu ?
Au fond, si je vous comprends bien, vous redoutez qu'un homme de droite fasse une politique de droite ?
RépondreSupprimerMais si c'était justement pour cela qu'il avait été élu ?
Reprenez-vous, Franck : vos propos laissent à penser que chaque électeur français est soit socialiste, soit stupide d'avoir voté à droite.
Comment, cher épicier, ne savez vous pas qu'en France, on ne peut être de droite que par stupidité (notre intelligentsia, jamais en retard d'un mépris doucereux pour le peuple appelle cela "mu par la peur et séduit par le populisme."), par un scandaleux égoïsme bourgeois, voire par un penchant pour la servilité vis-à-vis de la funeste et esclavagiste engeance patronale, ou par un atavisme pétainiste indéracinable (on dit alors : "Cela rappelle des événements de sinistre mémoire qu'on croyait ne plus revoir et sur lesquels je n'insisterai pas. Il est toujours fécond le ventre de la bête immonde".) ?
RépondreSupprimerEn France, qu'on puisse être de droite par conviction, par réflexion, après un examen minutieux des propositions des camps en présence, après avoir analysé la situation du dedans et du dehors, pensé au passé, au présent et à l'avenir, à soi, à autrui et au pays, après s'être posé la question de savoir qu'est-ce qui était moral, qu'on puisse après tout cela, dis-je, considérer que la gauche se trompe et voter à droite, voilà une pensée qui n'a jamais atteint notre médiatico-intello-journalistique.
"Donc, même si c'est difficile, il faut tout mettre en oeuvre pour que le contre-pouvoir, ce soit les députés".
RépondreSupprimerEt vous êtes historien ? Vous avez dû rater un chapitre, celui de la 4ème République, ou rien n'avance car personne ne décide de rien et aucune majorité ne se dessine !
Ne faites pas de l'anti pour l'anti, la France a trop goûté de cohabitations stériles pour ne pas se mettre au travail ! Arrêtez la diarrhée et le verbiage et faites un peu preuve de bon sens, ou faites semblant, mais arrêtez de feindre de croire que les libertés sont, ou vont être menacées dans ce pays, c'est indécent et même débile, digne de ces guignols de Tolbiac qui vont bloquer les amphis à quelques jours des partiels.Preuve que les "trublions" n'en ont vraiment rien à cirer et qu'ils ne sont pas là pour se construire un avenir, mais pour détruire celui des autres !!! A chacun son crédo !
Réponse aux quatre dernières interventions
RépondreSupprimermerci !
vous ne pouviez pas mieux servir mon propos.
Vous pensez tenir un mauvais joueur antidémocrate et vous vous en donnez à coeur joie, dans un souverain mépris pour ce qu'il écrit. Souffrez que je voie là un indice de vos propres doutes et de votre propre volonté de réfléchir le moins possible.
Vous délayez et extrapolez à l'infini une affirmation simple : il serait bon de profiter de l'inénarrable culot de Sarkozy, troquant dès l'annonce du résultat le casque d'ouvrier du bâtiment pour la chère et la plume du Fouquet's, pour faire revenir de leurs illusions une partie de ses dupes, et le priver de majorité parlementaire.
Cherchez bien dans mes nombreuses expressions publiques, je n'ai jamais parlé de quiconque comme cela, parce que personne ne s'est jamais conduit comme cela.
Mais libre à vous d'y lire un éloge intemporel de la cohabitation, voire une nostalgie de la Quatrième ! Je trouve ces fantaisies, en tout cas, moins inquiétantes.
Mais enfin M. Delpla, Sarkozy n'a jamais essayé de masquer le fait qu'il était proche, pour les plus évidentes, des familles Dassault, Lagardère, Leclerc et autres membres des "200 familles"... à un epsilon près, je doute que ses électeurs se soient levés lundi matin se sentant trahis par un yachtman arriviste.
RépondreSupprimerIl a toujours revendiqué ces connexions ; cela fait des mois que ses opposants les dénoncent en hurlant à tue-tête à qui veut bien les entendre et aux autres aussi ; tous les journalistes, tous ses biographes, tous les commentateurs disent que, depuis toujours, il a les crocs qui touchent par terre : comment pouvez-vous être surpris du fait qu'il décide d'aller passer trois jours de rêve invité par un ami milliardaire ?
Moi c'est le contraire qui m'aurait étonné...